Obscure Infinity fait partie de ces groupes pour lesquels j'ai une affection particulière. Pas qu'ils révolutionnent quoi que ce soit ou qu'ils aient un impact incroyable sur la scène mais leur talent méconnu et pourtant bien plus important que nombre de formations plus populaires, doublé à une découverte fortuite et donc bien plus mémorable, me rend ces Allemands fort sympathiques. Leur premier album
Dawn Of Winter avait squatté la plus haute marche sur mon podium death metal 2010. Le suivant,
Putrefying Illusions, sorti en 2012, m'avait un peu déçu mais restait de très bon niveau. Autant dire que cette nouvelle offrande portant le titre prometteur de
Perpetual Descending Into Nothingness et débarqué mi-janvier cette fois sur F.D.A Rekotz après deux opus chez Obscure Domain Productions, revêtait une importance particulière. Le troisième album marque en plus souvent une étape importante dans la carrière d'un groupe. Obscure Infinity allait-il me décevoir ou me faire retrouver les sensations de ses excellents débuts sur
Dawn Of Winter? La belle pochette de Juanjo Castellano rappelant son œuvre pour le très bon
Violence Reigns Supreme de Winter Of Sin ainsi que l'ajout depuis 2012 d'un deuxième guitariste pour épauler Stefan, transformant ainsi le combo en quintette plus complet (arrivée également à la même période d'un nouveau batteur celui, de Chaos Invocation), faisaient déjà pencher la balance du bon côté. Ne restait plus qu'à confirmer ces espoirs en écoutant l'opus.
Et il n'a suffi que de la magnifique introduction "Entering The Hall Of Eternity" auréolée de belles leads froides et mélodiques à vous coller des frissons, enchaînée par le premier vrai morceau "Sorcery Of The Black Souls", meilleur titre de la galette qui résume en cinq minutes toutes les qualités d'Obscure Infinity, pour me convaincre que ce
Perpetual Descending Into Nothingness allait faire aussi bien si ce n'est mieux que
Dawn Of Winter. Le reste du disque ne m'a pas fait changer d'avis. Je retrouve ici le groupe qui m'avait ébloui sur son premier méfait, en particulier au niveau de la profondeur de composition et du feeling mélodique, à son apogée sur ce nouvel album. À la différence que les Teutons ont tout de même quelque peu évolué. Si Obscure Infinity est connu pour apprécié le riffing glacé de Suède, il n'a jamais autant sonné blackened death mélodique que sur
Perpetual Descending Into Nothingness, avec une influence Dissection plus prononcée, même si on reste loin d'un clone à la Thulcandra, le groupe gardant la patte qui est la sienne depuis ses débuts sans renier son appartenance au death metal. Les Allemands ont simplement mis l'accent sur les mélodies, faisant de ce troisième full-length le plus mélodique de sa discographie.
Alors oui, du coup, la musique se révèle plus léchée, emballée dans une production claire, propre et puissante pour coller au style, la meilleure qu'ait connue le groupe. Pour autant, n'allez pas croire qu'Obscure Infinity fait désormais dans le melodeath de minots. Le combo a gardé ses grosses couilles germaniques tout en acquérant une certaine classe. On retrouve donc toutes les bonnes choses que l'on aime dans le metal extrême. Des blast-beats, du tchouka-tchouka, du two-beat, du mid-tempo, des vocaux arrachés, des riffs acérés tantôt thrashy pour l'efficacité, tantôt blackened pour la froideur tantôt purement death pour la brutalité. Assurément, la formation se montre toujours efficace et extrême. Ce qui ne l'empêche pas de varier et d'allonger ses compositions pour les rendre plus profondes et intéressantes. On remarquera ainsi le travail remarquable sur les ambiances sombres et froides qui font forcément penser au Grand Nord, que ce soit par les riffs eux-mêmes, les mélodies ou les quelques samples atmosphériques, arpèges et passages acoustiques. J'apprécie également certaines touches d'originalité comme sur l'épique "A Forlorn Wanderer" qui offre à mi-parcours sur fond d'arpèges un chant clair viril le torse bombé avant qu'un riff black metal mid-tempo à la légère mélodie entêtante ne vienne sublimer le tout avec des spoken words prenants. Grandiose! Sans oublier le solo sublime qui suit, enchaîné par un tremolo jouissif porté par de blast-beats féroces.
J'ai dit solo? Le feeling mélodique s'avère justement une des qualités principales du combo de Westerwald. Outre tout un tas de tremolos typiques inspirés, les solos et autres leads distillés par Obscure Infinity se révèlent de toute beauté. Toucher, technique, feeling, placement, les Allemands maîtrisent la pratique à merveille. On nous propose même quelques sweeps superbes comme sur "The Uttermost Descend" ou "From Odium And Disease". Ça plus "Sorcery Of The Black Souls", "A Forlon Wanderer", "Into The Undertow", "Descending Into Nothingness", "Beyond Spheres And Time" et chaque titre ou presque a le droit à son solo splendide à vous dresser les poils. Obscure Infinity va même plus loin sur la fin de "Beyond Spheres And Time", morceau de choix de près de huit minutes qui clôture l'opus, avec un solo langoureux typé hard rock bluesy, accompagné de spoken words passionnés. La grande classe!
Comme tout l'album de toute façon. Car hormis une légère baisse d'intérêt entre les pistes six et huit,
Perpetual Descending Into Nothingness nous présente un groupe en pleine forme, sûr de son talent et de son potentiel, nous livrant un album brillant de death metal penchant plus que jamais vers le blackened death mélodique scandinave. Ça fait cliché mais voilà bien l'album de la maturité pour Obscure Infinity. Après un
Putrefying Illusions de qualité mais trop commun par rapport aux capacités de la formation introduites sur
Dawn Of Winter, cela me fait super plaisir de retrouver le combo en pleine possession de ses moyens. Une belle déclaration d'amour au metal extrême suédois du début et milieu des années 1990 (Dissection, Necrophobic, Carnage, Unanimated, Desultory, Dismember, etc.) remplie de riffing éclatant, de mélodies somptueuses, d'atmosphères sombres et froides, sans oublier bien sûr du bon gros blast. Bah ouais quand même!
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