Gjoad - Samanōn
Chronique
Gjoad Samanōn
Comme à la vieille (grande ?) époque, celle que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître, c’est d’abord le très bel artwork qui m’a poussé à jeter une oreille sur Gjoad (une peinture de Franz Steinfeld). Le combo autrichien sort là son premier album chez Antiq, pétri au son d’un post rock très ambiant, presque dark folk, rempli d’instruments traditionnels divers et variés, pour un rendu destiné à exposer à la face du monde la grandeur de Mère Nature et, plus précisément, des montagnes autrichiennes qui l’encerclent. Axé sur les mythes et légendes alpines, pour ce que j’ai pu en saisir, Samanōn est un album tout à fait recommandable et un premier essai largement validé.
Propice à la contemplation, Rouh – Samanōn donne le ton d’entrée en plaçant l’auditeur en situation de méditation, comme placé devant l’immensité des montagnes, le regard perdu sur l’horizon dentelé des crêtes enneigées. Très ambiant, cette introduction de plus de 14 minutes évolue au gré de ses arrangements, petites cloches et bols tibétains en arrière plan, notes de guitares éthérées, légers tambours et harpe dressent un voile mystique reposant alors que surgit la guitare sèche et ses accords dark folk lumineux et enlevés. La contemplation mute ; la grandeur du paysage dépeint prend le dessus, sa dynamique impose à l’auditeur de bouger le regard, de se déplacer pour éviter la menace animale, naturelle ou humaine à l’image des tambours qui traduisent l’arrivée d’une tribu hostile. Tel un voyage, la musique de Gjoad fait défiler devant nos yeux les images que la musique dépeint. Dès la moitié du morceau, point de pont central, mais un changement de direction, le combo adoptant des atours bien plus proche du post rock, avec ses montées en puissance caractéristiques et ses explosions idoines (évident vers la 10’). De nouveau, après 11’30, c’est de nouveau le dark folk qui reprend le devant de la scène, pour un nouveau changement d’ambiance.
Peraht et Hagazussa reprennent les mêmes codes. Les aspects post rock sont très forts sur ces titres, qui montent en puissance durant plusieurs minutes, empli d’atours prog’ et ultra mélodiques, gonflé de réverb’ et propice, de nouveau, à la méditation. La même impression d’une promenade sur les sentiers enneigés, au cœur d’une forêt dense de conifères, accompagnée des senteurs et couleurs propres aux végétaux d’altitude, se fait ressentir. De nouveau, la musique traduit puissamment les images que l’on se donne. Peu de combos peuvent se targuer de cette science, à l’image d’Earth and Pillars, Panopticon ou Wolves in the Throne Room par exemple. Gartsang traduit également cette mélancolie, la tristesse contemplative qui vous envahit un jour maussade de pluie ou d’orage arrosant la forêt. Quant à Untar, il clôture l’album en cohérence, avec quelques touches mystiques, quasi religieuses et une longue complainte mélancolique, annonçant la fin du voyage.
Profondément habité, ce premier album de Gjoad est une vraie réussite, un voyage initiatique de toute beauté au-delà des cimes et de la canopée, une ballade lente et contemplative qui n’oublie jamais de retranscrire en musique les merveilles que l’on se donne à voir. Antiq avait déjà mon respect ; Gjoad vient de l’acquérir.
| Raziel 1 Août 2021 - 1106 lectures |
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