Après deux démos dont une particulièrement convaincante que je n’ai bien évidemment pas manqué d’encenser en ces pages (
Retribution Of Jealous Gods), nous étions nombreux à attendre de pied ferme le retour des Texans de Malignant Altar. C’est aujourd’hui chose faite puisque le groupe originaire de Houston signe son come-back par la grande porte avec la sortie de
Realms Of Exquisite Morbidity, un premier album paru non pas chez Maggot Stomp comme on aurait pu l’imaginer mais chez Dark Descent Records qui, lui aussi, a senti le potentiel des cinq garçons. Et oui, quand je vous disais que le groupe n’avait pas manqué de faire forte impression, ce n’était pas une vile ruse de chroniqueur racoleur...
Pour l’occasion, Malignant Altar a fait appel une fois de plus au talentueux Lucas Korte (Blood Incantation, Infected Religion, Inoculation, Phantasmagore...) qui signe là un artwork tentaculaire largement inspiré par les écrits du célèbre écrivain H.P. Lovecraft (et peut-être même par l’univers de World Of Warcraft puisque ces quelques créatures en bas à gauche ressemblent quand même très fortement à ces affreux et pénibles murlocs
"Aaaaaughibbrgubugbugrguburgle").
Côté production, c’est cette fois-ci le batteur Dobber Beverly (Infernal Dominion, Ingurgitate, ex-Insect Warfare, ex-War Master…) qui s'y colle à l’exception néanmoins du mastering à la charge de l’infatigable Arthur Rizk, homme de tous les fronts que l’on ne présente plus. À la hauteur de ces tâches qui leur ont été confiées, ces messieurs signent une production à la fois naturelle et particulièrement épaisse qui, bien que réjouissante, n’est pas totalement exempte de défaut. On pourra ainsi lui reprocher cette grosse caisse lissée et un poil trop synthétique qui en devient presque gênante sur certains passages comme par exemple lors de l’introduction de "Usurping The Pantheon Crown"... Dommage et même incompréhensible lorsqu’à l’inverse on a un son globalement équilibré (à commencer par cette caisse claire qui claque juste comme il faut). Rassurez-vous cependant puisqu’il s’agit là du seul véritable irritant à déclarer même si la durée de l’album (trente-trois minutes seulement), le réenregistrement d’un ancien titre ("Ceremonial Decapitator" revu et corrigé pour l’occasion) et la présence d’un interlude instrumental ("Realms Of Exquisite Morbidity") sur un total de six nouvelles compositions pourraient probablement en agacer/frustrer quelques uns parmi vous...
Quoi qu’il en soit, Malignant Altar est de retour et malgré ces quelques petits griefs à l’encontre de ce premier album, ce n’est certainement pas ça qui va entamer mon enthousiasme. Reprenant les choses là où il les avait laissées presque trois ans auparavant sur l’excellente démo
Retribution Of Jealous Gods, le groupe de Houston va renouer avec ce Death Metal particulièrement lourdingue et écrasant sur lequel il a bâti sa solide réputation. Adepte du mid-tempo écrasant plutôt que du blast-a-gogo, les Texans vont donc délivrer la bonne parole à grands coups de riffs plombés particulièrement vicieux et autres frappes parcimonieuses mais toujours aussi implacables. Une formule qui n’a bien évidement rien de sorcier mais que les cinq musiciens, en bons Texans justifiants déjà pour la plupart d’un certain bagage, maitrisent effectivement sur le bout des doigts. Qui plus est, Malignant Altar n’est pas du genre à s’en contenter puisque de manière quasi-systématique de nombreuses séquences beaucoup plus soutenues vont venir servir de contrepoint et ainsi offrir à l’auditeur autre chose à se mettre sous la dent que ces passages particulièrement pesants. Aussi de "Channeling Impure Apparitions" à 3:27 à "Usurping The Pantheon Crown" à 2:43 en passant par "Belial Rebirth" à 1:35, "Ceremonial Decapitator" à 3:46 ou "Rite Of Krasue" et son entame en fanfare, les accélérations ne manquent pas. Variées (blasts, semi-blasts, tchouka-tchouka...), elle vont permettre d’apporter ce relief particulièrement appréciable et ainsi dynamiser l’ensemble afin d’éviter l’écueil d’une formule trop redondante faute de caractère. Texas oblige, le Death Metal de Malignant Altar est également marqué par un groove sournois duquel on a bien du mal à se défaire. Le groupe a beau jouer en partie la carte du mid-tempo, rares sont les passages où l’on ne va pas se retrouver à dodeliner de la tête avec sur les lèvres un rictus de satisfaction. Dès les premiers riffs de "Channeling Impure Apparitions" le groupe va ainsi distiller son groove non pas urbain à la Suffocation, Internal Bleeding, Dehumanized, Pyrexia et autres figures emblématiques de la scène new-yorkaise mais définitivement plus vicieux car bien plus insidieux. Un groove bien moins "immédiat" et "démonstratif", qui vous attrape, vous colle à la peau et ne vous lâche plus le temps de ces séquences mid-tempo écrasantes qui vont ainsi s’accompagner par de longs mouvements de tête d’avant en arrière (la première moitié de "Channeling Impure Apparitions", les premières et dernières partie de "Usurping The Pantheon Crown", le début de "Belial Rebirth" et de "Ceremonial Decapitator", etc).
Fidèle à son rang acquis à la sueur de son front après la sortie en 2019 de l’excellente démo
Retribution Of Jealous Gods, Malignant Altar revient aujourd’hui en force le temps d’un premier album particulièrement écrasant. Alors oui, on aurait aimé en avoir un peu plus à se caler sous la dent. On aurait aimé que le groupe nous offre d’autres morceaux inédits plutôt qu’une relecture d’un ancien titre (aussi efficace soit-il dans cette version revisitée pour ne pas dire transcendée). On aurait aimé un son de grosse caisse un peu moins en décalage avec le reste mais vous l’avez compris, tout cela n’a finalement pas beaucoup d’importance dans l’appréciation générale de ce premier longue durée… Car à vrai dire
Realms Of Exquisite Morbidity est une bête d’album qui vous attrape, vous écrase et vous laisse en miettes sans une once de pitié. Certes les Texans n’ont rien inventé mais leur Death Metal s’inscrit cependant dans un registre finalement assez peu exploré ces derniers temps qui d’emblée lui donne une certaine plus value évidente face au reste de la concurrence engouffrée dans des relectures de grands classiques du genre. Album très attendu,
Realms Of Exquisite Morbidity tient là toutes ses promesses et se glisse sans mal parmi le palmarès de fin d’année.
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