Parmi tous les projets de Matt Harvey, s’il y en a un qui lui tient à cœur ces dernières années c’est bien Gruesome. Formé en 2014 avec l’aide de Gus Rios (Create A Kill, ex-Malevolent Creation, Death To All) puis de Robin Mazen (Derkéta) et Daniel Gonzalez (Possessed, Create A Kill), le groupe s’est astreint depuis ses débuts à la parution d’une sortie par an. Un rythme soutenu qui semble vouloir traduire tout le plaisir que prend Gruesome à rendre hommage au regretté Chuck Schuldiner. Car c’est bien de cela dont il s’agit depuis le début, le témoignage d’un respect éternel à celui à qui l’on doit certains des plus grands albums de la scène Death Metal (
Leprosy en tête).
Après avoir très (trop) brièvement exploré la période
Human de Death avec la sortie l’année dernière de
Fragments Of Psyche, Gruesome revient aujourd’hui en arrière avec un album qui, du titre à l’artwork (ce prédicateur au regard halluciné, ces quelques dévots barbouillés mais appliqués et cette ferveur qui transparaît sur leurs visages et dans leurs gestes), rappelle bien évidemment - dans un esprit toutefois plus moderne - le fameux
Spiritual Healing. Et qui d’autre qu’Ed Repka pour signer ce travail, lui qui collaborait déjà avec Death à la fin des années 80 ? On marche donc une fois de plus en terrain connu mais pouvait-il en être autrement ?
Evidemment, la réponse est non puisque le but affiché de Gruesome et cela depuis le début est de marcher dans les pas de Chuck Schuldiner et de Death. Certains groupes tels que Skeletal Remains ou Morfin l’ont déjà fait avant lui mais leur démarche a toujours été quelque peu différente. Là où ces deux groupes tendent à se nourrir de cette influence pour créer quelque chose qui leur appartient (en dépit de similitudes plus que frappantes), Gruesome joue lui à fond et depuis toujours la carte du mimétisme quitte à flirter dangereusement avec les limites du plagiat. Et c’est peut-être ce qui me pose ici davantage problème que sur
Savage Land que je trouvais pourtant déjà très largement inspiré par
Leprosy mais avec des morceaux qui n’appartenaient qu’à Matt Harvey et sa bande. Avec
Twisted Prayers j’ai parfois le sentiment d’entendre des passages directement empruntés à
Spiritual Healing et que Gruesome se serait contenter de copier/coller en y apportant quelques nuances histoire de ne pas passer pour un simple pilleur de tombe. Des titres tels que "Inhumane", "A Waste Of Life", "Fatal Illusions" ou "Twisted Prayers" ne seront ainsi pas sans vous rappeler d’autres morceaux tels que "Altering The Future", "Low Life", "Killing Spree", "Living Monstrosity" ou "Spiritual Healing", que ce soit dans certains riffs ou même dans leurs constructions et leurs développements.
On note également un petit coup de mou à mi-parcours avec quelques titres un peu moins intéressants comme "Lethal Legacy" ou "At Death’s Door" (du nom des compilations du même nom ?). Rien de vraiment rédhibitoire en soit mais forcément, l’efficacité générale de l’album s’en trouve quelque peu affaiblit.
A côté de cela,
Twisted Prayers demeure tout de même un album fort agréable à écouter pour quiconque n’est pas trop (enfin pas du tout) regardant sur l’originalité et apprécie la musique de Death. Comme pour
Spiritual Healing, l’inclinaison plus progressive des morceaux est ici parfaitement gérée avec un excellent travail fait sur les guitares (il y a quand même une tripotée de très bons riffs, pas forcément très novateurs donc mais particulièrement bien ficelés malgré tout (ceux de "Inhumane", "A Waste Of Life", "Fatal Illusions" ou "Crusade Of Brutality" par exemple, les leads mélodiques de "Fate", "Lethal Legacy" ou "Crusade Of Brutality")) ainsi que d’excellent solos (dont certains que l'on doit encore à James Murphy quasi-systématiquement débauché par Gruesome pour ce genre d'occasions) desquels se dégagent une atmosphère fortement marquée par ce qui se passait alors en Floride en 1990 ("Inhumane" à 2:58, "A Waste Of Life" à 2:39, "Fate" à 2:19, "Lethal Legacy" à 2:15, « Fatal Illusions » à 2:34 et ainsi de suite jusqu’à la fin de l’album). Même constat pour le très bon travail effectué sur la section rythmique et notamment la batterie afin d’apporter dynamisme et variété à l’ensemble de l’album qui oscille entre séquences menées le couteau entre les dents à l’aide d’accélérations redoutables et moments plus modérés laissant souvent entrevoir tout comme l’a fait Chuck Schuldiner en son temps le visage plus progressif/mélodique de Gruesome.
Moins enthousiaste qu’à l’époque de
Savage Land, je pense que Gruesome a désormais intérêt à faire très attention à là où il veut aller et surtout comment il souhaite y arriver car la frontière entre hommage et plagiat n’a jamais été aussi ténue que sur ce
Twisted Prayers. Une sensation étrange renforcée par ces quelques compositions moins efficaces qui donne une impression de ventre-mou en plein milieu de l’album et qui font de lui un disque sympathique mais pas aussi efficace ni aussi réussi que son prédécesseur. Il n’en reste pas moins un album agréable à écouter si l’on est capable d’accepter l’image de copie carbone qu’il renvoie tout au long de ces quarante-sept minutes. A noter que la version CD se conclue sur une reprise de Possessed ("The Exorcist") qui là encore n’apporte rien au schmilblick mais se révèle toujours aussi efficace même après toutes ces années (et autres reprises par Death lui-même ainsi que Cannibal Corpse, Sadistic Intent et plein d’autres).
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