Deux ans se sont écoulés depuis la sortie de
The Formulas Of Death. Deux années durant lesquelles la carrière des Suédois de Tribulation a été quelque peu chamboulée avec notamment une signature sur le label allemand Century Media. Le groupe a ainsi rejoint un roster où ont également trouvé place quelques groupes issus de la scène Death Metal underground tels que les Français de Necrowretch ou bien encore certains de ses compatriotes comme Miasmal et Morbus Chron. Une opportunité bien difficile à refuser d’autant que les aspirations de Tribulation ont pour le moins évoluées depuis la sortie de
The Formulas Of Death. Un album ambitieux qui s’inscrivait bien loin du cadre souvent trop étriqué et formaté du Death Metal tel qu’on le connaît (notamment après l’excellent mais néanmoins très classique
The Horror).
Avec ce deuxième album, Tribulation laissait ainsi de côté le Death Metal old school pour se pencher sur une musique plus élaborée et personnelle (une rencontre entre le Death Metal et le Rock progressif 70’s, le tout auréolé d’une atmosphère horrifique plus subtile qu’auparavant), notamment grâce à un travail de composition extrêmement abouti. Un pied de nez plutôt inattendu à tous ceux qui avaient suivi les premiers pas de Tribulation et s’attendaient à un simple retour aux affaires après quatre ans d’absence. De fait, nombreux sont ceux à avoir dit non à
The Formulas Of Death qu’ils jugeaient pour certains trop long, pour d’autres trop progressif et pas assez direct. Bref, en prenant des risques, Tribulation a évidemment perdu une partie des fans de la première heure même s’il en a certainement gagné d’autres au passage. Une chose est sûre, avec
The Children Of The Night, le groupe originaire d’Arkiva semble bien décidé à réitérer l’exercice. On n’en attendait de toute façon pas moins de la part de ceux qui ont entrainé dans leur sillage un certains Morbus Chron.
The Children Of The Night reprend donc la même formule que celle utilisée par le groupe sur son album précédent, Tribulation ayant néanmoins décidé d’alléger cette fois-ci le contenu pour repasser en dessous de la barre des soixante minutes (à l’exception de la version digibook contenant deux titres supplémentaires dont une reprise de The Cure). Pour le reste, ce troisième album suit donc les traces de son prédécesseur en prenant soin néanmoins d’enfoncer un petit peu plus le clou, quitte à perdre encore un peu plus de monde au passage.
Pour être tout à fait honnête avec vous, le coup de cœur n’a pas été immédiat. Surpasser l’excellent
The Formulas Of Death s’annonçait comme un exercice compliqué et mes premières écoutes de
The Children Of The Night, sans être laborieuses, se sont révélées plutôt mitigées et naturellement bien moins surprenantes. Un effet de surprise disparu qui, s’il ne rentre pas en ligne de compte dans mon appréciation globale, a néanmoins joué un rôle sur la perception que j’en ai eu lors de ma phase de découverte. Bref, tout ça pour vous dire qu’il a fallu persévérer pour tomber sous le charme de ce nouvel album.
Comme
The Formulas Of Death,
The Children Of The Night est un album nécessitant un travail d’écoute approfondi et attentif de la part de l’auditeur. La première chose à faire est donc de se débarrasser de tous ses aprioris et idées préconçues au sujet du groupe suédois ou de la musique progressive et surtout de ne pas aborder ce nouvel album comme un simple disque de Death Metal, ce qu’il n’est certainement pas. La musique de Tribulation recèle en effet de subtilités qui ne se dévoileront qu’au fil des écoutes, notamment à travers un travail d’arrangements tout à fait intéressant. Celui-ci contribue par des touches discrètes et intelligentes et grâce à l’utilisation d’instruments aussi divers et variés qu’un synthétiseur, un piano, un orgue, un vibraphone etc..., à la mise en place d’une atmosphère horrifique quelque peu poussiéreuse mais surtout élégante et sophistiquée à la fois.
The Children Of The Night s’apparente ainsi à une sorte d’Opéra Rock british (à l’image de ce qui se faisait dans les années 70 avec des groupes comme The Who, Pink Floyd, David Bowie et autres Queen...) à la sauce Black/Death (dans une version néanmoins allégée). Un album toujours très ambitieux dont l’envergure et la personnalité viennent rappeler qu’il est toujours possible de faire quelque chose d’original en matière de Death/Black, et cela même en 2015.
L’autre atout de Tribulation réside assurément dans sa paire de guitaristes. Adam Zaars et surtout Jonathan Hultén proposent une fois de plus quantité de riffs racés et envoûtants et surtout de leads/solos mélodiques capables de vous filer la chair de poule. Soyez néanmoins prévenus, il n’y (plus) rien d’agressif dans le jeu des deux garçons finalement plus proche d’un esthétisme Rock/Prog/Heavy Metal qu’autre chose (production naturelle, son clair et pur...). Si vous êtes alors capables d’accepter sereinement cette idée et si tant est que vous soyez amateurs de ce genre d’exercice, vous ne pourrez que vous délecter à l’écoute de ces passages absolument saisissants et épiques ("Strange Gateways Beckon" à 3:13, "Melancholia" à 1:53 et 3:40, "In The Dreams Of The Dead" à 3:05, "The Motherhood Of God" à 2:45 et 3:34, "Strains Of Horror" à 3:22, "Holy Libations" à 3:22 et 4:24 etc...). Une belle démonstration de talent et de doigté sans pour autant en faire des caisses. C’est beau, efficace et sans longueurs (chose qui était reproché à son prédécesseur dont certains titres s’étiraient sur plus de dix minutes).
Finalement, il n’y a plus que le chant de Johannes Andersson pour rappeler les origines Death/Black de Tribulation. Derrière ses longues dreads, le Suédois continue d’éructer sans forcer de sa voix râpeuse et arrachée. Un élément qui malgré la place prépondérante des guitares et des mélodies poussiéreuses, demeure tout à fait primordial à la musique de Tribulation. Cette voix vient en effet contrebalancer la nature mélodique et presque contemplative de la musique, la souillant ainsi de ses mots malades et putrescents. Une ambivalence constante et nécessaire au propos d’un Tribulation terminant ainsi avec
The Children Of The Night la dernière phase de sa mutation entamée quelques années plus tôt.
J’imagine que vous connaissez tous l’expression anglaise "Love at first sight"? Et bien me concernant, on ne peut pas dire que ce soit ce que j’ai éprouvé à la découverte de ce nouvel album de Tribulation. Plutôt circonspect aux premières écoutes (ni bon, ni mauvais), le déclic n’est venu qu’assez tardivement alors que je pensais mon avis irrévocable. Force est de constater que je me suis lourdement trompé tant
The Children Of The Night a depuis fait son chemin et fini par révéler ses nombreuses qualités. Aussi, j’insiste sur la nécessité de persévérer dans les écoutes de cet album si jamais vous veniez à être dans le même cas que moi et ne pas trop savoir quoi en penser.
The Children Of The night se dévoile au fil du temps et des écoutes, chose que l’on a de moins en moins tendance à faire lorsqu’un disque ne nous séduit pas dès les premiers instants. Bref, tout ça pour vous dire que Tribulation termine ici sa transformation en beauté en mêlant avec subtilité et élégance des univers liés et pourtant bien différents les uns des autres.
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