Drowned - Idola Specus
Chronique
Drowned Idola Specus
Figurez-vous que la carrière de Drowned a débuté il y a déjà plus de vingt ans. En 1992 pour être tout à fait exact. Figurez-vous également qu’ Idola Specus n’est que son premier album et qu’il est sorti cette année sur le label allemand Sepulchral Voice Records (Charon, Necros Christos, Venenum...). Avant cela, le groupe a donc enchaîné les démos à son rythme (sept au total, sous différents formats, certaines ayant même été rééditées plusieurs fois à l’image de l’excellente Viscera Terræ sur laquelle figure Mors Dalos Ra de Necros Christos), l’entité menée par Tlmnn (ex-Necros Christos) ayant été confronté à de multiples et incessants changements de line-up. Depuis 2010, Tlmnn est désormais accompagné par deux membres du groupe Essenz venus ainsi lui prêter main-forte.
Malgré un artwork plutôt quelconque voir même assez moyen, Idola Specus compte parmi les très bonnes surprises de l’année 2014. Aussi, loin de révolutionner le petit monde du Death Metal, Drowned a su insuffler à ses compositions suffisamment de personnalité pour faire de ce premier album un disque tout à fait digne d’intérêt et cela en grande partie grâce à l’atmosphère incroyable qui s’en dégage.
Affichant un tout petit peu plus de trente-sept minutes au compteur, Idola Specus n’est pas un disque particulièrement compliqué à appréhender. Au contraire, celui-ci reflète même une certaine simplicité dans la forme tant l’exécution semble des plus naturelles pour ne pas dire scolaire. Mais ne vous y trompez pas, car derrière cette relative simplicité se cache néanmoins un sens aigu de la composition. Tlmnn, en tête pensante de Drowned, possède en effet un réel talent en matière d’écriture puisqu’inexistants sont ici les riffs ne serait-ce que moyens. Constituant l’ossature même de ce premier album (70% du riffing à vue de nez), les trémolos aliénants de Tlmnn contribuent naturellement à donner à Idola Specus toute sa profondeur malfaisante. Au même titre que ces quelques leads, soli et autres arrangements ("Antiprism" à 3:04, "Cast Into Negative Form" à 3:32, "Black Projection" à 0:04, 1:06, 2:49, cette courte et discrète séquence de cordes synthétiques sur "Gnomon" à 3:37, "Letzter Teilbarer Strahl" et son solo vaporeux à 2:47, "Vacuous Sanctum" à 5:21) viennent également apporter leur pierre à l’édifice mélodico-horrifique d’un Drowned maladif et possédé C’est donc une véritable ambiance de mort, crépusculaire et menaçante, qui flotte sur les huit compositions servies ici par Drowned. Une atmosphère pestilentielle à vous filer la chair de poule. Une mise en abîme sinistre qui ne laissera probablement pas l’auditeur indemne.
Une atmosphère rampante qui colle assez bien au rythme plutôt mid-tempo dicté par le trio tout au long de ces presque quarante minutes. Une lourdeur moite et étouffante, imposant un certain respect, se dégage ainsi d’Idola Specus dont le Death Metal massif n’est finalement pas si éloigné que cela de celui de son cousin allemand Necros Christos (le côté ésotérique/religieux/Hindou en moins) voir de Grave Miasma. Le growl puissant agrémenté d’un soupçon de réverb’ de G.ST n’y est pas non plus étranger. Car bien qu’assez monotone, il donne cette espèce de profondeur abyssal que l’on attend d’un album de ce calibre. A ces ambiances cryptiques et ces séquences plombées vient se greffer régulièrement de nombreux passages plus soutenus ou tout du moins plus appuyés ("Antiprism" à 2:27, "Destroyed Voices", "Cast Into Negative Form" à 4:20, "Gnomon" à 0:59 puis 3:27, "Letzter Teilbarer Strahl" à 0:10 et 1:35, "Vacuous Sanctum" à 0:29, etc...) rompant ainsi avec la nature mid-tempo d’une œuvre moins linéaire qu’il n’y paraît au premier abord.
S’il a fallu vingt-deux ans à Drowned pour sortir son premier album, il est juste de dire que cela n’a pas été vain. Car bien que des plus classiques, Idola Specus est assurément l’un des grands albums de 2014 grâce à ce travail d’atmosphère tout à fait maitrisé et surtout bien équilibré, une qualité de riff indiscutable où la science du trémolo hanté est ainsi distillé sur chaque titre et une certaine variété dans le rythme qui en fait un album dynamique, fait de séquences mid-tempo lourdingues et de passages nettement plus rapides. Bref, une vision du Death Metal old school particulièrement jouissive qu’on espère voir réitérer avant les vingt-deux prochaines années.
| AxGxB 31 Décembre 2014 - 865 lectures |
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