Dans l'histoire du Metal, il est et il a toujours été de ces groupes qui prennent un malin plaisir à laisser se répandre voire même à réalimenter régulièrement la rumeur de la sortie à venir d'un nouvel opus. On peut ainsi citer les Suédois de Dawn ou Vinterland disparus de la circulation après quelques annonces plus qu'alléchantes ou même le tant attendu album de Morbid Angel, qui après tant d'années n'a jamais semblé aussi proche. Mais à ce petit jeu là, les grands vainqueurs sont probablement les Californiens de Sadistic Intent qui contrairement aux noms sus cités ne font pas attendre leurs fans depuis trois ou six ans, mais laissent planer depuis plus d'une vingtaine d'année l'espoir de voir enfin un premier full length couronner une discographie définitivement en manque de repères. Espéré depuis bien trop longtemps pas les adeptes du combo et officiellement annoncé en 2004, intéressons nous en attendant à cette formation incontournable de la scène naissante du death metal malheureusement souvent oubliée.
Formé en 1987 à Los Angeles sous l'impulsion des frères Cortez alors influencés par la fine fleur du metal extrême de l'époque comme Celtic Frost, Sodom, Kreator, Slayer ou encore Possessed (dont ils ont été membres à part entière entre 2007 et 2010), Sadistic Intent a manifestement été créé avec la volonté de jouer un metal résolument extrême et obscur. Le groupe pratique dès ses premières démos un Death Metal de qualité lui permettant de décrocher en 1990 un contrat avec le label Wild Rags Record. Forts de cet accord, les très jeunes musiciens commencent réellement à faire parler d'eux lors des sorties coup sur coup des EP's
Impending Doom et
A Calm Before The Storm dans l'underground américain vivant au rythme du tape-trading et des fanzines. Mais, là où tout le monde attendait une concrétisation en bonne et du forme par un album, la formation se sépare quelques temps en raisons d'un line-up instable. C'est peu après son retour à la vie qu'elle sort ce qui s'avérera être à ce jour, malgré une durée d'à peine vingt cinq minutes, sa production la plus aboutie : le bien nommé MCD
Resurrection, sorti en 1994 sous la houlette du label Gothic Records (label mené par Enrique Chavez, premier chanteur de Sadistic Intent).
L'introduction éponyme pose le ton d'entrée de jeu, c'est à un Death Metal lourd et puissant à l'atmosphère particulièrement obscure que nous avons affaire. L'immersion dans cette musique occulte à souhait est immédiate, ne laissant pas l'occasion à l'auditeur de reprendre son souffle avant le premier réel titre de l'effort : "Asphyxiation". Le démarrage en trombe sur le riffing assassin de Rick Cortez et Vince Cervera, soutenu par une partie rythmique puissante et entrainante assurée par Joel Marquez établit un contraste savoureux avec les accents Death / Doom que prendra le morceau par la suite, subjuguant à tous les coups tout adepte de ce type de Metal sale et old school qui se respecte. Le guttural profond et presque aliénant de Bay Cortez, qui se retrouve pour la première fois à assurer à la fois au poste de bassiste et de vocaliste à la place de Enrique Chavez, vient se poser avec un feeling particulier sur l'instrumental à la structure assez riche, proposant de nombreux changements de tempos et pléthores de soli sombres et toujours bien placés. "Conflict Within" vient tout de suite trancher avec le rythme lent et oppressant qui dominait jusqu'alors. La vélocité des riffs thrashisants du tandem, lâchant de surcroît quelques soli véritablement endiablés du meilleur effet, ou le jeu du marteleur sont ici bien plus constants qu'auparavant. C'est précisément sur ce talent à alterner parties où la cadence se ralentit et accélérations d'autant plus percutantes, comme sur les excellents "Dark Predictions" et "Condemned In Misery", marquant de par leur côté mélodique plus accentué, que Sadistic Intent tire sa carte du jeu, imposant sa marque de fabrique aisément reconnaissable. Enfin, c'est sur un nouvel instrumental que le groupe clôt son œuvre : "A Mass For Tortured Souls" aux accents Doom et à l'ambiance noire faisant admirablement écho aux sonorités du premier titre. Permettant ainsi à l'intensité de redescendre en douceur au rythme des longues notes dissonantes et mélancoliques qui viennent achever en beauté ce presque irréprochable MCD.
Presque car malgré une tendance générale qui me pousse à affirmer que rien ne vient ternir le plaisir que provoque l'écoute de ce
Resurrection qui laisse irrémédiablement comme séquelle l'envie de relancer la machine, ses ridicules vingt cinq minutes s'avèrent tout de même être incroyablement frustrantes, d'autant plus lorsque le groupe ne nous propose pas de sortie digne de ce nom pour assouvir notre faim. Autre point dommageable qui n'est cependant pas un défaut à proprement parler, à savoir sa sortie tardive qui privera Sadistic Intent du statut culte qui lui revient. Pour les amateurs où les autres que je ne peux que pousser à se pencher sur ce groupe résolument bien trop méconnu, sachez que le MCD longtemps introuvable, est disponible sous la forme d'une compilation le réunissant aux EP's
Ancient Black Earth et
Morbid Faith sur de nombreux labels et distros. Il est bon à savoir également que le tant attendu premier album de la formation est toujours en cours de composition et porte déjà le doux nom de
The Second Coming Of Darkness, espérons donc avec un peu de chance avoir de ses nouvelles dans la décennie à venir.
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