On se souvient des Suédois de Tribulation pour avoir livré en 2009 un premier album de Death Metal old school particulièrement réussi.
The Horror s'était en effet révélé être une excellente surprise, reprenant l'essentiel des codes encore en vigueur aujourd'hui en y ajoutant cependant un soupçon de Black Metal dans le but de créer des atmosphères justifiant à elles seules l'utilisation du titre de ce premier album. Quatre ans plus tard, Tribulation fait (enfin) son retour. Entre temps le groupe a tout de même quitté Pulverized Records pour rejoindre le label Irlandais Invictus Productions et en a également profité pour changer de batteur, Jakob Johansson ayant été remplacé l'année dernière par Jakob Ljungberg (ex-Enforcer). Bref, rien d'alarmant et surtout rien qui ne laissait présager du changement qui allait avoir lieu avec
The Formulas Of Death, deuxième album particulièrement ambitieux de Tribulation.
Au jeu des comparaisons, la plus révélatrice est très certainement celle de la durée. Alors que
The Horror affiche fièrement ses trente deux minutes,
The Formulas Of Death dépasse quant à lui les soixante quinze minutes. Comment expliquer une telle durée tout en sachant qu'aucun morceau caché n'est venu se glisser dans le tracklisting pour en allonger la durée? Et bien tout simplement parce que Tribulation voit désormais les choses en grand, décidant ainsi d'élargir ses horizons au profit d'une musique beaucoup plus personnelle. Le risque à ce petit jeu là est de perdre une (grosse) partie de sa fan-base en se tournant vers de nouvelles sonorités, laissant ainsi de côté celles qui on pu faire son "succès". Je ne dirais pas qu'avec
The Formulas Of Death Tribulation réussira à contenter tout le monde mais une chose est sûre, le jeu en valait la chandelle.
Album ambitieux,
The Formulas Of Death reste cependant ancré dans une certaine tradition du Death Metal à l'ancienne. Aussi, les fans de la première heure ne seront pas non plus complètement perdus à l'écoute de ce deuxième album puisque les Suédois n'ont pas totalement tourné le dos à leurs origines. Au delà de l'atmosphère générale sur laquelle on reviendra plus tard, on retrouve toutefois quelques éléments pouvant rappeler de temps à autre le Tribulation de
The Horror: une batterie simple mais dynamique qui ne rechigne jamais lorsqu'il s'agit d'accélérer la cadence au son de tchouka-tchouka diaboliques ("Through The Velvet Black", "Spectres", "When The Sky Is Black With Devils", "Apparitions"...), des riffs nerveux et incisifs presque Punk toujours auréolés de ces nombreuses sonorités Black (merci les leads frissonnants) comme sur les excellents "Wanderer In The Outer Darkness", "Through The Velvet Black" ou "Apparitions" et bien entendu les fameuses lignes de chant de Johannes Andersson elles aussi toujours à mi chemin entre ces deux univers.
Toutefois il faut bien comprendre que ces éléments du passé, s'ils sont encore présents aujourd'hui, se font beaucoup plus discrets et sont surtout intégrés dans un processus de composition beaucoup plus vaste et complexe. Une approche certainement plus mature et approfondie qui permet aujourd'hui à Tribulation de se démarquer significativement des groupes auxquels il a pu être associé jusque là. Grâce à
The Formulas Of Death, le groupe Suédois s'est désormais construit une identité forte et particulièrement intéressante qui, si elle demeure tournée vers le passé, n'en reste pas moins originale, surtout pour un groupe de Death Metal. Aussi, l'efficacité brute n'est donc plus l'élément central dans la musique de Tribulation qui préfère désormais se tourner vers des sonorités plus progressives. Un feeling rock 70's palpable d'entrée de jeu avec le très réussi "Vagina Dentata" et ses légères sonorités orientales enivrantes. Mais Tribulation ne se contente pas d'effleurer le sujet du bout des doigts. C'est en effet tout ce deuxième album que l'on sent habité par ces mélodies et ces ambiances 70's que les Suédois se plaisent à étirer au gré de leurs envies (la durée des morceaux oscille ainsi entre six et treize minutes). Ambiances le plus souvent sublimées par les mélodies d'un synthétiseur discret mais toujours très juste. La musique de Tribulation ne semble aujourd'hui soumise à aucune contrainte de temps et de format. Le groupe laisse ainsi libre court à son imagination et s'exprime d'une manière tout à fait naturelle et que l'on sent maîtrisée, notamment à travers les excellentes prestations de Jonathan Hultén et Adam Zaars. Un travail sur les guitares absolument remarquable qui mélange Rock 70's progressif et mélodique et Death Metal moderne et incisif à travers des riffs incroyables, des leads à vous glacer le sang et des soli particulièrement subtils (ce n'est pas pour rien que l'on retrouve trois titres instrumentaux sur cet album - "Vagina Dentata", "לילה" et "Ultra Silvam" mais aussi les 3/4 de "Suspiria" ou le magnifique "Apparitions)". Au passage, Tribulation s'est ainsi affranchie d'une production trop marquée jusque là pour se tourner vers quelque chose de plus chaud et aussi de plus lumineux. Ainsi, les guitares irradient, se veulent aguicheuses et pourtant ne cessent de nous tourmenter, créant des atmosphères à la fois séduisantes et pourtant terriblement fantomatiques ("Suspiria" en est probablement le meilleur exemple mais ce n'est pas le seul). Là encore, les influences Black de Tribulation y sont pour beaucoup grâce à des riffs et des leads sinistres ("Through The Velvet Black", "Rånda", "Spell"...) rappelant une certaine scène Orthodoxe Allemande ou Suédoise (Watain, Ascension, Dissection...).
Si ce nouvel album ne fera certainement pas l'unanimité auprès de ceux qui ont découvert le groupe à travers
The Horror, je suis certain d'une chose c'est du talent de Tribulation. Le groupe a su s'extirper de ses influences et prouver ici qu'il était capable de se remettre totalement en question. Une prise de risque certaine qui, si elle laisse des gens sur le bas côté, devrait à n'en point douter en ramasser également un bon paquet. A l'heure ou la vague de retro-Death n'a jamais été aussi active, il est agréable de voir que certains groupes sont encore capables de réinventer l'histoire pour se l'approprier. Si j'avais quelques appréhensions avant d'écouter ce nouvel album face à ce que j'avais pu lire ici et là, j'avoue qu'elles ont bien vite été balayé. Après une vingtaine d'écoutes, il me semble clair que
The Formulas Of Death devrait figurer sans problème parmi les albums Death de l'année 2013. Une franche et singulière réussite. Bravo.
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