Drawn and Quartered et moi, on est vachement copain. On partage la même vision du death metal. La brutalité, l'atmosphère noire, les riffs blasphématoires, les mélodies sinistres, les Américains ont tout compris et font ça très bien depuis 25 ans, hormis un premier album anecdotique,
To Kill Is Human. Ça a donc toujours été un mystère pour moi que de ne pas voir le combo de Seattle obtenir davantage de crédit. Dans mon top 3 des vieux groupes de dark death metal, il ferme la marche juste derrière Incantation et Immolation. C'est donc encore avec étonnement que j'accueillis l'annonce de la signature de Drawn And Quartered sur Krucyator Productions. Chouette, un petit label français UG qui récupère ces tauliers! Mais surtout, que font les labels extrêmes plus importants au lieu de signer des clones ou des groupes à capuches ?! Tant pis pour eux et bravo à Krucyator en tout cas!
Bravo par contre, j'ai du mal à le dire à la formation cette fois-ci. Pourtant, ça faisait bien plaisir de retrouver le trio d'outre-Atlantique qui n'avait pas pondu de longue-durée depuis plus de six ans. Il y a bien eu l'album-démo
Proliferation Of Disease en 2016 mais la production sonnait tellement crue qu'il était difficile de juger l'œuvre. La sortie de ce
The One Who Lurks, un vrai album, marquait donc la fin d'une longue attente. Ça ne s'est toutefois pas aussi bien passé qu'escompté. D'abord cette pochette de l'illustrateur attitré Gabriel Byrne, qui a réalisé toutes les couvertures d'album de D&Q (ainsi que celle de l'excellent unique album de Serpens Aeon, combo du batteur de
To Kill Is Human). Très belles couleurs typiques de l'artiste mais les deux personnages principaux, bof bof. Et puis surtout un premier extrait, "Deliverance To The Worms", pour le moins décevant. Si la compo en elle-même n'est pas dégueulasse quoique bien en-dessous de ce que les Ricains ont fait de mieux, un truc auquel je n'arrive pas à faire abstraction me chiffonne. La batterie. Qu'est-ce que c'est que ce son plastique dénué de tout feeling et de toute brutalité?! Les blast-beats sonnent creux, il n'y a aucune nuance entre les toms (à peine avec la caisse claire). Sachez-le, le batteur historique Dario Derna (Ritual Chamber, ex-Infester, Funebrarum, Evoken, Abazagorath...) a quitté le navire peu après la sortie du très bon
Feeding Hell's Furnace (2012). Une très mauvaise nouvelle pour qui, comme moi, adore ce cogneur fou. Une perte lourde que n'arrive pas à compenser le nouveau venu Simon Dorfman. Difficile de juger son jeu qui me semble toutefois en-deçà de l'Italo-Américain, notamment au niveau des blast-beats bien trop faiblards, mais rien que la production affreuse de la batterie gâche le plaisir d'écoute. Quand on se rappelle comment les blasts claquaient sur
Hail Infernal Darkness, ça fait franchement mal aux oreilles et ça fout grave les boules.
Est-ce que les écoutes répétées depuis des semaines de
The One Who Lurks ont réussi à faire passer la pilule ou tout du moins atténuer l'amertume? Un peu, heureusement. Car derrière, les compos sont plutôt bien branlées, ce qui est d'autant plus frustrant. Si l'on arrive à mettre de côté cette batterie irritante, on se retrouve avec un album de Drawn And Quartered tout ce qu'il y a de plus typique. Et c'est un compliment. Du death metal sombre et brutal qui fonce dans le tas tout en imposant une ambiance fuligineuse des plus prenantes. Des blasts, des séquences plombées, des leads mélodiques sinistres, des solos infernaux tourmentés, des harmoniques sifflées possédées, le growl caverneux terrifiant et hanté de Herb Burke, tout y est. Ils sont légions les groupes de death metal à faire dans le evil mais D&Q eux ont leur propre patte. On reconnait ainsi sans peine le jeu caractéristique du guitariste Kelley Kuciemba qui maîtrise l'art noir depuis de nombreuses années, avec ce feeling mélodique si particulier. Là il y a de quoi se faire plaisir pour tout amateur de death metal qui se respecte. Le morceau d'ouverture "Nefarious Rites" bien lourd et lugubre qui pose direct ses couilles sur l'échafaud, l'accélération à la double de "Ravage The Cadaver" dans une atmosphère de terreur jouissive après un début écrasant déjà bien sinistre, le riff mélodique savoureux de "Horned Shadows Rise" sur une rythmique thrashie d'enfer et les vocaux fantomatiques blindés de delay, le démarrage en trombe jubilatoire de "Temples Of Arcane Devotion" (qui aurait toutefois eu bien plus d'impact avec un vrai bon batteur...), la noirceur soufrée du duo final "The One Who Lurks" / "Portals Of Communion"... On note d'ailleurs une inclinaison vers les tempos plombés et les environnements funestes qui vont avec sur ce septième album du trio. Pas que ça manque de moments bovins ou que D&Q fasse désormais dans le doom/death mais on a connu les Américains plus pressés. Pas un mal finalement vu que les séquences blastées tombent à l'eau grâce à cette merveilleuse batterie qui passe mieux sur les rythmiques moins enlevées, la caisse claire n'étant plus le point crucial. Cela n'empêche cependant pas de ressentir quelques longueurs sur la fin malgré les qualités des deux derniers titres qui auraient pu être écourtés, en particulier "The One Who Lurks", plus longue piste avec ses presque sept minutes. Comme quoi il n'y a pas que cette satanée batterie au rayon défauts! Je pousserais même la critique un peu plus loin en disant que, même si les compositions s'avèrent dans l'ensemble très correctes, certaines se révèlent moins inspirées. Là, on pointera du doigt "Deliverance To The Worms", qui n'a servi qu'à m'avertir du gros souci de l'opus et "Carnal Transmigration", morceau bourrin et expéditif peu passionnant.
Voilà donc que Drawn And Quartered me déçoit vraiment pour la première fois. Même
Merciless Hammer Of Lucifer, pourtant clairement en-dessous du triptyque infernal
Extermination Revelry (le meilleur!) /
Return Of The Black Death /
Hail Infernal Darkness (ça c'était de la batterie!), ne m'avait pas laissé ce goût amer. Ne soyons pas non plus trop durs,
The One Who Lurks reste loin d'être tout pourri et propose son lot de passages enthousiasmants. D&Q n'a pas perdu ses qualités dans l'exécution d'un death metal à l'ancienne qui marie brutalité et noirceur comme peu. Mais vu la carrière du gang de Seattle, on pouvait en attendre un peu plus, lui qui avait convaincu sans peine sur le précédent
Feeding Hell's Furnace. Car même s'il n'y avait pas cette batterie détestable, ce "détail" qui gâche tout mais que je n'ai pas vu beaucoup critiqué sur la Toile (putain il n'y a que moi que ça gêne?!), l'opus n'aurait de toute façon pas atteint les sommets que la formation a déjà conquis. On placera dès lors
The One Who Lurks juste devant
To Kill Is Human dans la discographie des Américains, derrière tous les autres. Si le groupe conserve évidemment toute ma sympathie et mon soutien et que j'ai tout de même pris du plaisir à écouter ce
The One Who Lurks qui a bien des qualités à revendre à tous ceux aimant leur death metal le plus foncé possible , je n'aurais qu'une chose à dire: bring back Dario!
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