Necrovorous - Funeral For The Sane
Chronique
Necrovorous Funeral For The Sane
La Grèce est au centre de l'attention ces derniers temps. Au bord de la faillite, l'État hellène s'est endetté à hauteur de 350 milliards d'euros, soit 150% du PIB et un défaut de paiement est désormais inéluctable. Il y a quelques jours, les Européens ont trouvé un accord pour couvrir cette situation désastreuse. On appelle ça reculer pour mieux sauter. Bref, ça va mal mais ce n'est pas une surprise. Plutôt une nouvelle démonstration de l'échec de l'union européenne et de la zone euro. Pour faire simple, Maastricht c'est de la merde, surtout quand on intègre n'importe quel pays et qu'on laisse les marchés à la merci de spéculateurs sans foi ni loi. La crise des subprimes n'a pas suffi apparemment. Qui va payer? Je vous laisse deviner. Heureusement qu'on a la musique pour penser à autre chose! Et tout comme leur nation, les Grecs de Necrovorous ont aussi une dette. Mais envers le death metal du début des années 1990.
Formé en 2005 et déjà coupable de plusieurs démos/EPs, le groupe vient de sortir sur Pulverised Records (CD) et Blood Harvest (LP) son premier full-length, Funeral For The Sane. Une œuvre qui doit en effet tout à cette période dorée. La formation menée par Archfiend DevilPig (guitare/chant) des joyeux drilles Embrace Of Thorns propose ainsi un death metal old-school dont les influences vont de la scène suédoise (Grave) à Asphyx et Bolt Thrower, en passant par Autopsy, Incantation ou Deteriorot. Et à vrai dire, ce Funeral For The Sane fait partie des sorties les plus intéressantes de la scène retro death que j'ai pu entendre. Du death metal pur et dur, inspiré, et exécuté avec une maîtrise qui impressionne. Dès l'intro atmosphérique "Sanity's Fall" aux claviers, nous voilà plongé dans une ambiance sombre et cryptique qui accompagnera tout l'opus. S'ensuit un "Succubus Dormitory" qui démarre sur les chapeaux de roues. Le son est bien old-school, naturel, sans triggs mais puissant. Et Necrovorous d'enchaîner les tueries, neuf hymnes à la gloire du death metal, le vrai. Pas de temps mort, la qualité reste au top tout le long de l'album qui passe à une vitesse folle. Seuls "Funeral For The Sane" (bizarrement choisi comme title-track) et le début de "Malignant Entrapment" se font un peu moins percutants. Sinon, tout y est: les riffs killers efficaces et mémorables, la brutalité, un peu de leads dark et mélodiques à la Scandinave ("The Vilest Of All Dreams", "Mind Lacerations", "Malignant Entrapment", "Dwellers Of My Flesh"), l'ambiance evil et poussiéreuse de caveau humide et de cimetière embrumé, quelques solos bien sentis (l'ouverture de "The Vilest Of All Dreams", "Deathknells", "Mind Lacerations", "Malignant Entrapment", "Dwellers Of My Flesh") et un growl classique mais convaincant qui se permet quelques intonations plus personnelles. On entend même la basse gronder dans le fond! Necrovorous sait tout faire et démontre son adresse dans toutes les rythmiques, passant aisément d'un mid-tempo headbangant ("The Flesh That Smiles" à 2'23, le début de "Deathknells", "Spawn Of Self Abhorrence" à 1'22 et 3'40 et LE titre mid-tempo de l'album, le lourd et catchy "Mind Lacerations") à du tchouka-tchouka thrashy (c'est-y pas joussif ces accélérations sur "The Vilest Of All Dreams " et "Spawn Of Self Abhorrence" à 3'17 ou encore "Dwellers Of My Flesh" à 2'20, bien evil) en passant par du down-tempo écrasant ("The Flesh That Smiles" à 3'08, l'intro de "The Vilest Of All Dreams", "Deathknells" à 1'55, "Funeral For The Sane" à 1'40, etc.), un peu de d-beat groovy et entraînant ("Deathknells" à 1'00, "Dwellers Of My Flesh" à 1'07) et même quelques blasts certes pas très rapide mais qui font toujours plaisir (l'opening de "Succubus Dormitory","Malignant Entrapment" à 2'16 sur un solo déjanté, "Spawn Of Self Abhorrence" à 2'30).
Alors oui, on est en terrain connu. Necrovorous ne se fera pas remarquer par son originalité. Mais peu de groupes sont capables de jouer du death metal aussi bien, avec une telle science du riff et de l'ambiance. Funeral For The Sane me fait ainsi penser au Dawn Of Winter de Obscure Infinity qui m'avait bluffé l'année dernière. Certes un peu moins marquant et travaillé au niveau des mélodies, l'album des Grecs partage avec celui des Allemands une révérence pour le death metal 90s qui force le respect. Une adoration non stérile, qu'il faut voir comme une perpétuation humble et honnête. Et ils ont chacun LE truc en plus. Si toutefois vous en avez plein le cul du revival death, passez votre chemin. Pour les autres, Funeral For The Sane devrait se placer comme une des très bonnes surprises de 2011, pas loin d'un indispensable. La Grèce va mal mais voilà une nouvelle preuve que sa scène metal extrême se porte, elle, comme un charme.
| Keyser 23 Juillet 2011 - 2102 lectures |
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