On avait laissé les Américains de Drawn And Quartered sur
Extermination Revelry, chef d'oeuvre retentissant, surtout après un banal
To Kill Is Human, et rien de moins que l'un de mes albums de death metal préférés. Un an après, les bourreaux anti-chrétiens sont déjà de retour avec
Return Of The Black Death. Même line-up, même studio (Autopsy Room), même label Moribund Records et même artiste pour la pochette (et par la même occasion la plus belle oeuvre de Gabriel T. Byrne pour le groupe): on ne change pas une équipe qui gagne! Concernant la musique, peu ou prou d'évolution aussi, Drawn And Quartered garde la ligne de conduite qui a fait le succès d'
Extermination Revelry. Mais la bande de Kuciemba durcit le ton et se fait plus brutale et légèrement moins mélodique. On note déjà une production plus puissante et massive mais heureusement loin d'être propre et sans âme, le son conservant ce côté cru indispensable au genre. Et Dario Derna passe le plus sombre de son temps à blaster. Cette injection supplémentaire de brutalité n'a toutefois pas transformé le gang de Seattle en groupe de brutal death bas du front. L'ambiance fuligineuse est toujours là, plus que jamais même, les ténèbres envahissant un peu plus encore ce
Return Of The Black Death. On le sait de toute façon, il est possible de composer une musique rapide et brutale qui dégage une vraie atmosphère, pas besoin de ralentir le tempo exagérement. Ce qu'il faut, notamment, ce sont des riffs de qualité. Et ça, Drawn And Quartered en a à revendre. Le must du must, le riff principal de "Predatory Strangulation", facilement mémorisable de par sa mélodie presque entraînante, et le riff blasté à 0'41 repris à 3'44 sur "Wiped From The Earth" qui s'apparente à une éclipse totale de Soleil tant la noirceur qu'il dégage colle des frissons. Orgasmique!
Bien sûr DJ Derna ne connaît pas que les blasts et varie toujours son jeu, d'autant que même s'il blaste souvent, le tempo reste humain contrairement à d'autres machines supersoniques. Blast-beat donc mais aussi semi-blast, rythmique thrashy ou mid-tempo constituent la grande partie de sa performance. Rien d'extraordinaire en soi mais c'est exactement ce dont la musique de Drawn & Quartered a besoin. Et quand la formation US ralentit vraiment le tempo comme sur la grassouillette "As Idols Fall", ça le fait carrément aussi. Mais pour mettre l'ambiance, le quatuor a plein d'autres cartouches en poche comme une basse vrombissante qui fait trembler les fidèles, le growl puissant et intelligible de Herb Burke qui n'est pas sans rappeler Ross Dolan mais en plus guttural avec un côté pervers et sadique qui sied à merveille aux paroles gores et blasphématoires, ou l'utilisation fréquente d'harmoniques sifflées bien evil, énervantes pour beaucoup mais toujours moins irritantes que ces putains de vuvuzelas!
Comment, enfin, ne pas évoquer cet aspect qui fait de Drawn & Quartered bien plus qu'un simple clone d'Immolation et Incantation. Cet art de manier la mélodie sinistre grâce au travail fabuleux de Kuciemba sur les leads et les solos.
Return Of The Black Death a beau être moins mélodique et plus immédiat qu'
Extermination Revelry, ça reste une marque prépondérante du death metal de D&Q, sublimant les morceaux et leur apportant du cachet. La classe quoi! Ecoutez moi "Orgiastic Feast Of Excremental Blasphemy (Perversion Glorified)" (rien que le titre me fait bander!) à 2'13, "Until They Cease To Bleed" sur un rythme enlevé à 2'44, "A Forest Of Gore" qui propose sur son solo à 3'09 des sonorités presque orientales, "On The Death Farm" à 3'18 ou encore la décidément excellente "Predatory Strangulation". Dans un même ordre d'idée, D&Q livre aussi quelques breaks ambiancés comme sur "A Forest Of Gore", "On The Death Farm" ou le final "Return Of The Black Death". Voilà pourquoi la magnifique pochette de Byrne, qui accompagne le combo de Seattle depuis le début, représente parfaitement sa musique. Ce côté glauque, sombre et dégénéré mais non dénué d'une certaine forme de beauté qui nous attire irrémédiablement. Le Mal est beau et envoûtant de la même manière que les méchants auront toujours plus la classe que les gentils dans les films!
Encore une fois, je ne peux que m'incliner devant le talent de ce groupe. Mais a-t-il réellement relevé le défi de surpasser
Extermination Revelry?
Return Of The Black Death est un digne successeur mais non, pas aussi ultime que son grand frère qui atteignait presque la perfection, ou du moins l'idée que je me fais de la perfection dans le death metal. D'où la note élevée mais le point en moins. Pourquoi? Question de feeling, quelques passages qui ne me font pas autant vibrer, un ou deux titres un peu en dessous comme "Artisan Of Mutilation" ou l'effet de surprise en moins qui implique une plus grande attente et une critique moins tolérante. Quoiqu'il en soit,
Return Of The Black Death reste un excellent album de death metal, brutal, sombre, efficace, mélodique et classe. Drawn And Quartered continue son petit bonhomme de chemin et prouve à nouveau qu'il mériterait bien plus d'égards et d'attention.
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