Après un EP pour le moins convaincant qui aura notamment permis d’installer officiellement et avec un certain panache monsieur Joseph Tholl (Tyrann, VOJD, ex-Enforcer, ex-Black Trip, ex-Corrupt…) en tant que remplaçant du néanmoins regretté Jonathan Hultén, il semblerait que Tribulation ait eu à coeur de ne pas se tourner les pouces trop longtemps puisque le groupe suédois signait le mois dernier (soit un an et demi après la sortie d’
Hamartia) son grand retour sous les couleurs encore une fois du label Century Media Records.
Intitulé
Sub Rosa In Æternum, ce sixième album a su à la différence de ses deux prédécesseurs susciter chez moi pas mal d’excitation en préambule de sa sortie grâce à quelques extraits bien choisis, notamment "Tainted Skies" et "Saturn Coming Down". Cet intérêt ravivé à l’égard des Suédois (même si celui-ci n’a jamais véritablement disparu) n’est en aucun cas le fruit d’un retour à des sonorités Death Metal (voilà bien une idée saugrenue qu’il faudrait que j’arrive à m’enlever de la tête un jour...) mais plutôt de mises en bouche à la fois efficaces et terriblement entêtantes qui ont donc su titiller certaines de mes cordes sensibles. Quant aux deux autres singles qui ont suivi ("Hungry Waters" et "Murder In Red"), s’ils ne m’ont pas autant convaincu (en tout cas pas de manière aussi immédiate) c’est en grande partie parce qu’ils témoignent d’un nouveau désir d’émancipation de la part de Tribulation vraisemblablement bien décidé à explorer de nouveaux horizons tout en continuant à s’affirmer dans cette voix qui est la sienne depuis déjà maintenant plusieurs années.
Avec
Sub Rosa In Æternum, Tribulation a en effet choisi d’embrasser pleinement certaines influences restées jusque-là consciencieusement planquées sous le paillasson ou alors abordées de manière nettement moins flagrantes. Bien sûr, depuis la sortie de
The Formulas Of Death en 2012, le groupe n’a jamais fait aucun mystère de son attirance pour un certain esthétisme gothico-romantique que ce soit à travers ses visuels, sa musique et ses paroles mais ce nouvel album est pour la formation suédoise l’occasion de s’essayer à de nouvelles choses quitte, une fois de plus, à diviser même parmi ceux qui suivent le groupe depuis son premier changement de cap opéré en 2013.
Après des années passées à growler de manière relativement linéaire, Johannes Andersson s’est dit qu’il était peut-être temps d’essayer autre chose. Celui-ci s’est ainsi décidé à la jouer également crooner de crypte sombre et poussiéreuse en usant (beaucoup mais pas que) d’une voix chaude et suave qu’on ne lui connaissait pas vraiment (cette reprise de Blue Öyster Cult l’année dernière aurait dû nous mettre la puce à l’oreille). Plutôt surpris au début, je dois bien reconnaitre que l’exercice est dans l’ensemble plutôt maitrisé même si certaines séquences paraissent tout de même un brin forcées, notamment certaines dictions un poil théâtrales qui à l’oreille manquent un petit peu de fluidité comme par exemple sur "Hungry Waters" ou "Murder In Red". Ceci dit, il n’y a là rien de rédhibitoire puisqu’on se laisse tout de même rapidement prendre au jeu de ce chant mélodique évoquant tout autant Andrew Eldritch de The Sisters Of Mercy et Carl McCoy de Fields Of The Nephilim.
Ce chant n’est pas le seul élément nouveau distinguant
Sub Rosa In Æternum puisque ce nouvel album est également marqué par des sonorités Post-Punk particulièrement flagrantes. Cela passe par une basse qui n’a jamais autant résonné qu’ici et plus globalement une section rythmique largement mise à contribution comme c’est le cas sur "Tainted Skies", "Saturn Coming Down", "Hungry Waters", "Drink The Love Of God" ou ce "Poison Pages" qui clôture l’album et que l’on croirait tout droit sorti des années 80. Certaines nappes de synthétiseurs renvoient également à cette époque comme par exemple sur "Hungry Waters", "Murder In Red", "Reaping Song" et "Poison Pages" tout comme pas mal d’autres petits arrangements plus discrets ou plus brefs à l’image de certaines sonorités électroniques plutôt nouvelles (comme sur "Hungry Waters", "Murder In Red" ou "Reaping Song" par exemple). Mis bout à bout, tous ces éléments permettent à Tribulation d’amener un petit peu de fraîcheur à sa formule sans pour autant complètement chambouler tout ce qui fait son charme depuis maintenant une bonne dizaine d’années.
Car si avec
Sub Rosa In Æternum le groupe suédois laisse libre court à certaines idées effectivement nouvelles, ce dernier poursuit dans les grandes lignes la pratique d’un Dark Rock (ou Metal Gothique, je ne sais pas trop) plutôt similaire à ce que l’on pouvait déjà retrouver sur ses deux albums précédents. Une musique sombre et mélancolique, plutôt entrainante malgré quelques passages naturellement plus en retenu et surtout toujours aussi délicieusement mélodique grâce notamment à de chouettes leads et autres solos ("Tainted Skies" à 2:46, "Hungry Waters" à 3:11, "Drink The Love Of God" à 1:50, "Murder In Red" à 3:38, "Time & The Vivid Ore" à 2:26) qui avec eux vont amener tout un tas d’ambiances toujours aussi élégantes et lugubres à la fois.
Idéal pour passer et supporter ces sombres journées d’hiver marquées par le froid, la pluie, l’absence de lumière et des nuits dévorantes,
Sub Rosa In Æternum ne devrait pas avoir trop de mal à convaincre une fois de plus toutes les personnes un tant soit peu sensibles à un certain esthétisme gothique, romantique et mélancolique. Pour autant, ce sixième album pourrait tout de même créer quelques scissions parmi les fins esthètes de la formation suédoise en grande partie parce qu’il aborde de manière plus franche des sonorités jusque-là plus ou moins effleurées. Des sonorités qui une fois encore s’éloignent non pas évidemment du Death Metal des débuts mais de ce Metal Gothique qui était jusque-là encore largement marqué par certains stigmates du passé (je pense évidemment à ce growl abrasif désormais partagé avec un chant nettement plus théâtral et mélodique). Entre cette voix chaude, ces sonorités Post-Punk et dans une moindre mesure électroniques et ces quelques titres tout de même beaucoup plus feutrés ("Hungry Waters", "Murder In Red", "Reaping Song"), il est clair aujourd’hui que Tribulation, avec toute la classe et l’aisance qui le qualifient, a souhaité élargir sa vision quitte à faire grincer à nouveau quelques dents. D'ailleurs qu'en pensent les détracteurs, force est de reconnaître que c'est une fois de plus grandement réussi malgré peut-être quelques ajustements.
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