Demandez à
Fvnerals : rendre sa musique plus lisible alors qu’elle profitait auparavant du mystère est un exercice périlleux.
C’est pourtant ce qu’a décidé de faire Bank Myna, formation française trop peu connue. Composé de Constantin du Closel, Fabien Delmas, Maud Harribey et Daniel Machо́n, le quatuor m’avait enthousiasmé avec
Volaverunt et sa base doom alliant post-rock, drone et minimalisme. Cet album était essentiellement une affaire de climat, piochant chez Godspeed You! Black Emperor ou Nadja tout en travaillant son propre univers, la voix de Maud comme phare.
Les références restent les mêmes et pourtant, le ton a changé avec
Eimuria. Bien plus explicite, Bank Myna conserve son goût pour les frontières devenant mondes, entre doom et post-metal, ambient et post-rock, gothique et shoegaze. On pense désormais davantage à Anna Von Hausswolff et Emma Ruth Rundle qu’à Big Brave, la musique ne se faisant plus cycles mais flots, tirant parfois vers la tempête (la fin de « Burn All The Edges »). Un risque, qui demande à savoir transmettre les mêmes sensations de solitude parmi les éléments par des lignes concrètes.
Bank Myna relève le défi et parvient à en sortir la tête haute sur
Eimuria. Cela tient en premier lieu à cette voix transmettant une diversité d’émotions, la solennité comme dénominateur commun. Maud susurre, clame, hurle même ; sa prestation reste guidée par une emphase renvoyant à un romantisme recueilli et ambigu, entre noirceur des sentiments et beauté naissant du déchaînement. Les autres instruments suivent ces expressions d’humeurs liées entre elles : plus structurée, la musique des Parisiens n’en est pas pour autant plus facilement définissable, les compositions ne se laissant pas prendre à la répétition ou les enchaînements classiques.
Eimuria, bien que formellement différent de
Volaverunt, demande pareillement à se laisser embarquer, charmé par les atmosphères rituelles, presque « anglaises » (on peut penser à certains tableaux préraphaélites à son écoute ou au regard de l’artwork), qu’il développe. Il possède le même sens pour le figuratif symbolique, à la fois détaillé et irréel, où l’oreille trouve toujours à écouter sans ennui. La production donne ainsi la place à chaque instrument, d’une basse vrombissante (les lignes graves de « The Shadowed Body ») à un violon qui s’étend dans les airs pour se mêler au ciel (« L'Implorante »).
Il y a une humilité charmante sur
Eimuria, une façon de présenter sa musique riche avec simplicité qui me rappelle l’émerveillement que pouvait procurer un projet éphémère comme
Âge Total (pour rester dans le doom français approprié plus que révéré) ou la découverte de
Feast for Water de Messa. Cette modestie n’est pas sans effets négatifs : l’objet physique dans sa version CD est bien emballé, personnalisé pour chaque acheteur, mais chiche en lui-même ; la musique manque parfois d’ampleur sur l’ensemble, ressemble à une collection de titres partageant un même univers mais à qui il manque un fil rouge global. Le mystère envolé, il ne reste plus que la puissance des corps et le pouvoir des paroles ; Bank Myna possède suffisamment des deux pour offrir une œuvre magnifique dans le futur. Et c’est bien uniquement cette beauté ultime qu’il s’agit d’atteindre – le reste étant déjà pleinement présent.
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