Cruciamentum - Paradise Envenomed
Chronique
Cruciamentum Paradise Envenomed (EP)
Annoncé le jour de sa sortie, les Anglais de Cruciamentum ont dévoilé en fin d’année dernier un nouveau EP intitulé
Paradise Envenomed. Bon, pas de quoi s’étouffer si ce n’est sur la question du prix puisqu’avec les frais de port, on doit bien avoisiner les vingt balles pour ce qui n’est qu’un simple 7’’ deux titres...
Disponible à l’origine via Profound Lore Records, ce disque aujourd’hui sold-out propose un titre inédit ("Paradise Envenomed") suivi d’une reprise des Américains d’Absu avec le morceau "Descent To Acheron (Evolving Into The Progression Of Woe)" que l’on trouve à l’origine sur l’album
Barathrum V.I.T.R.I.O.L.. Le tout illustré par Daniel Desecrator (Nekronikon) pour une durée d’environ onze minutes.
Depuis la sortie de
Charnel Passages en 2015, pas mal de choses ont changé du côté de Cruciamentum avec notamment l’arrivée du bassiste Daniel Rochester de Vacivus ainsi que du batteur Jordi Farré que l’on retrouve également chez les Espagnols de Sheidim et Foscor (live). Un line-up revisité pour une approche sensiblement différente à en juger par ce premier morceau composé et enregistré avec l’aide de ces deux nouveaux arrivants. Si le groupe conserve ainsi cette approche sombre et putride qui le caractérisait jusque-là, "Paradise Envenomed" laisse néanmoins entrevoir bien plus de subtilités dans la composition et dans l’exécution dont fait preuve Cruciamentum. Moins brut mais aussi moins frontal qu’autrefois, le groupe se plaît à prendre ici davantage de détours comme l’atteste cette longue introduction menaçante tout en mid-tempo. Même le growl de Dan Lowndes ne cache plus sa ressemblance avec celui de Karl Willetts époque Memoriam. Cadence revue à la baisse et growl un peu moins profond qu’auparavant... Il n’en faudra pas plus à certains pour abandonner le navire et crier au scandale. Pourtant, en plus de sonner comme du Cruciamentum pur jus (la qualité du riffing et l’atmosphère qui s’en dégage demeurent inchangés), ce morceau se révèle d’excellente facture avec encore heureusement bon nombres d’accélérations démoniaques et de soli à l’aura maléfique.
Sur la face B, une reprise des Américains d’Absu avec un morceau tiré de leur premier album. Le moins que l’on puisse dire c’est que Cruciamentum a su parfaitement s’approprier ce vieux morceau quitte à brouiller les pistes. Car à vrai dire, et cela ne m’était jamais apparu auparavant, en dehors des vocaux beaucoup plus Black de Proscriptor, la version originale sonne déjà à l’époque comme du Cruciamentum d’aujourd’hui. Des similitudes si fortes et évidentes (tous ces trémolos, l’atmosphère générale, ces accélérations...) qui font qu’à moins de connaître la version de 1993 proposée par Absu, on pourrait très bien croire que ce titre a été composé par le groupe anglais à l’occasion de cette sortie. La seule différence concerne finalement l’absence de ce chant féminin d’opéra un peu malvenu même si ce qui me concerne, celui-ci ne me manque pas le moins du monde sur la version de Cruciamentum.
Loin d’être incontournable, ce court EP de onze minutes laisse tout de même entrevoir un léger changement de cap dans le son et l’approche de Cruciamentum. Il y aura toujours des gens pour être déçu face à ce genre de prise de position mais en ce qui me concerne, je suis plutôt curieux d’entendre la suite. Car loin de trahir ce qu’il a lui même bâti jusque-là, le groupe n’hésite pas à se mettre légèrement en difficulté et ainsi sortir de l’attendu. Quoi qu’il en soit, si l’objet en lui-même ne mérite probablement pas les vingt euros nécessaire pour son acquisition, ce n’est pas une raison pour passer à côté de ces deux très chouettes morceaux.
| AxGxB 2 Avril 2018 - 718 lectures |
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