Il y a trois ans quasiment jour pour jour sortait
Down Below, quatrième album des Suédois de Tribulation et, en ce qui me concerne, première véritable déception à l’égard de ce groupe qui avait su prendre beaucoup de risques en conservant toute sa pertinence et sa force persuasive. De fait, je ne peux pas dire que j’avais beaucoup d’attentes vis à vis de ce nouvel album intitulé
Where The Gloom Becomes Sound (titre emprunté aux paroles d’"Hades Pluton" de Sopor Aeternus) et cela même si au fond de moi j’espérais que ce faux pas serait corrigé ici avec cette flamboyance dont Tribulation avait le secret. Et oui, "avait", car il semble que tout cela soit définitivement de l’histoire ancienne pour ce groupe qui, avec le récent départ de son guitariste Jonathan Hultén ayant davantage le coeur et l’esprit à son projet solo (remplacé dans la foulée par Joseph Tholl (V.O.J.D., ex-Enforcer, ex-Black Trip, ex-Corrupt)), aura probablement fort à faire pour retrouver ce qui lui manquait déjà il y a trois ans et qui continue encore aujourd’hui de lui faire cruellement défaut...
Vous l’aurez compris, ce nouvel album ne redressera pas la barre (même si je le trouve un poil meilleur que son prédécesseur). En tout cas pas en ce qui me concerne et cela pour les exactes mêmes raisons qu’il y a trois ans (raisons que j'avais d'ailleurs bien du mal à expliquer). Pourtant,
Where The Gloom Becomes Sound n’est pas un mauvais album (loin de là). De la production soignée qui n’en oublie jamais de cultiver ces atmosphères gothiques, brumeuses et victoriennes qui émanent de ces mélodies ou de ces paroles à ces compositions parfaitement exécutées qui en soit n’on pas grand chose à se reprocher en passant par cette instrumentation particulièrement riche et variée (synthétiseurs, pianos, cordes frottées...) où à la largesse des thèmes occultes et mystérieux abordés (des djinns du Moyen-Orient à Inanna, déesse mésopotamienne en passant par Lethe, personnage de la mythologie grecque, la vie, la mort, la renaissance...), je comprends que l’on puisse trouver cet album particulièrement agréable. Sauf qu’après deux albums comme
The Formulas Of Death et
The Children Of The Night et bien je ne peux m’empêcher d’exprimer quelques regrets. Certes, comme toujours avec Tribulation depuis
The Formulas Of Death (bien loin de l’immédiateté d’un
The Horror), mes écoutes successives m’auront permis de faire évoluer mon appréciation de ce nouvel album dans le bon sens (même si la première écoute fût plutôt pénible) mais je ne peux malgré tout m’empêcher de regretter le Tribulation d’il y a quelques années.
Comme pour
Down Below, on sent ainsi chez Tribulation un certain manque d’envergure qui se traduit ici par des titres toujours très sympathiques, oui, mais finalement plutôt vains et inoffensifs. Il n’y a ainsi tout au long de ces quarante-huit minutes pas un seul véritable moment de grâce, aucune vraie flamboyance (de celles capables de vous donner la chair de poule), tout juste quelques instants fugaces où l’auditeur pourra encore se laisser porter par quelques mélodies envoûtantes qui faisaient déjà en partie le charme de ces deux précédents albums évoqués un peu plus haut et par cet esthétisme soigné (aussi bien visuel que musical) qui reste, il est vrai, l’une des forces des Suédois. Ainsi, c’est bien le sentiment d’un Tribulation qui récite sa leçon sans jamais chercher ni réussir à briller qui persiste au fil des écoutes (même si, comme je l’ai déjà dit un peu plus haut, les enchaîner a semble-t-il été bénéfique).
Se sachant probablement déjà sur le départ lors de la composition et de l’enregistrement de ce dernier, Jonathan Hultén a-t-il retenu ses riffs, ses idées, ses mélodies ? S’est-il contenté du strict minimum ? Impossible de le savoir mais cela n’a pas beaucoup d’importance puisque le résultat n’en serait pas différent pour autant. J’ai beau lire ici où là qu’il s’agit pour certains de l’oeuvre la plus complète et la plus aboutie des Suédois, je ne peux me résoudre à être d’accord avec ce genre d’assertions alors que je déplore à chaque nouvelle écoute l’absence quasi-totale de ces leads et autres solos mélodiques qui, à l’époque, me donnaient la chair de poule. Bien entendu, on en trouve encore quelques-uns tout au long de l’album comme par exemple sur "Daughter Of The Dijnn" à 4:07, "Elementals" à 1:54, "Inanna" à 2:20 ou "The Wilderness" à 3:11 mais en dépit de leurs qualités évidentes et de ces émotions qui s’en dégagent, ces derniers m’emballent tout de même un peu moins qu’auparavant ou sont alors beaucoup trop brefs pour espérer tenir la comparaison avec par exemple un "Melancholia" ou un "In The Dreams Of The Dead".
Encore une fois, c’est un sentiment partagé qui m’habite ici à l’écoute de
Where The Gloom Becomes Sound. Comme son prédécesseur, ce cinquième album que j'aime plus que je ne le déteste est loin d’être mauvais ou bien désagréable. On se surprend même, après l’avoir trouvé pourtant très ennuyeux lors de sa découverte, à l’apprécier de plus en plus au fur et à mesure que se révèlent certaines de ses subtilités. Une constante pour un groupe qui depuis son deuxième album demande effectivement un poil d’engagement de la part des auditeurs. Pour autant, si je ne peux pas cracher sciemment sur ce nouvel album, je trouve qu’à l’image de
Down Below il lui manque là encore cette étincelle qui faisait notamment de
Children Of The Night un album flamboyant absolument incroyable. Paradoxalement, au-delà de cette nouvelle "déception" (avec des guillemets) qui ne concerne évidemment que moi, il faut bien comprendre que
Where The Gloom Becomes Sound est une fois de plus un album particulièrement habile et bien ficelé (mélange de Death Metal et de Goth Rock avec une imagerie et des atmosphères particulièrement travaillées, soignées et prenantes) qui en dépit de ces quelques reproches que j’ai à lui adresser figure malgré tout parmi ce que l’on a entendu de mieux dans le genre. Bref, je t'aime Tribulation mais c'était quand même un peu mieux avant !
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