Pyre - Chained to Ossuaries
Chronique
Pyre Chained to Ossuaries
Le death metal suédois n'a jamais été le genre de DM que je préfère. Je sais l'apprécier mais à petites doses. Et étrangement, c'est plutôt les petites formations qui m'ont tapé dans l'œil ces dernières années, des formations ne venant d'ailleurs pas souvent du berceau originel du style. Tout de suite, je pense aux Tchèques de Brutally Deceased. Plus récemment, à Wombripper de Russie. Tiens, la Russie. C'est justement de là que vient Pyre qui a sorti son deuxième album Chained to Ossuaries en avril dernier sur Memento Mori. Label qui, en passant, sortira à la fin du mois le nouveau Wombripper. Pyre ne m'était toutefois pas inconnu puisque j'avais beaucoup aimé son premier méfait Human Hecatomb paru en 2014 via Chaos Records puis réédité il y a deux ans chez Redefining Darkness. Un potentiel confirmé sur les planches du Old Grave Fest IV à Bucarest en 2015 (mode "je me la pète" off). Depuis, le quatuor de Saint-Pétersbourg est devenu un trio, le bassiste-chanteur s'occupant dorénavant aussi de la batterie suite aux départs de son cogneur d'origine Kannib Maledik puis de son remplaçant Mal Noer, tous les deux évoluant dans le groupe de black metal Veter Daemonaz.
Il serait cependant réducteur de limiter Pyre à du simple Swedeath, surtout sur ce Chained to Ossuaries qui présente une évolution plus variée de la part de ses géniteurs. La base du death metal de Pyre s'appuie bien sur la recette stockholmoise à base de guitares tronçonneuses, de tchouka-tchouka accéléré et de leads insidieuses aux mélodies sinistres. Mais pas que ! On y retrouve en effet tout un tas d'autres influences comme Asphyx, Cruciamentum, Morbid Angel, Autopsy, du finlandais ... J'ai même noté un riff à la Mercyless ("Ornaments of Bones" à 1'58). Les Slaves ont également tenu à varier davantage les rythmiques, nous offrant souvent des accélérations thrashies bien bourrines absolument jouissives (une seule fois des blasts sur "Wreath of Crucifix" par contre, snif !) tout en gardant de la place pour du mid-tempo groovy et des ralentissements plus marqués à l'ambiance funeste délicieuse. Avec un talent certain dans tous les cas. Si "Impaler the Redeemer", après la courte intro "Exordium" qui empile tous les clichés (bruits étranges, hurlements, orgue d'église, feu ...) lance Chained to Ossuaries de la plus énergique des façons comme tout morceau d'ouverture qui se respecte (refrain très cool aussi !), et que "Wreath of the Crucifix" lui emboîte le pas de la même manière si ce n'est quinze premières secondes lentes et sombres, "Across the Shores of Emerald Fractals" va lui sérieusement plomber l'atmosphère sur un mid-tempo au riff noir presque hypnotique (celui de "Crown of Death", tout aussi excellent, fait le même effet). "Ornaments of Bones" débute sur les mêmes fâcheux auspices, sublimé par un bon solo assez mélodique, avant de péter un câble dans un accès de fureur jubilatoire qu'un solo chaotique vient renforcer puis de reproduire le même schéma contrasté le long des quasi cing minutes d'une des meilleures compositions de l'œuvre. La volonté de Pyre d'insister sur les ambiances continue sur le morceau-titre "Chained to Ossuaries" qui, malgré quelques élans frondeurs, cherche surtout à faire plonger l'auditeur dans les abîmes. Et le groupe de jouer avec les tempos sur tout le reste de l'album qui ne baissera jamais en qualité sur ses quarante minutes de bonheur pour tout amateur éclairé de death old-school. Pas de remplissage, tous les morceaux tuent.
Il faut dire que ce Chained to Ossuaries, s'il n'invente rien, s'avère intelligemment composé. Non seulement par rapport à cette diversité rythmique mais aussi grâce à un riffing remarquable (le sacro-saint tremolo-picking) plaçant de suite les Russes au-dessus de la mêlée. Impossible non plus de ne pas leur accorder un savoir-faire supérieur pour la mélodie noire et mémorable, que ce soit dans ces riffs, les leads sur les down-tempos ou les solos plus ou moins frénétiques selon la vitesse du jeu. Et en parlant de frénésie, il faut féliciter le chanteur Dym Nox au growl arraché des plus convaincants qui y met toute sa hargne. Même la basse a son mot à dire. Une réussite collective jusque dans cette production exemplaire (guitares rugueuses, caisse claire qui claque, grosse caisse qui ressemble à quelque chose ...).
Six ans après un Human Hecatomb déjà bien branlé, Pyre aura mis le temps pour confirmer son potentiel mais il est bel et bien confirmé. Chained to Ossuaries se révèle ainsi une belle leçon de death metal old-school, suédois mais pas que (je remets ici la liste Asphyx, Cruciamentum, Morbid Angel, Autopsy, Finlande, etc.), dont l'efficacité, la violence, l'ambiance et le groove ne peuvent que plaire. Les Russes me rappellent un peu Tormented dont on n'entend malheureusement plus parler. Seul vrai défaut que j'ai pu noter, cette tendance à tenir trop longtemps le même plan en fin de morceau ("Across the Shores of Emerald Fractals", "Crown of Death", "Death's Dawn Call", etc.). Pas très important au regard de tous ces riffs bien dark succulents ou ces sprints énervés qui rendent dingues. Car Chained to Ossuaries fait clairement partie des albums de death metal à écouter cette année qui n'en finit plus de nous en abreuver.
| Keyser 4 Octobre 2020 - 983 lectures |
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