Si je m’attaque aujourd’hui à cette chronique de
The Silent Vigil avec presque un an et demi de retard c’est surtout parce que j’aimerai que celle-ci soit en ligne avant que je me colle à celle de son successeur sorti il y a maintenant quelques semaines. Et pourquoi cela a-t-il autant d’importance ? Déjà parce que je suis plutôt du genre maniaque et que je préfère faire les choses dans l’ordre, ensuite pas que ce deuxième album représente pour moi l’opportunité de coller une note un peu en dessous de standards auxquels je suis habitué (que voulez-vous, c’est toujours plus motivant d’écrire au sujet d’albums que l’on apprécie plutôt que l’inverse). Enfin, parce que je voue un amour aveugle pour Bolt Thrower et qu’en l’absence cruelle de ce dernier je ne me voyais pas faire l’impasse sur un groupe dans lequel évolue tout de même deux de ses anciens membres dont le sympathique et authentique Karl Willetts.
The Silent Vigil est donc le deuxième album de Memoriam. Paru en mars 2018 sur Nuclear Blast, celui-ci fait suite à un
For The Fallen plutôt agréable mais tout de même bien loin du niveau des moins bons albums de Bolt Thrower. Plombé par une trop grande linéarité et des riffs parfois un peu trop génériques, ce dernier réussissait à susciter un léger intérêt pour le sujet sans pour autant donner l’irrépressible envie d’y retourner. Du coup, je n’attendais évidemment pas grand-chose de ce nouvel essai même si, encore une fois, l’artwork de Dan Seagrave et l’intérêt que je porte pour l’emblématique groupe de Coventry ont suffi pour générer à l’époque de sa sortie un sursaut d’excitation.
Malheureusement il faut se rendre à l’évidence,
The Silent Vigil paru un an seulement après le premier album des Anglais est la confirmation de ce à quoi je m’attendais en premier lieu à l’écoute de
For The Fallen : une déception programmée. Pour commencer, celui-ci est beaucoup trop plan-plan, surtout pour un album qui affiche pas loin d’une heure au compteur (avec des titres flirtant pour la plupart avec les six minutes...). Si par décence et respect il convient de se montrer indulgent avec des gars qui pour les trois quart vivent leur cinquantaine depuis déjà quelques années, il n’en reste pas moins que la musique proposée ici par le groupe de Birmingham s’apparente davantage à un Death Metal de darons qui essaient de tuer le temps après leur semaine de taf à enchaîner les trois-huit à l’usine du coin (franchement, si ce n’est pas de la gêne que vous ressentez à l’écoute des premières notes de "The Silent Vigil", je ne sais pas ce que c’est...) plutôt qu’à un groupe de jeunes chevelus en quête du Saint blast. Pour autant, il est clair que les quatre copains de Memoriam prennent un immense plaisir à jouer ensemble et ça, personne ne pourra le leur enlever. Seulement voilà, cela ne suffit pas à faire de ce deuxième album un disque sur lequel on se plaît à revenir encore et encore.
Car évidemment ce n’est pas le seul défaut que l’on peut soulever ici. Après ces histories de cadences, vient naturellement la question des riffs qui sans être catastrophiques, ne montrent pas beaucoup de personnalité (l’ombre pesante de Bolt Thrower plane sur chaque accord de ce deuxième album) et surtout s’avère parfois (et même un peu trop souvent) assez quelconques. Il y a pourtant du bon tout au long de l’album avec notamment quelques riffs plus nerveux que d’autres et toujours une atmosphère "so british" qui pue tellement la défaite mais à l’heure de faire les compte c’est bien le caractère beaucoup trop passe-partout et également assez répétitif du riffing de Scott Fairfax que l’on retiendra.
Enfin, il y a le cas de Karl Willets. Ca me navre de l’écrire mais le chanteur blond a clairement perdu de son coffre et semble même parfois lutter pour sortir un growl convenable. J’aurai pu mettre ça sur le compte de l’âge si j’avais rédigé cette chronique en temps et en heure mais le successeur de
The Silent Vigil tend à montrer qu’il n’en est rien et qu’il s’agissait finalement d’un épisode de faiblesse passager (en effet, l’homme semble avoir repris du poil de la bête depuis). Quoi qu’il en soit, monsieur Willets sonne ici davantage comme un chanteur de Crust/Punk des années 80 payant aujourd’hui bien cher les excès de ses jeunes années que comme un chanteur de Death Metal dans la fleur de l’âge. Fatalement, les compositions de
The Silent Vigil en pâtissent, manquant ainsi de puissance et d’impact malgré une production qui, quant à elle, n’a rien à se reprocher.
Bien vite relégué aux oubliettes après quelques écoutes peu concluantes, ce deuxième album de Memoriam s’inscrit dans la catégorie peut-être un petit peu péjorative des albums de vieux tentant de faire un retour convaincant. Sauf qu’a priori tout le monde sait que ce ne sera pas le cas… L’avenir va me montrer que cette situation n’est pas une fatalité puisque
Requiem For Mankind sorti en juin dernier est plutôt une très bonne surprise. Mais en l’état, ce deuxième album est clairement le maillon faible de la courte carrière de Memoriam. Poussif, anecdotique, répétitif et marqué seulement par quelques moments d’éclats, ce dernier n’invite pas à la réécoute là où son prédécesseur, en tant que premier album, était tout de même un poil plus concluant.
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