En comparaison d'autres sorties bien moins remarquables, la toile aura pleuré peu de pixels à propos de ce "Nightlights". Certains l'ont veneré, nombreux l'ont encensé, tous ont évoqué sa longue gestation. Ses géniteurs eux même ont eu l'occasion de conter leur déboires sur encre électronique. Mais qui a relevé la parfaite adéquation du contenant et du contenu? Personne.
Alors, faisons un test: voyez cet aigle noir, inquiétant, mystérieux, dont émane puissance, force et arrogance, trôner ainsi sur un fond sombrement lumineux, fermez les yeux et tentez de mettre cette image en ambiance sonore.
Bien.
Sans en avoir écouté une seule note, vous venez d'avoir un aperçu de l'univers de SOLEKAHN.
Le trio français, durant les six ans de création de cet album, a dû mûrir un mélange explosif de frustration, d'abnégation, de colère et d'espoir et le mettre à profit de son art noir, qui fait de "Nightlights" un album à la personnalité forte, aussi travaillé que spontané, qualité rare en ces temps d'uniformisation créative.
Ainsi, le successeur du remarqué
"The great divider" s'abreuve à la même source death metal que ce dernier, une source d'une essence inquiétante et acérée à l'image du rapace de la pochette. Les passages les plus brutaux peuvent évoquer l'ambiance occulte et rageuse que pouvait nous offrir jadis l'ange morbide. La première partie destructrice de l'introductif "Haste to decline" est la preuve la plus éclatante de cette filiation au point qu'il est tentant de s'arrêter à cette analogie. Mais le temps a fait son oeuvre sur le talent de SOLEKAHN et a permis aux trois musiciens d'évoluer, d'enrichir leur horizon, de s'affranchir des règles pour au final se façonner un style hybride bien personnel. Ils y distillent tantôt des grooves rock malsains ("Silence until chaos"), tantôt des riffs orienté black metal torturés qui n'auraient pas dépareillé sur un récent ouvrage d'ENSLAVED ("Nightlights", "Emissaries") et déflorent parfois les frontières du sludge. Mais rien ne s'y trouve par hasard.
Tous les éléments présents ici ne servent qu'un seul et même but: l'ambiance. Une ambiance profonde, mélée d'occultisme et d'angoisse. Un minutieux travail de recherche d'effet a été mené pour transcender l'impact de la musique: samples, bruitages, fines orchestrations apportent aux instants opportuns un regain de malaise. Le point d'orgue de cette quête d'atmosphère glauqe étant sans doute "Underestimate & fail" qui offre un surprenant interlude au claviers proche d'une BO de film d'horreur, entre sueur froide lovecraftienne et mystères de l'Egyte ancienne.
Si cette antique civilisation avait connu le death metal, il est plus que probable que la musique de Solekahn y aurait été étroitement associée à l'image de l'aigle, considéré entre autre comme un symbole de force et de majesté. Deux termes suffisants pour qualifier "Nightlights", désormais reconnu comme l'acmé du savoir faire de Solekahn, trois musiciens qui n'ont pas oublié que le death metal doit être avant tout un vecteur d'émotions.
Que Thôt leur permette de ne pas attendre neuf années avant leur prochaine offrande.
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