Si j’ai bonne mémoire,
« Gallery Of Suicide » était l’album de la première fois pour un Keyser encore vierge de toute référence death metal. Pour ma part, si « Bloodthirst » est loin d’être le premier album de la mort que je me suis envoyé au petit déj’ (la primeur pour les frenchies de MASSACRA et leur bien nommé "Enjoy The Violence"), c’est sans nul doute celui qui m’a permis d’apprécier à leur juste valeur les groupes les plus brutaux du genre DM. Death old school mis à part, à une époque où je plafonnais au rythme pépère du death mélodique suédois, passer au révélateur CANNIBAL CORPSE m’a donc fait un bien fou. Il faut dire, ce 7ème full length des Américains avait tout pour séduire, et en premier lieu son illustre producteur. Si j’avais toujours regretté certaines carences en la matière lors de mes précédentes tentatives
(« Tomb Of The Mutilated »,
« The Bleeding » et même
« Vile », malgré le bon boulot de Scott Burns), là, avec Colin Richardson aux manettes, le gros son crunchy post-« Heartwork » facilita grandement les choses. C’est une des raisons de mon attachement à « Bloodthirst », mais pas la seule.
On raille souvent Canniboule sur ses points faibles, que ce soit Paul la blastouille ou le gore grand guignol dont il a fait son cheval de bataille depuis ses débuts en 1988. L’ennui, c’est que l’on occulte bien souvent ce qui a permis à CANNIBAL CORPSE d’avoir une si riche et longue carrière : LES RIFFS. Car là où bon nombres de frères d’armes sacrifient un peu trop l’efficacité sur l’autel de la technique, avec les New-Yorkais, le quota d’hymnes est souvent garanti. Bien sûr, l’âge et l’usure allant, leurs derniers méfaits en sont dépourvus mais au moins jusqu’à
« Kill », il restait largement de quoi faire. Revenons à « Bloodthirst ». Onze titres pour 33 minutes et un seul bouche trou, la peu inspirée « Sickening Metamorphosis ». Pour le reste, c’est carton plein ! Du hit à la pelle pour déterrer autant de cadavres malmenés par l’aberration de l'artwork issue du torturé Vince Locke (du temps où son cachet ne gonflait pas autant que ses chevilles). Les classiques, on les connait par cœur. Indéboulonnable de leurs setlists, « Unleashing The Bloodthirsty » et sa rythmique scie sauteuse enrayée sur os récalcitrant du plus bel effet, immédiatement suivie d’un râle vomitif de George qu’on s’est tous surpris à imiter un jour devant la glace, au volant ou en faisant la queue au supermarché. Malgré son accélération bovine à mi chemin, vu ce qui nous attend derrière, c’est la plus reposante du lot avec l’agréable « Coffinfeeder ». Car autant CANNIBAL CORPSE avait un tant soit peu varié son propos sur l’évolutif
« Gallery Of Suicide », autant là, on a affaire à l’un des opus les plus hystériques qui soit ! Dès l’infernale « Pounded Into Dust », ça tronçonne à qui mieux mieux pour un rendu ultra-jouissif. Hachés menu par la science du riff d’un duo très complémentaire (Pat O’Brien pour l’épate, Jack Owen pour la patte old school), on ne peut que s’incliner devant la maestria barbare de « Dead Human Collection », « Blowtorch Slaughter » ou encore « The Spine Splitter », que ma mère a un jour confondu avec le ramdam de sa machine à laver.
Voilà pour les plus réputées/jouées par le groupe. Pour autant, il serait criminel de passer à côté de certaines perles plus méconnues comme la vicelarde « Ecstasy In Decay », signée par le duo Mazurkiewicz/O’Brien. Du riff mange méninges combiné à l’art du saucissonnage made in USA, tout un programme ! Quant à l’oubliée de service, « Raped By The Beast », ça relève de l’incompréhensible tellement elle associe à merveille tempi thrash, blasts, semi blasts et groove indécent sur son fantastique final. Les soli ? Encore suffisamment soignés pour qu’on ait le sentiment qu’ils apportent quelque chose, même si c’est avant tout pour son jusqu’au-boutisme rythmique qu’on insérera « Bloodthirst » dans la platine. Ereintant dans le bon sens du terme, l’album prend à la gorge d’entrée pour ne plus relâcher son étreinte, jusqu’à la boucherie finale d’un « Condemned To Agony » enfonçant définitivement le clou. Dans le registre catalogue de séquences brise-nuques réunies à l’intention des générations futures, « Bloodthirst » se pose donc là et suivant la date d’expiration de votre carte de membre du Chris Barnes club, il n’est pas du tout interdit d’y voir le meilleur album du groupe.
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