Après les exactions hardcore atmosphérique de
Burst sur un
« Lazarus Bird » sorti en fin d'année dernière, après le power/thrash vitaminé d'un
Lazarus A.D. d'humeur massacrante, après maints retards et annulations sur la ligne Houilles/Carrière – Paris St Lazarre, voilà que c'est maintenant au tour de Hacride de placer son troisième album, « Lazarus », sous le signe du retour d'entre les morts. Pourtant au vu de l'accueil réservé à
« Amoeba », du délais relativement raisonnable entre les sorties de leurs deux derniers bébés et d'une reconnaissance sans cesse croissante, on serait plutôt tentés de voir dans le groupe poitevin une force vive de la scène métallique française plutôt qu'une formation moyennement fraîche tirée de sa torpeur cadavérique par l'appât du gain (
ou par un coup de pied au cul christique).
En fait, au vu du contenu de « Lazarus », c'est plus la métaphore de la mue que celle de la résurrection qui sied à Hacride. Abandonnant sa vieille carapace toute de froides polyrythmies et de technique chirurgicale, le groupe revêt à présent la tunique (
le suaire?) de la sagesse et de la maturité, et nous revient plus posé – bien que toujours autant plein de rage –, sûr de lui au point de laisser vivre ses compos sur la longueur comme sur les atmosphères, en dehors des standards usuels et de l'éventuelle attente des fans. C'est ainsi à un mariage du chaud et du froid, du pêchu et du zen, du tranchant et du smooth qu'il nous convie, les nouveaux morceaux possédant plusieurs couleurs, plusieurs facettes - une vie propre quoi! -, le ressenti, les émotions, la création de micro-univers musicaux primant dorénavant sur l'esbroufe technique et les triples axels rythmiques.
Cette nouvelle approche, si on devait la ramener à l'une de ces comparaisons qui déplait tant aux groupes en phase d'émancipation stylistique, équivaudrait à un éloignement des jupes de maman
Meshuggah pour aller faire les 400 coups avec les potes de la bande à
Textures. En effet comme leurs compagnons de label bataves, Hacride possède à présent un vocaliste capable d'œuvrer dans le braillé furieux comme dans l'apaisé vicieux, et ses saccades sismiques se trouvent dorénavant aérées au moyen de plages contemplatives – quand ce n'est pas carrément l'optique inverse, autrement dit des compos aux allures d'hymnes à l'introspection sereine qui bénéficient d'injections redynamisantes de furie tellurique.
« Lazarus » nous fait donc voyager pendant presque une heure, sept morceaux (
forcément longs) suffisant à nous faire admirer un panel conséquent de paysages sonores grandioses. Et malgré le format des titres, je peux vous dire qu'il est bien rare qu'on ait envie de regarder sa montre tant la construction de l'ensemble et la balance entre les différents passages tiennent aussi expertement en haleine que le scénario d'un « Usual Suspects » métallique. Longuettes les 15 minutes de l'introductif « To Walk Among Them »?: tatata, elles passent toutes seules, sans même qu'on s'en rende compte… Et c'est avec délice qu'on déguste tout au long de l'album cet habile agencement de réminiscences du Hacride passé et de passages aux proportions toutes cinématographiques pouvant rappeler
Textures comme Mr
Townsend. On se délecte de chaque détail, du travail d'Olivier qui contrebalance d'occasionnelles arythmies par la légèreté d'un toucher jazzy, de ces violents retours de saccades dévastatrices dotées cette fois-ci d'un je ne sais quoi de plus organique, voire de plus groovy, de ces passages acoustiques ou électro-acoustiques plus fréquents que par le passé, ou encore de ces nappes de … clavier (
à vérifier?) qui, de manière discrète, densifient et allègent tout à la fois certains passages. Mais malgré l'homogène bonne tenue de l'ensemble, j'avoue avoir un gros coup de cœur pour « A World of Lies » dont la deuxième moitié est fabuleuse, que ce soit lors de ce passage en chant clair sur une mélodie grandiose à 4:09 ou sur cette montée en puissance suivie d'une mosh part moderne de folie qui dévaste tout par deux fois à 5:45 puis 6:40. Nom d'un petit pogo, c'est pour des passages comme ça qu'on écoute du metal: merci Hacride de recharger nos batterie de manière aussi magistrale!
Décidément, alors que je pensais avoir eu ma dose d'un « metal moderne » bien souvent trop froid et prise de tête, après un premier rappel à l'ordre en début d'année sous la forme du dernier
Mistaken Element, voilà que « Lazarus » passe la 2e couche et finit de ma réconcilier avec le genre, au point que j'envisage sérieusement de transformer le CD promo reçu pour l'occasion en son pendant complet et payant – C'est vrai quoi, si on n'achète pas un album de cette trempe, on n'achète plus rien! En tout cas ce qui est sûr c'est que Hacride est passé du statut de putain de groupe de metal français à celui plus difficilement accessible de putain de groupe de metal tout court. Et c'est parfaitement en phase avec le titre de l'album que, définitivement, sur « Lazarus » on voit Hacride se lever et marcher vers le succès.
19 COMMENTAIRE(S)
20/05/2009 20:51
19/05/2009 12:08
Autrement, on l'oublie assez vite. Tout le reste est monstrueusement beau.
18/05/2009 19:58
Et oui, CULTE!
18/05/2009 19:56
Pour moi il est parfait. Quand on s'immerge dedans et beh c'est bonheur.
Depuis que je l'ai, je l'écoute "au moins" une fois (deux fois?) par jours!
Beaucoup de chose , beaucoup de couches... fa
18/05/2009 06:24
17/05/2009 21:53
La chronique est très juste et rend bien à quel point cet album est bon! Je suis très agréablement surpris. Le progressif est là, c'est clair, au point qu'il me semblait entendre Lateralus (l'album en général, pas la chanson) de Tool sur "A world of Lies"
Un album très que je trouve très mature et bien composé dans l'ensemble. C'est typiquement le genre d'album (au même titre que Tool d'ailleurs, c'est dire) qui s'écoute d'une traite!
Pour moi c'est 10 (soutenons l'effort des groupes métal français!)
17/05/2009 19:49
C'est rien mais pourtant il m'agace au possible!
17/05/2009 17:45
16/05/2009 17:57
C'est choquant sur ce nouvel album et pas très agréable. Comme chez Klone quoi. Ca me fait sourire en tout cas.
16/05/2009 02:34
Ah ? Pour le coup ça ne m'a pas choqué ... Je vais réécouter ça en y faisait attention pour voir ...
15/05/2009 21:20
Sinon vous ne trouvez pas que Sam a un putain d'accent français ? Ca me choque beaucoup sur les parties chantées/parlées... Alors que j'avais pas du tout remarqué ça sur Amoeba, ça fait bizarre.
15/05/2009 14:11
Quel bijou, les alternances dans les ambiances, les grosses accélérations, les ryhtmiques, le chant, les soli...
Tout est bon!
15/05/2009 06:24
C'était surtout pour garnir ma chro d'une connerie de plus !
C'est juste une ligne de banlieue comme une autre: quand il y a un pb qq part, c'est ce type de ligne qui absorbe les problèmes et subit les désagréments. Et il est vrai qu'il m'est arrivé plus d'une fois de voir un train supprimé alors que je devais rentrer rapidement chez moi ...
15/05/2009 02:56
Houilles/Carrière – Paris St Lazarre : elle est si casse-pieds que ça cette ligne? Je la prends souvent et j'ai jamais constaté d'irrégularité...
12/05/2009 19:52
Ahhh la ligne J. Quelle ligne de merde qui me sort par les yeux.
Bref, chroniques dans les semaines à venir un peu de mal à rentrer dans l'album, mais ça sent le gros truc !
12/05/2009 15:32
Un album qui alterne les genres, étire ses morceaux en longueur, joue sur les atmosphères et donne dans le Textures-like, c'est un peu une longue périphrase pour ne pas employer explicitement le mot "progressif", non ?
J'ai lu vite fait la chronique en fait...
12/05/2009 15:20
Un album qui alterne les genres, étire ses morceaux en longueur, joue sur les atmosphères et donne dans le Textures-like, c'est un peu une longue périphrase pour ne pas employer explicitement le mot "progressif", non ?
12/05/2009 15:09
12/05/2009 13:22