Corpse God - Onward To Oblivion
Chronique
Corpse God Onward To Oblivion
Il ne faut jamais se fier à sa première impression, on a beau le savoir il est parfois difficile de contourner ce ressenti qui peut nous faire passer à côté de beaucoup de choses et en ce qui nous concerne ici au sujet de ce premier album de CORPSE GOD, qui avait tout pour rester cloîtré à tout jamais dans les limbes de l’underground américain le plus obscur et crasseux. Car quand on propose une pochette aussi infâme que celle de ce « Onward To Oblivion » on prend quand même de sacrés risques, tant ce rendu qui pique les yeux nous rappelle les pires horreurs de photoshop et autres bidouillages visuels en vogue dans les années 90. Pourtant si on prend la peine d’écouter le contenu qui se cache sous ce déluge dégueulasse de couleurs majoritairement basées sur le jaune et le rouge on se rend compte que musicalement c’est tout autre chose, et qu’on aurait eu tort de ne pas écouter tout ça. En effet ici tout est fait pour nous rappeler les grandes heures de MORGOTH, BOLT THROWER, ASPHYX et même les débuts de DEATH... vu que le combo nous fait faire un voyage autant visuel que sonore dans une époque bénie pour le genre, et il réussit clairement le pari de nous y emmener sans qu’on ait envie de décrocher en cours de route. Formé tout récemment à Pittsburgh autour de vieux vétérans locaux ayant fait leurs armes dans d’obscures formations du même genre et aussi du Thrash, le quatuor déboule en force avec trente-cinq minutes implacables et virulentes, particulièrement grasses et groovesques où l’on n’est jamais bien loin de se faire mal à la nuque.
Si tout cela va au départ sonner quand même assez bordélique (la faute à un batteur qui a tendance à en faire des tonnes et foutre des cassures rythmiques à foison), plus on va avancer dans ce long-format et plus les choses vont se montrer fluides et agréables... car après un départ mitigé sur « Remnants Of A Fallen God » et « Devoid Of Light » (qui montrent néanmoins de belles promesses du côté des riffs comme de la production bien abrasive et sèche), à partir du remuant « Dead Yet I Breathe » les choses vont aller nettement mieux. Car proposant des riffs syncopés parfaits pour secouer la tête les gars vont aussi y rajouter plus de variations rythmiques à l’intérieur, où lourdeur et tabassage vont se mettre en avant tout en obtenant un résultat très remuant qui donne clairement envie d’en découdre. Jouant sur le classique grand-écart entre passages pachydermiques et ceux endiablés « Kingdom Of Disease » va parfaitement faire le job avant que l’excellente doublette « Maelstrom Of Malevolence » / « Through The Eyes Of The Abyss » ne vienne augmenter encore un peu plus fortement le niveau général. Dotée d’une fluidité plus marquée et d’une écriture plus directe et sans concessions tout ici est propice à la guerre et à la noirceur intense, vu que toute la déferlante technique est ressortie encore plus fermement... idéale donc pour cartonner en concert et se vider la tête comme il faut même si ça n’est pas franchement mémorable.
Et même si « Evolution Through Extinction » et le morceau-titre vont terminer parfaitement les débats en misant là-encore sur l’alternance et le groove, tout ça ponctué d’un sacré dynamisme imposant (où l’on est pris de suite à la gorge sans pouvoir respirer forcément du fait d’un relatif dépouillement rythmique bienvenu), il faut bien reconnaître qu’arrivé au bout de ce disque il est difficile d’en faire ressortir un passage vraiment mémorable... tant l’ensemble finit par être un peu interchangeable. Si l’on souhaite qu’à l’avenir le frappeur fasse preuve de plus de simplicité derrière son kit au lieu de vouloir étaler sa science, pour le reste malgré ses défauts cette première livraison du gang de Pennsylvanie a de quoi plaire à la majorité du public, entre son chant convaincant et son sens du riff efficace qui rappelle facilement l’âge d’or de la scène floridienne. Et s’il y a effectivement encore du boulot pour atteindre le niveau d’excellence de celle-ci on reste quand même en présence d’une découverte intéressante et authentique, qui ne prétend rien réinventer mais juste perpétuer une certaine vision historique et sincère, ce qui est réussi ici. Il n’y a donc plus qu’à espérer que la prochaine sortie de l’entité voit son niveau être légèrement plus relevé qu’ici... même s’il y a de quoi s’occuper un petit moment, ce qui est le minimum syndical sur ce genre de sorties qui néanmoins conviendra donc facilement à tout amateur de bon goût qui se respecte.
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