Si Gutvoid est aujourd’hui un quatuor, cela n’a pas toujours été le cas. En effet, avant d’être rejoint l’année dernière par Justin Boehm (ex-Orchidectomy, basse) et Dennis William Lee (Exanguinate, batterie), le groupe canadien formé à Toronto en 2019 était alors mené uniquement par Brendan Dean (Fumes, Soul Devourment...) et Daniel Bonofiglio (Fumes, Internal Infestation...). C’est d’ailleurs dans cette configuration réduite que le groupe a sorti il y a tout juste deux ans ce tout premier EP intitulé
Astral Bestiary.
Proposé à l’époque sur la seule plateforme Bandcamp, il aura fallu attendre août 2020 pour voir arriver enfin les premières versions physiques avec la sortie des éditions CD et cassette sous l’étendard du label suédois Blood Harvest Records. Depuis, le groupe n’a pas particulièrement chômé puisqu’en plus d’un single proposé encore une fois sur Bandcamp uniquement (
Forbidden City Beneath The Crypt), le groupe a également sorti un très chouette split (
Four Dimensions Of Auditory Terror) en compagnie de Coagulate, Blood Spore et Soul Devourment dont j’espère pouvoir vous parler très prochainement.
Illustré par CarsonDrewIt (artwork) et Malorium Designs (logo),
Astral Bestiary s’inscrit dans le registre d’un Death Metal moderne définitivement ancré dans l’ère du temps et en même temps largement inspiré par la musique de quelques grands anciens. Si les formules pour le moins originales de groupes comme Demilich ou Timeghoul revues au goût du jour par des formations contemporaines telles que Blood Incantation, Chthe’ilist et Tomb Mold évoquent chez vous de bons souvenirs et surtout la promesse d’un excellent moment, il serait alors judicieux de poursuivre cette lecture en l’agrémentant des quelques extraits proposés à votre droite, juste là, un petit peu plus bas.
Du haut de ses trois titres,
Astral Bestiary n’impressionne pas vraiment. Avec ses allures de petit EP comme on en voit tant, on serait en effet tenté de considérer de manière un brin désinvolte ce qui finalement s’avère être une mise en bouche particulièrement alléchante et surtout un poil plus originale qu’escompté. Car s’il ne compte effectivement que trois morceaux pour une durée de vingt-trois minutes,
Astral Bestiary propose tout de même une pièce généreuse affichée à plus de onze minutes ("Entranced By A Frozen Dawn") ainsi qu’un titre instrumental qui ne fait ni office de conclusion inutile ni d’interlude quelconque ("Pilgrimage To The Necropolis Ruin").
Cette première sortie s’ouvre ainsi sur le titre "They Came Dripping From The Stars", morceau de plus de six minutes qui passée cette introduction pesante dont les sonorités m’évoquent sans que je sache véritablement pourquoi un groupe comme Meshuggah va très vite revêtir des apparats finlandais pour une relecture Demilichienne particulièrement convaincante. On va ainsi retrouver ce fameux riffing tricoté étrange et tarabiscoté devenu avec le chant d’Antti Boman l’une des marques de fabrique du groupe de Kuopio. Un hommage évident que les Canadiens vont mener avec conviction et surtout pas mal de talent. Aussi, loin de tomber dans le mimétisme pur et dur, Gutvoid va chercher à contraster ces influences à l’aide d’une séquence beaucoup plus massive et mélodique rappelant pas mal Blood Incantation dans ses moments les plus atmosphériques. C’est le cas de ce passage entamé à 3:39 qui permet de varier les plaisirs et d’apporter ainsi autre chose à cette composition qu’une simple relecture du Death Metal particulièrement atypique des Finlandais.
Sur "Entranced By A Frozen Dawn" et ses onze minutes, l’affiliation avec Demilich n’a absolument plus lieu d’être. Les Canadiens vont prendre ici le parti de se montrer beaucoup plus mélodique (mention spéciale pour ce très chouette lead atmosphérique dispensé de 7:46 à 9:42) sans pour autant délaisser l’aspect dense et compact de leur Death Metal. Aussi les attaques dispensées sous formes de fulgurances particulièrement massives (à 2:12, 3:23 et 4:57 à par exemple) vont faire écho à un Death Metal beaucoup plus moderne évoquant chez moi des formations comme Phobocosm ou Ulcerate notamment pour cet aspect très chirurgical (renforcé par l’utilisation d’une boîte à rythme programmée à bon escient) et le caractère un brin dissonant qui émane de ces mélodies.
Avec "Pilgrimage To The Necropolis Ruin", Gutvoid conclue cette mise en bouche avec un titre instrumental sur la retenue qui va prendre plaisir pendant près de six minutes à répéter peu ou prou les mêmes patterns (patterns qui évolueront sensiblement au fur et à mesure que le morceau progresse). Un caractère naturellement répétitif et entêtant que les canadiens vont choisir néanmoins de relever judicieusement grâce à l’ajout de ces fameux leads qui vont apporter avec eux une atmosphère encore un petit peu plus sinistre à l’ensemble. Une manière plutôt bien vue de terminer ce EP même si à vrai dire le morceau manque peut-être un petit peu de relief.
Bien que ce dernier titre soit effectivement un poil moins concluant que les deux précédents morceaux,
Astral Bestiary n’en demeure pas moins un excellent EP laissant entrevoir de bonnes choses pour la suite. Inspiré par Timeghoul et Demilich et quelques formations plus récentes, Gutvoid fait état sur ces trois compositions d’un certain talent. Reste à voir maintenant comment le groupe devenu quatuor réussira à s’affranchir de l’étape du premier album. Car si cette variété d’influences ne lui porte pas préjudice ici, il n’est pas dit que la formule soit aussi réussie et pertinente sur un essai longue durée. Mais en attendant que ce jour arrive, on continuera cependant d’écouter avec beaucoup de plaisir ce
Astral Bestiary qui en dépit de quelques légers défauts (cette boite à rythme, cette baisse d’intensité et de relief en fin de parcours) ne devrait avoir aucun mal à convaincre l’amateur des quelques groupes évoqués un petit peu plus haut.
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