S’il convient de remercier Squirk pour avoir mis la lumière sur les Américains de Sadistic Intent à une époque où le groupe était encore largement méconnu (mais néanmoins en activité depuis plus de vingt ans), je me suis souvent demandé ce qui avait pu le pousser à chroniquer les seuls titres de
Resurrection plutôt que la compilation
Resurrection Of The Ancient Black Earth qui, en plus de ce fameux EP sorti en 1994 sur Gothic Records, réunit également les trois titres d’
Ancient Black Earth puis, pour la version de 2009 éditée à nouveau par Iron Pegasus Records, ceux du single
Morbid Faith paru sept ans plus tôt sur le même petit label allemand. J’avais donc dans l’idée de m’en charger avant finalement de me raviser. En effet, pourquoi revenir sur le travail d’un ancien collègue lorsque tout a été dit et bien dit ? Quelque peu contraint de changer mes plans mais étant toujours bien décidé à faire honneur aux Californiens, voici donc la chronique d’
Ancient Black Earth, troisième EP de Sadistic Intent paru en 1997 sur le label Dark Realm Records (suite des aventures d’Enrique Chavez après Gothic Records).
Composé de seulement trois morceaux et bouclé en un tout petit peu plus de seize minutes,
Ancient Black Earth n’a probablement pas manqué en son temps de susciter une fois encore agacement et frustration auprès de tous les aficionados de la formation qui, comme le soulignait déjà à l’époque mon ancien collègue, espéraient (et espèrent toujours) voir Sadistic Intent revenir avec un premier album sous le coude. Ces derniers auront donc dû se contenter une fois de plus d’une poignée de titres même s’ils s’avèrent heureusement tout aussi dignes d’intérêt que ceux qui composent l’excellent
Resurrection.
Enregistré aux Simon's Ghost Studios de Los Angeles (Infamy, Human Waste Project, Schleprock...) sous la houlette de Mitch Rellas (Armored Saint, Draconis, Infamy...), ces trois compositions bénéficient d’une production qui a extrêmement bien vieilli en dépit de quelques petits stigmates liés à des moyens très corrects mais probablement un poil limités (cette grosse caisse qui flotte légèrement ou bien ce grain ainsi que ce souffle relativement prononcé sur les guitares). De tout petits points de détail qui participent cependant au charme à la fois obscur et suranné de ce Death Metal réservé à l’époque aux seuls initiés. Reste pour en finir avec cette (re)mise en contexte cette illustration iconique (qui d’ailleurs servira également deux ans plus tard à illustrer cette dite compilation évoquée un petit peu plus haut) signée des mains d’une certaine Yuri Gonzales. Un "one shot" si j’en crois Metal Archives puisqu’il s’agit effectivement de la seule réalisation qu’on lui doit encore à ce jour (en tout cas dans les sphères qui nous intéressent ici).
Sorti trois ans après
Resurrection,
Ancient Black Earth n’est naturellement pas bien différent de son ainé. L’approche foncièrement rétrograde de Sadistic Intent dont la musique s’inspire très largement des premiers albums de Morbid Angel, Possessed et autres démos de Necrovore n’invite bien évidemment pas à la prise de risque ni à l’originalité. Quiconque ayant déjà posé ses oreilles sur la musique du groupe ne sera donc certainement pas dépaysé par la découverte d’"Untimely End", "Ancient Black Earth" et "Funerals Obscure" qui se contentent en effet de reprendre les choses là où Sadistic Intent les avait laissées quelques années auparavant. Fort heureusement, l’efficacité est une fois de plus largement au rendez-vous grâce à des riffs toujours aussi sombres et malfaisants, une dynamique une fois encore particulièrement soutenue, une intensité et une explosibilité diaboliques, ce qu’il faut bien évidement de nuances afin de varier les plaisirs et enfin des ambiances de mort et de blasphèmes particulièrement saisissantes. Bref, une formule que s’est rapidement approprié Sadistic Intent et qui a fait sa renommée sur disques comme sur les planches.
C’est donc essentiellement à toute berzingue et habités par une furieuse envie d’en découdre que les Californiens conduisaient en 1997 ce maigre retour aux affaires. Une cadence infernale tenue sur "Untimely End" et "Ancient Black Earth" à coups de blasts sauvages et autres accélérations particulièrement entraînantes mais néanmoins contrastées par quelques séquences plus en retenues comme entre 1:25 et 3:09 sur le premier titre et entre 0:59 et 1:32 puis entre 2:18 puis 3:39 sur le second. Des passages qui permettent naturellement d’aérer l’ensemble et d’étoffer ces atmosphères faisandées et impies dans lesquelles se complait Sadistic Intent avec un plaisir vicieux. Sur "Funerals Obscure" le groupe de Los Angeles conserve les mêmes ingrédients mais en modifie le dosage puisqu’à l’inverse des deux premiers morceaux, le contraste est ici apporté par un seul passage beaucoup plus soutenu allant de 3:22 à 4:42.
Dans la lignée de son prédécesseur qui, effectivement, constitue encore à ce jour ce que Sadistic Intent a sorti de mieux,
Ancient Black Earth n’entend pas chambouler l’ordre des choses mais plutôt offrir à qui voudra poser ses oreilles sur ces seize minutes un Death Metal primitif et blasphématoire aussi jubilatoire qu’efficace. Certes, il est bien impossible de ne pas tracer un quelconque parallèle avec ces quelques formations évoquées un petit peu plus haut mais cela n’empêche pas les Californiens d’avoir toujours eu leur petit truc à eux (le chant arraché et vicieux de Bay Cortez y est aussi sûrement pour quelque chose). Une identité et une dévotion qui malgré les années qui passent restent encore aujourd’hui tout à fait d’actualité comme le fait que nous soyons encore nombreux à espérer un jour voir Sadistic Intent s’acquitter d’un premier album digne de ce nom. En attendant que ce jour arrive, se pencher à nouveau sur la discographie des Californiens n’est jamais une mauvaises idée et cette chronique pourrait d’ailleurs très bien en être le déclencheur...
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