C'était peut-être l'album que j'attendais le plus cette année. Parce qu'en 2010, Obscure Infinity avait livré le monstrueux
Dawn Of Winter. Une claque d'autant plus marquante que je ne l'avais pas vu venir, ne connaissant pas du tout le groupe à la sortie de son premier full-length qui a fini tout en haut de mon bilan death metal. Deux ans plus tard, les Allemands reviennent avec un nouvel album,
Putrefying Illusions, toujours sur Obscure Domain Productions. Il va sans dire que je me suis jeté dessus, surtout avec une pochette, tirée du
Kreuz und Kathedrale im Gebirge de Caspar David Friedrich, aussi magnifique.
Et après deux mois d'écoutes tantôt décevantes tantôt rassurantes, le verdict est enfin tombé:
Putrefying Illusions est un très bon album de death metal mais un peu décevant par rapport à
Dawn Of Winter. Obscure Infinity n'a pas bouleversé son style mais les quelques changements apportés ici ou là me font préférer le précédent opus qui non seulement bénéficiait de l'effet de surprise mais était aussi tout simplement plus convaincant. La grande force de la formation résidait dans un riffing exquis dont les mélodies sombres vous hantaient des jours durant. Cet aspect est toujours présent et les Teutons n'ont pas perdu leur talent ("Collecting A Disastrous Sun", "Ascension-Kenosis", "Putrefying Illusions", "...Of Creating And Wasting", "From The Bleak Spots To Infinity") mais les riffs et mélodies se font ici moins prenants. L'autre déception, c'est le chant de Jules, auparavant atout sérieux du groupe par ses growls puissants, et qui ici semble avoir perdu son coffre et être devenu asthmatique, à tel point que j'ai cru un moment qu'il s'agissait d'un nouveau frontman. En fait, il a dû trop écouter
The Somberlain entre-temps et son timbre se fait désormais plus râpeux. Mais d'un côté, ça colle mieux aux touches black metal davantage marquées ici.
Putrefying Illusions se pare en effet d'atours plus sombres que sur
Dawn Of Winter. Ce n'était déjà pas la joie mais l'obscurité s'est encore étendue. Pas pour me déplaire ça par contre. Seule source de lumière, les solos virevoltants et aériens (effet d'écho bien vu) de Stefan (désormais seul guitariste puisque Florian a quitté le navire) qui subliment les morceaux. Clairement l'un des poins forts de l'Infini Obscur. En fait, le groupe a laissé ici davantage de place à une atmosphère froide et chargée par rapport à un
Dawn Of Winter plus épique et brutal, volonté que l'on retrouve sur les interludes acoustiques mélancoliques "Solitude", "Beyond A Burning Sky" et "Farewell" (il y en avait déjà mais elles sont ici un peu plus fréquentes), les claviers et autres arrangements atmosphériques en background, ainsi que sur les rythmiques dans l'ensemble moins enlevées. Ce dernier point étant celui qui me fait le plus grincer des dents. Alors oui il y a pas mal de plans thrashy, quelques blasts ("Collecting A Disastrous Sun", "...Of Creating And Wasting", "From The Bleak Spots To Infinity") et même du punky sur la simple et entraînante "The Wilting Splendour". Mais je trouve l'album un peu trop mou dans l'ensemble. Le groupe aurait pu blaster davantage sans renier son caractère old-school, parce que quand ça blaste, c'est vraiment jouissif! Dommage, juste, que la batterie de Oli (depuis remplacé par Thomas) soit sous-mixée et que ces accélérations n'ont pas l'impact qu'elles mériteraient.
Voilà pourquoi les premières écoutes furent décevantes. Sans trop évoluer, les petits changements opérés me plaisaient moins et je trouvais l'inspiration moindre. Mais, si je considère toujours
Putrefying Illusions inférieur à
Dawn Of Winter, j'ai depuis changé mon fusil d'épaule. C'est qu'il ne faut pas non plus faire la fine bouche et se rendre à l'évidence. Ce deuxième album du combo d'outre-Rhin reste bien au-dessus de la moyenne, notamment en terme de qualité de riffs. Et puis contrairement à la grande majorité des groupes de retro-death qui, malgré le talent de certains, ne sont que des clones d'Entombed ou d'Incantation, Obscure Infinity ne se rapproche jamais trop près de ses modèles. Des modèles pourtant surtout suédois (le mastering a d'ailleurs été effectué au Necromorbus Studio), de Grave à Unleashed en passant par Dissection ou les débuts de Necrophobic. Légère déception donc en ce qui me concerne mais on reste dans le haut du panier et les amateurs de death metal à l'ancienne auraient tort de se priver!
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