Black Hole Deity - Profane Geometry
Chronique
Black Hole Deity Profane Geometry
Révélée au monde il y a trois ans et demi avec l’Ep
« Lair Of Xenolich » la formation protéiforme de l’Alabama est cette fois de retour pour s’attaquer au format supérieur, le tout avec une très grosse attente car on sentait bien que le quatuor était bien loin d’avoir tout dit sur cette précédente livraison qui pouvait se montrer légèrement décevante sur la durée. Attention si tout cela restait quand même d’un très gros niveau technique il fallait quand même reconnaître que quand on en possède en son sein un line-up pareil (et qui n’a pas changé depuis) on est en droit de logiquement espérer mieux, vu que celui-ci malgré des parties frontales et virulentes absolument délicieuses avait eu la mauvaise idée de vouloir un peu lever le pied sur certains passages moins inspirés (à la fois modernes, techniques et légèrement mélodiques), qui cassaient ainsi un peu la grosse dynamique générale. Du coup on se demandait si les gars allaient continuer à avoir le cul entre deux chaises ou bien revenir aux fondamentaux... certes moins originaux mais terriblement plus efficaces, et de ce côté-là même si ça joue toujours sur ces différents tableaux force est de reconnaître que le niveau a sacrément grimpé en intensité, comme en technique... sans que cela ne déborde jamais dans le trop-plein.
Pourtant au départ avec « Blast Pit » on pouvait légitimement se poser des questions tant les mecs vont totalement se lâcher dans un déferlement de notes et de cassures impressionnantes, tant ça part dans tous les sens et surtout dans une haine viscérale et débridée une bonne partie du temps. Cependant afin de rester digeste tout cela s’alourdit par la suite afin d’être encore plus sombre et faire ainsi suffoquer plus fort l’auditeur, totalement pris en étau dans cette jungle tentaculaire où nul espoir n’est permis vu qu’il est difficile de s’accrocher à quelque chose... et c’est cela finalement le défaut majeur de cette composition malgré toutes ses qualités inhérentes. Si on pourra dire exactement la même chose en positif comme négatif de la conclusion intitulée « Demons Beneath », tout ce qui va se trouver entre ces deux morceaux va être d’un niveau encore plus relevé mais cette fois sans erreurs notables et avec un côté frontal plus assumé et revendiqué. En effet dès les premières notes de « Crucible Knight » on se rend compte qu’une fois encore c’est dans ce domaine que les Américains sont les meilleurs, tout en n’étant jamais redondants ou linéaires tant on sent leur maturité musicale et le soin apporté à leur création pour qu’elle marque durablement les esprits. Une fois encore on est scotché par la technicité de Mike Heller derrière son kit et des arrangements proposés par la paire Alec Cordero / Cameron Pikerton qui n’hésitent jamais à ajouter des cassures fluides à leurs riffs de tueur comme les leads hallucinés. Et si cette plage joue sur le classique grand-écart tabassage massif et ralentissements pachydermiques avec brio et simplicité, la suivante (« Profane Geometry ») va garder ce même schéma en y rajoutant des plans en mid-tempo au groove de déglingo et qui vont faire mal aux nuques les plus solides.
Si la courte pause acoustique et délicate (« Hydrazine Vapours (Interlude) ») va permettre de respirer quelques instants, la suite du voyage va continuer dans ce déchaînement de violence orageuse et impénétrable, avec en premier lieu l’excellent « Human Fillet » qui va monter d’un cran techniquement et proposer aussi un soupçon de respiration via un soli mélodique du plus bel effet et qui trouve totalement sa place dans cette ensemble basé sur l’alternance continue. D’ailleurs ce solo éthéré au milieu de cette opacité tentaculaire va revenir sur le tout aussi bon « Spell Of Hecate » où la furia exacerbée sait aussi s’effacer quelques instants, comme pour brouiller les pistes et jouer un mauvais tour à ceux qui pensaient que les choses iraient en se calmant. Loin de là cette idée car le reste de cet opus va garder sa même ligne de conduite que ce soit avec l’impeccable et dense « Swarm Attack » ou le long « Cybernetic Inferno » qui reprennent l’intégralité des tempos favoris du combo, sans jamais tomber à côté et en conservant un classicisme ultra-efficace et qui ne s’éternise pas.
En effet en un peu moins de trente-deux minutes tout est déjà terminé et balayé, ce qui est largement suffisant dans ce registre tant on ressort éreinté de ce chaos délectable qui ne laisse que peu d’instant pour reprendre ses esprits, et prouve en tout cas que BLACK HOLE DEITY a passé un cap et confirme ainsi les belles promesses entrevues précédemment. Alors évidemment tout cela ne fera pas avancer d’un pouce le schmilblick ni renouveler le style en profondeur, mais néanmoins il est fortement conseillé de donner sa chance à cette galette qui mérite clairement que l’on s’y penche avec attention. Si l’on sait que parfois l’accumulation de grands noms n’est pas forcément un gage de réussite (tant le personnel prime souvent sur le collectif), ici au contraire chacun a su étaler sa classe sans faire de l’ombre à son voisin et c’est une très bonne chose, vu que tout cela file à vive allure malgré la complexité qui s’en dégage de prime abord... car au fil des écoutes on se rendra compte de la subtilité qui en ressort, et qu’on n’a pas seulement droit à du martèlement de bas-étage. Demandant donc du temps et de la patience pour être totalement assimilé (malgré sa courte durée globale) cet enregistrement a de quoi occuper un bon moment en étant toujours sur un fil à la fois technique mais pas trop... preuve donc de la profondeur qui l’entoure et de l’homogénéité qui s’en dégage, et qui sera apprécié normalement par tout amateur de bon goût et de brutalité bestiale tant c’est recommandé avec insistance.
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