Obscure Infinity - Dawn Of Winter
Chronique
Obscure Infinity Dawn Of Winter
Dans le genre surprise qui vient de nulle part, Obscure Infinity se pose là! Je matais les nouveautés sur la distro de Sevared Records il y a quelques semaines quand mon attention se porta sur une jolie pochette et un nom de groupe comme je les aime. Une fois lue la description alléchante, la page Metal-Archives consultée pour apprendre qu'aucun des membres ne fait partie d'autres groupes, direction MySpace pour le son. L'accroche est immédiate, ni une ni deux la commande est passée. Et l'écoute intégrale une dizaine de jours plus tard dépassa toutes mes espérances!
L'adage c'est dans les vieux pots qu'on fait la meilleure soupe prend sur ce premier album des Allemands tout son sens, bien qu'il s'agisse de tout sauf de soupe. L'originalité n'est en effet pas le fort du quintette, pas vraiment un défaut cela dit quand on parle de death metal. Et difficile de trouver plus death metal que ce Dawn Of Winter. Vous l'avez compris, Obscure Infinity fait dans l'old-school. Mais pas du old-school chiant ou redondant et même les adeptes de brutalité plus moderne devraient y trouver leur compte. Obscure Infinity propose ainsi des morceaux souvent longs au rythme varié, soutenus par une production claire et puissante qui conserve toutefois ce grain un peu âpre indispensable à un opus de death metal. Du mid-tempo headbangant, des passages plus lents et pesants, pas mal de rythmiques thrashies entraînantes, et même des blast-beats jouissifs (ces séquences sur lesquelles se posent la plupart du temps des riffs véloces et sombres me rappellent d'ailleurs Dead Congregation), les Boches ont tout prévu pour dynamiser leurs compositions et les diversifier, un effort appréciable pour un opus qui dépasse les trois quarts d'heure. Le combo de Westerwald nous offre même deux courts interludes acoustiques très réussis, le mélancolique "Foreshadowing Of A Coming Storm" et "The Firmament Breathes Eternal Tranquillity", plus atmosphérique, tandis que l'intro "Summoning Of The Ancient Ones" ouvre l'album de la plus belle façon avec quelques lignes de violon à l'ambiance sombre et là aussi mélancolique. A noter qu'on retrouve également de l'acoustique sur les fins de "Dawn Of Winter" et "Transmitting Life To Darkness". Un peu de poésie dans un monde de brutes qui ne fait pas de mal et une touche de mélodie qu'on retrouve également dans quelques solos de très bonne facture ("Sacrificial Ritual" à 3'58, "Morbid Ways Of God" à 2'17, "Wreak Havoc - A Blackened Mind" à 2'28, "Transmitting Life To Darkness" à 4'14, etc) ainsi que dans...les riffs.
Ça y est, le mot est lancé. Car riff est le maître mot de Dawn Of Winter, sa grande force, source de sa puissance et de sa beauté. Le guitariste Stefan, unique compositeur, a un talent fou en la matière et ne se prive pas pour le prouver à chaque titre, chaque motif. Les morceaux de l'album sont longs mais ne comportent pas cinquante riffs pour autant, ici c'est plutôt qualité que quantité. Toujours simples et efficaces, les riffs d'Obscure Infinity ont le feeling des grands, un côté légèrement mélodique qui permet une assimilation et une mémorisation rapides. A ce niveau, Dawn Of Winter m'a foutu la trique comme rarement. Tous les morceaux propose LE (souvent LES) riff qui tue, qui ne va plus te quitter et qui va te donner envie d'appuyer sur repeat. Et pourtant, tout ça c'est du classique mais ils ont ce petit quelque chose en plus qui fait les grands albums. Inutile de citer tous les titres mais voilà une belle palette: le riff blasté à 0'50 sur "Sacrificial Ritual" (un très grand titre de death metal) entrecoupé de chucka-chuka thrashy, celui rapide, sombre et evil de "Morbid Ways Of God" à 1'37, l'intro mélodique d'"Everlasting Fires" et à 5'00, toujours mélodique mais plus headbangant, le début groovy et entraînant d'"Incinerator" ainsi que sur le passage blasté bien sombre vers 1'06, le riff d'ouverture d'"In The Depths Below" à la mélodie discrète mais prenante et celui plus lent à 3'19, ou encore le final assez énorme de "Wreak Havoc - A Blackened Mind", sombre et mélodique. Ah merde désolé, j'ai pratiquement tout cité! Mais c'est tellement dur de résister. Et ce n'est pas fini puisque la palme du meilleur riff est décernée au dernier titre "Transmitting Life To Darkness", final somptueux de plus de 7 minutes au riff principal entêtant, tout comme le rythme modéré de la piste. Quel feeling! En plus, à 6'10, le chant se fait carrément plaintif à la Shining, un régal! Ce qui me fait penser que le chant de Jules est lui aussi un des points forts du disque. Un growl certe classique mais d'une puissance rare, intelligible et fédérateur. Ecoutez donc le refrain énorme d'"Everlasting Fires" ou le début de "Dawn Of Winter", ça fout une patate d'Enfer! Cerise sur le gâteau, quelques shrieks black metal viennent enrichir la performance en quelques occasions qui pourraient toutefois se faire plus fréquentes.
Des défauts? Non, pas vraiment, même la basse reste bien audible et se fait remarquer de temps en temps. On peut éventuellement noter deux titres plus faibles que les autres ("Morbid Ways Of God" et "Wreak Havoc - A Blackened Mind") mais ils pourraient être les meilleurs morceaux de beaucoup d'autres groupes. Pour vous dire le niveau! Non, franchement, ce Dawn Of Winter m'a bluffé, d'autant que je ne m'y attendais pas du tout. L'opus serait sorti au début des années 1990, il aurait sans doute accédé au rang de classique. Du groove, des rythmiques variées, de la brutalité, de la puissance, de la mélodie, du feeling, une ambiance assez sombre et surtout, des putains de riffs, Obscure Infinity a tout compris au death metal. C'est d'autant plus impressionnant que même en faisant du old-school, les Teutons ne copient aucun autre groupe, tout juste peut-on sentir quelques influences, notamment scandinaves, la musique légèrement mélodique du groupe étant plus orientée européenne malgré un côté frontal plus typique des formations américaines. La meilleure surprise de cette année? Sans aucun doute, et sûrement le meilleur album de pur death metal de 2010. Interdiction de passer à côté!
| Keyser 19 Décembre 2010 - 2408 lectures |
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