AntropomorphiA - Evangelivm Nekromantia
Chronique
AntropomorphiA Evangelivm Nekromantia
La scène death metal néerlandaise est riche mais méconnue au-delà des éternels Sinister, Asphyx et Pestilence. Mais grâce à des rééditions ou des retours à la vie, on en apprend chaque jour un peu plus. AntropomorphiA par exemple. Qui les connaît? Pas moi en tout cas qui viens de les découvrir suite à la sortie de leur nouvel album Evangelivm Nekromantia sur Metal Blade (bon, c'est vrai qu'ils étaient passés au Neurotic Deathfest 2011 mais j'avais zappé). Il s'agit seulement de leur deuxième full-length et pourtant les Bataves ne datent pas d'hier puisqu'ils se sont formés en... 1989! Deux démos, un EP et un full-length en 1998 puis plus rien si ce n'est une compilation l'année dernière regroupant l'EP Necromantic Love Songs (1993) et la démo Bowel Mutilation (1992). Evangelivm Nekromantia vient donc mettre un terme à quatorze ans de disette.
Dedicated to composing a new sort of disturbing death metal darkness exceeding most of the one-dimensional releases you got to hear most of these days!
Voilà l'objectif d'AntropomorphiA. Pour ce qui est de l'originalité, on repassera, mis à part quelques séquences d'ailleurs très réussies comme le break calme, dark et dissonant à la basse de "Psuchagogia", l'outro en arpèges "Evangelivm Nekromantia" sur fond de bruits de tonnerre et quelques parties de chants fantomatiques (début de "The Mourned And The Macabre", "Impure Desecration" à 0'49) ou dérangés (fin de "The Mourned And The Macabre"). Pareil pour la diversité. Malgré des changements de rythme réguliers amenant la formation à alterner mid-tempos headbangants, parties pesantes, accélérations thrashies voire un peu de blastouille, le tout ne varie pas des masses et reste assez répétitif. Cela dit, Evangelivm Nekromantia n'en demeure pas moins un bon album de death metal old-school et sombre. À quoi d'autre s'attendre de toute façon avec une pochette faisant référence au Scream Bloody Gore de vous savez qui?! Ne vous fiez donc pas aux photos promos sur lesquelles les nécrophiles se trouvent légèrement grimés, AntropomorphiA c'est bien du DM. Et si on sent effectivement quelques influences de la vieille école américaine (Cannibal Corpse), c'est plutôt à la Suède que la musique du combo de Tilburg m'a fait penser, Dismember, Unleashed et Bloodbath en tête, sans non plus sonner comme un clone et sans son Sunlight démesuré. Très classique donc, surtout en ces temps de revival à tout va mais plutôt efficace et bien exécuté, proposant un bon équilibre entre brutalité et ambiance. Le trio possède en outre un bon sens du riff avec des tremolos épiques sombres et mélodiques à la pelle qui, à défaut de sonner frais, font mouche la plupart du temps. De quoi rattraper l'absence totale décevante de solo. Merde, du death sans solo, c'est pas du death! Heureusement que l'on croise aussi quelques leads typiques sur "Debauchery In Putrefaction", "Anointment By Sin", "Fleisch" et "Nekrosophia" (on oubliera la dernière par contre, grinçante et désagréable). À noter également les growls certes classiques mais convaincants du guitariste Ferry Damen, la basse pas du tout timide de Marc Van Stiphout (Flesh Made Sin, The New Dominion) et le jeu solide du batteur Marco Stubbe (Flesh Made Sin) entre bourrinage et moments plus subtils avec notamment un jeu de cymbales intéressant. Sans oublier une production puissante aux guitares graves et grasses comme il se doit.
Evangelivm Nekromantia n'est pas l'album de l'année mais n'est pas non plus le plus mauvais. AntropomorphiA se démerde même plutôt bien dans un genre archi-saturé. Il ne possède pas de quoi se démarquer nettement si ce n'est quelques rares touches personnelles mais son death metal d'obédience scandinave offre assez de bons riffs et d'ambiances dark prenantes pour qu'on se penche sur son cas. Et si les nécromantiques échouent dans leur tentative de composer un nouveau genre de death metal sombre et dérangeant en raison d'un manque de véritable originalité et de diversité, ils ont tout de même réussi à écrire un opus efficace et très agréable à écouter, ce qui n'est déjà pas si mal. Indispensable? Non! De qualité? Certainement!
| Keyser 25 Octobre 2012 - 2107 lectures |
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