Father Befouled - Immaculate Pain
Chronique
Father Befouled Immaculate Pain (EP)
S’il a toujours été considéré comme un second couteau honnête et sérieux, il faut bien reconnaître que la formation d’Atlanta a souvent eu tendance à confondre vitesse et précipitation du côté de ses sorties, dont la qualité a toujours été assez inégale. Et si on peut expliquer en partie cela par des changements réguliers de personnel, le passage trop fréquent par la case studio afin de sortir de nouveaux titres le plus rapidement possible en est quand même la cause principale. Pourtant depuis la publication du très bon
« Desolate Gods » les choses semblent enfin aller dans le bon sens, et même sans crier au génie il faut quand même reconnaître qu’il y a du mieux du côté de l’homogénéité musicale proposée... et cet Ep ne va d’ailleurs pas dépareiller par rapport aux précédentes livraisons de très bonne tenue. Si l’entité a vu récemment l’arrivée derrière les fûts de l’expérimenté Chris McDonald (ECTOVOID, ex-EXAUGURATE) pour le reste rien de neuf sous le soleil de la Géorgie, tant on reste dans un Death Metal rampant et humide typiquement américain... et finalement idéal pour se rafraîchir dans ces périodes de forte canicule et de stress hydrique profond.
On ne sera donc pas étonné que l’ensemble démarre sous les meilleurs auspices avec l’impeccable et équilibré « Immaculate Pain » qui va miser majoritairement sur la lourdeur, tout en n’hésitant pas à pousser sur l’accélérateur pour relâcher un peu la pression. Particulièrement opaque et impénétrable cette ouverture va montrer une facette classique assumée mais absolument excellente où l’impression de se balader dans un cimetière à l’automne se fait sentir, entre les mousses repoussantes et l’eau qui suinte d’où émerge un certain dynamisme qui fait que l’on n’a jamais la sensation d’avoir affaire à de la redondance. Et si tout ici se montre déjà glauquissime la suite sous le nom de « Impenitent Faith » ne va faire que renforcer ce sentiment d’oppression avec une densité encore plus marquée, vu que ça va être tentaculaire et plus régulier sur l’équilibre et les variations tant la noirceur va y être exacerbée et confirmer que les relents poisseux se dévoilent encore plus fortement. Jouant donc plus fermement sur tous les tempos possibles cette plage offre un parfait condensé de ce que ses créateurs savent faire de mieux en variant régulièrement leur propos tout en se montrant hyper affûtés dans leur exécution, afin d’étouffer un peu plus l’auditoire et prouver que leur forme actuelle est toujours bien présente. Du coup on ne sera pas étonné que « Abomination Of Flesh » conserve ces bonnes bases, et ce malgré une durée légèrement excessive qui donne la sensation de se traîner un peu... néanmoins cela n’est que de l’ordre du pinaillage tant le rendu y est encore plus massif que tout le reste entendu jusque-là. En effet la rythmique va carrément lorgner fortement vers le Doom le plus bridé et suffocant pour créer une ambiance poisseuse et désespérée au-delà du possible, sans que jamais l’on ne trouve trace d’explosivité ou de rapidité... non ici c’est uniquement le rendu pachydermique qui est à l’honneur et le combo réussit cela très bien, même s’il aurait été encore meilleur en raccourcissant son propos.
Néanmoins ces trois nouveaux morceaux font parfaitement le métier, et sans forcément devenir des indispensables en puissance ils ont ce qu’il faut pour captiver les fans qui vont avoir leur dose nécessaire de malaise et de choses malsaines, vu que les gars ont la bonne idée de ne jamais en faire trop. Et si tout cela va se finir avec des reprises sans fioritures et fidèles (« Pain Divine » de MORBID ANGEL - « Vulgar Necrolatry » d'ABHORRENCE) on va surtout se rappeler des plages précédentes, qui ont tout ce qu’il faut pour satisfaire l’auditeur le plus exigeant. Si tout cela sera évidemment trop court pour contenter tout le monde on se satisfera aisément du résultat proposé... bien qu’il donne le sentiment de recycler et réutiliser certains plans entendus par le passé, mais sans pour autant en être un parfait copier-coller ce qui suffit amplement. En revanche il ne faudra quand même pas trop traîner en route pour donner une suite à tout cela, car l’impatience risque de gagner aisément les rangs... mais en attendant on se contentera facilement de ce bouche-trou de haute volée idéal pour se vider la tête et à la puissance contagieuse et frontale qui prouve que le quatuor est toujours actuellement dans une bonne phase, pourvu que ça dure !
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