Débarrassé de ma chronique du pénible
The Silent Vigil, je peux enfin me pencher sur celle de
Requiem For Mankind qui me faisait quand même beaucoup plus envie. Comme je l’expliquai il y a encore peu de temps, j’ai été particulièrement peu emballé par le contenu de ce deuxième album à tel point que je ne me faisais absolument aucune illusion au sujet de ce
Requiem For Mankind dont la sortie était annoncée pour le mois de juin, soit un tout petit peu plus d’un an après celle de
The Silent Vigil. Un rythme de parution particulièrement soutenu qui après cette petite déconfiture ne laissait rien présager de bon.
Sauf que voilà, en dévoilant mi-avril le titre "Shell Shock" en guise de premier extrait, les petits gars de Memoriam sont gentiment venus me rappeler qu’ils n’étaient pas nés de la dernière pluie et qu’il serait judicieux de ma part de revoir mon jugement et de ne pas les enterrer aussi rapidement. Car ces derniers ont beau jouer leurs troisième mi-temps, ils n’en ont pas dit leur dernier mot pour autant. Une piqûre de rappel qui s’est fait accompagner quelques semaines plus tard par le tout aussi convaincant "Undefeated", deuxième extrait qui finissait ainsi de me convaincre de jeter une oreille à ce disque dès que j’en aurais l’occasion.
Ainsi ragaillardi, je nourrissais de manière presque involontaire l’espoir d’une certaine cohérence entre ces deux morceaux lâchés en pâture et le reste de l’album même si, pour être tout à fait honnête, je ne me faisais pas trop d’illusions... Aussi, qu’elle n’a pas été ma surprise de constater que que ce
Requiem For Mankind tenait en fait particulièrement bien la route là où ses deux prédécesseurs montraient bien vite des signes de faiblesses. Alors comment expliquer ce revirement de situation ? Et bien il y a plusieurs raisons à cela :
La première et probablement la plus évidente concerne la production signée cette fois-ci des mains de Russ Russell. En trois albums, Memoriam aura ainsi changé à trois reprises de studios et de producteurs. Faut-il y voir le signe d’une grande insatisfaction ou tout simplement l’envie de se créer de nouvelles opportunités ? Toujours est-il que le groupe anglais n’a pas souhaité renouveler l’expérience avec ces précédents camarades de studios, optant après James Pitts et Jon Dewsbury pour un producteur nettement plus expérimenté. En effet, ce dernier n’en est pas à son premier coup d’essai puisqu’il a déjà collaboré avec des groupes comme Amorphis, At The Gates, Belligerent Intent, Dimmu Borgir, Napalm Death, Lock Up, Vallenfyre et bien d’autres encore. Un CV qui en dit long sur ses compétences et qui va permettre à Memoriam de gagner enfin en puissance là où le groupe a toujours grandement souffert de ce côté particulièrement "fatigué". Cette production beaucoup plus musclée va clairement renforcer l’impact que peuvent avoir ces nouvelles compositions, faisant au passage de
Requiem For Mankind l’album de Memoriam se rapprochant le plus d’un Bolt Thrower.
La seconde est assurément ce regain de vitalité qui touche aujourd’hui monsieur Karl Willetts. Fatigué lui aussi, son chant n’était jusque-là pas des plus convaincants et on sentait clairement le poids des années sur sa voix qui n’avait plus grand-chose à voir avec celle de ses débuts. L’homme n’a jamais été un growleur comme le sont (ou l’ont été) Craig Pillard, Mikael Åkerfeldt, John Tardy ou George Fisher mais son chant n’avait pourtant jamais manqué de puissance dans ce registre plus intelligible qui est le sien. Seulement depuis l’aventure Memoriam, on sentait que l’Anglais n’en avait plus vraiment sous le pied, donnant bien plus l’impression d’un chanteur de Punk/Crust à la voix éraillée qu’un chanteur de Death Metal digne de ce nom. Doit-on également ce changement au producteur Russ Russell ? En tout cas, cette puissance retrouvée fait évidemment plaisir à entendre et ne pouvait pas mieux tomber, gagnant ainsi cette virilité qui leur faisait jusque-là terriblement défaut.
La troisième la qualité des riffs dispensés par Scott Fairfax. Si j’avais mis celui-ci en défaut sur
The Silent Vigil, ce n’est pas du tout le cas ici. Pourtant, on ne peut pas dire que le bonhomme ait changé quoi que ce soit à sa formule (toujours très largement inspirée par le riffing de Gavin Ward et Barry Thomson) mais au moins, on ne sent pas la gêne monter à l’écoute de certains de ses riffs. Au contraire, on retrouve même l’aspect fier et conquérant caractérisant les productions du regretté groupe de Coventry. C’est flagrant dès le morceau d’ouverture, l’excellent "Shell Shock" rendu encore plus savoureux par ces mélodies amères et désabusées qui auraient très bien pu trouver leurs place sur un album comme
…For Victory. D’ailleurs, on sent qu’un travail a été fait sur le sujet avec, sur quelques titres comme "Never The Victim", "Refuse To Be Led" ou l’instrumental "Interment", des mélodies bien plus présentes qu’auparavant mais aussi plus lumineuses que celles d’un Bolt Thrower. On ne parlera donc certainement pas de grands bouleversements mais
Requiem For Mankind est assurément l’album où Scott Fairfax s’est montré pour le moment le plus inspiré.
Enfin, on remarque également que Memoriam a quelque peu allégé son propos. Avec des morceaux qui désormais ne dépassent pas les six minutes, le groupe a clairement gagné en dynamisme alors que dans l’ensemble il ne va pas nécessairement plus vite qu’auparavant (on pourrait même dire qu’il y a encore un peu trop de mid-tempo). Mieux dosées, ces nouvelles compositions ne donnent jamais le sentiment de traîner en longueur, chose qui faisait jusque-là clairement défaut à Memoriam notamment sur son prédécesseur plombé en partie par une durée bien trop excessive (certains titres affichant tout de même plus de sept minutes au compteur...).
Sans grande discussion possible, ce troisième album des darons de Memoriam est clairement leur meilleur à ce jour. Si certains défauts exprimés dans mes deux chroniques précédentes sont toujours d’actualité ici (ça pourrait quand même aller un peu plus vite, surtout avec un ancien Sacrilege impliqué dans cette affaire), ils sont néanmoins gommés par les gros progrès réalisés ici. Plus inspiré, mieux rythmé et servi par une production plus aboutie,
Requiem For Mankind dame le pion sans difficulté à ses deux prédécesseurs et hisse enfin Memoriam parmi les groupes véritablement digne d’intérêt alors qu’il ne se destinait jusque-là qu’aux amoureux inconditionnels de Bolt Thrower manquant parfois suffisamment de clairvoyance pour ne pas voir que les Anglais faisaient parfois un peu de peine à voir et à entendre. C’est aujourd’hui chose corrigée et on espère que le groupe sera capable de continuer sur cette lancée.
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