C'est en 1988 que sort le premier album des Anglais de Bolt Thrower. Celui-ci fait suite à plusieurs démos qui, pour la plupart, proposaient déjà l'essentiel des titres présents sur
In Battle There Is No Law. En effet, ces morceaux, Bolt Thrower les pratiquait dans son local de répétition depuis déjà un petit moment et pour ceux qui à l'époque suivaient déjà de près la carrière de ces fameux lanceurs de boulons, ce premier album n'a finalement rien de bien nouveau à proposer. Heureusement, peu de gens peuvent se vanter d'avoir découvert Bolt Thrower à l'époque de ces fameuses démos et ce premier album constitue donc le premier enregistrement valable des Anglais.
Si aujourd'hui le groupe est reconnu pour un style bien particulier qui n'appartient qu'à lui, force est de constater qu'il n'en est pas arrivé là en un claquement de doigt. Non, Karl Willetts et sa bande sont passés, comme bien des groupes, par un premier album servant essentiellement à poser les bases d'un son en devenir mais sur lequel on retrouve surtout beaucoup d'influences évidentes. Ainsi,
In Battle There Is No Law se veut plutôt éloigné des albums majeurs du groupe que sont
The IVth Crusade,
...For Victory ou encore
Mercenary.
C'est en avril 1987 que Bolt Thrower enregistre sa démo
In Battle There Is Now Law. On y retrouve alors huit des neuf titres présents sur l'album. Quelques mois plus tard, en septembre, Bolt Thrower enregistre une nouvelle démo intitulée
Concession Of Pain sur laquelle, une fois encore, on retrouve quelques titres présents sur ce premier album. Si la première démo n'avait rien donné de concret, la seconde atterrira par contre entre les mains d'un certain John Peel, disc jockey à la BBC spécialisé dans la musique alternative. Devant l'enthousiasme de John Peel, l'occasion sera alors donné à Bolt Thrower d'enregistrer un EP intitulé judicieusement
The Peel Sessions qui débouchera par la suite sur une signature sur le jeune label Anglais Vinyl Solution (qui sortira d'ailleurs un peu plus tard les premiers albums de Cancer, Macabre et Merciless).
Loin du Death Metal lourd et conquérant qui a fait sa réputation, Bolt Thrower nous propose ici un autre visage, celui de ses jeunes années marqué par des influences Thrash/Punk absolument évidentes. Aussi, la musique du groupe de Coventry fait-elle référence essentiellement à des groupes comme Slayer, Discharge ou encore Napalm Death et Repulsion à qui Bolt Thrower a emprunté la dynamique simple et bas du front plutôt radicale pour l'époque et les riffs rapides et efficaces malgré là encore un caractère plutôt simpliste. Un minimalisme primaire parfaitement ancré dans son époque (le très Punk "Blind To Defeat") et qui dénote donc très nettement avec le reste de la discographie des Anglais notamment à partir de
War Master. Pied au plancher, tête dans le guidon, couteau entre les dents, Bolt Thrower se montre particulièrement véhément et jusqu'au boutiste, offrant peu de variation à une musique primaire mais qui malheureusement n'est pas exempte de défauts. Des défauts de jeunesse qui se ressentent notamment dans l'exécution imparfaite et souvent bancale, dans des soli foutraques mal maîtrisés et pas toujours bienvenues et dans la production "garage" qui ne rend définitivement pas service à la musique de Bolt Thrower (le chant de Karl est beaucoup trop en retrait, la caisse claire manque cruellement d'attaque).
Malgré tout,
In Battle There Is No Law n'est pas dénué de charme. Au delà de l'aspect purement nostalgique, on y trouve quand même pas mal de bonnes choses à commencer par une atmosphère guerrière et conquérante déjà largement palpable. D'entrée, le titre "In Battle There Is No Law" donne le ton, notamment grâce à l'ambiance qui se dégage du riffing de Gavin Ward et Barry Thomson principalement sur la première partie du morceau (mais aussi sur sa conclusion). Cette atmosphère tend à s'effacer lorsque le rythme s'accélère (souvent donc) mais demeure bien présente, en général au début de chaque titre, ("Challenge For Power", "Concession Of Pain", "Attack In The Aftermath", "Nuclear Annihilation") mais surtout lorsque le groupe privilégie les passages mid-tempo comme sur les excellents "Forgotten Existence" à 1:49 et surtout "Concession Of Pain" qui préfigurent du Bolt Thrower en devenir (remarquez qu'il s'agit des morceaux les plus récents composés par le groupe).
Vous l'aurez compris, pour peu que vous ne connaissiez rien du groupe,
In Battle There Is No Law n'est pas l'album par lequel il faut débuter la discographie de Bolt Thrower. Ce premier disque n'est en rien significatif (à l'exception de quelques points) de ce que sera le reste de la discographie des Anglais même si certains prémices sont d'ors et déjà palpables.
In Battle There Is No Law souffre de trop de défauts pour ne pas subir l'épreuve du temps avec sévérité. Moi-même, lorsque j'ai découvert Bolt Thrower, n'arrivait pas à poser mes oreilles sur ce disque ainsi que son successeur. Aujourd'hui, je n'ai pas le même regard sur cet album et surtout je lui trouve quand même un certain charme malgré des défauts notoires. J'aime cette fougue, cette énergie, ce côté bancal, approximatif et terriblement primaire. A prendre ou à laisser, quoi qu'il arrive.
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