Personne n'est Aluk Todolo et Aluk Todolo n'est personne. Le constat est toujours aussi clair et ce dès la première écoute de « Voix », nouveau disque marquant le retour du trio Français sur le devant d'une scène avant-gardiste qui ne l'attendait plus vraiment. Quoiqu'on en pense en terme subjectif,
« Occult Rock » avait marqué le petit monde du Black Metal mais aussi de quelques autres sphères plus expérimentales, ce qui aura d'ailleurs conduit le combo à se produire en compagnie de Sunn O))) et des tout puissants Magma le soir du 13 novembre 2015, au Guess Who ? Festival hollandais. Il est profondément difficile de détrôner
« Occult Rock » dans mon esprit, notamment en ce qui concerne l'impact qu'il aura eu sur un Black Avant-Gardiste qui peut parfois avoir tendance à se perdre dans les concepts ou les influences.
Si le néophyte peut finalement croire que l'avant-garde consiste à prendre un style musical et à le tordre dans tout les sens pour finalement arriver à y trouver son compte, l'amateur une lichette plus avisé sait quant-à-lui que bon nombre de groupes qui utilisent ce procédé apparaissent parfois comme limités par leurs influences (Maïeutiste ou le dernier La Division Mentale) ou au contraire complètement dépassés à force de tenter de manger dans des râteliers dont ils ne maîtrisent ni le goût, ni la conception (Liturgy sur « The Ark Work » est probablement l'exemple le plus probant, mais il en existe des tas d'autres). Et c'est là qu'arrive Aluk Todolo, qui visiblement a bien compris l'intérêt de la limitation volontaire qui n'est pourtant pas sans aller de paire avec une certaine liberté musicale, peut-être plus profonde et personnelle que chez ceux dont elle se fait l'étendard conceptuel.
« Voix » se présente donc avec une simplicité drastique, un minimalisme absolu et peut-être encore plus radical que sur son prédécesseur. Une pochette dès plus sobre et des titres de morceaux qui correspondent tout simplement au timing de ces derniers.
« Occult Rock » prenait tout de même la peine avec sa pochette vaporeuse, son titre et son double digipack de nous offrir quelques clefs de compréhension alors que « Voix » se contente de nous jeter à la gueule les six morceaux de la galette, plutôt courts et compacts d'ailleurs. Cet aspect brut, court et précis sera d'ailleurs le premier vecteur d'appréciation de ce nouveau-né puisque de facto « Voix » est nettement plus digeste que ses aînés. L'autre ingrédient qui aide à cette compréhension plus rapide qu'à l'accoutumée est cette présence immédiate de repères Alukiens, identifiables dès les premières secondes de « 8.18 ». On retrouve ce feeling quasiment improvisé, ces quelques notes en suspensions plaquées sur une rythmique façon compresseur progressif qui ne lâche jamais sa proie.
Quiconque apprécie la musique des esthètes Français ne sera à priori pas déboussolé par « Voix » qui s'ancre dans une tradition désormais habituelle pour l'amateur de ce Blackened-Krautrock si particulier. Et pourtant, malgré des similitudes, cet album n'est pas pour autant une copie pure et dure des précédents puisqu'il constitue une nouvelle grille de lecture de l’œuvre des Français. Moins jusqu'au-boutiste à première vue (exit les blasts-beats de dix minutes qui pouvaient en décourager plus d'un), « Voix » se place dans une dynamique encore plus improvisée, encore plus sèche et stricte. Ici, tout n'est que décharges stridentes de saturations guitaristiques quasiment Noise, de basses laissées en suspend dans un travail particulièrement résonnant (le départ de « 5.01 » est particulièrement équivoque à ce niveau) et d'une batterie qui multiplie les notes, les cymbales et autres fignolages...
De cette opération découle un résultat plutôt surprenant : le psychédélisme du combo n'en est que plus exacerbé. En durcissant encore sa recette, le trio a finalement réussi à sublimer son aura trippy, son aspect furieusement planant par des arpèges dérangeants et autres tournoiements spécifiques qui focalisent dorénavant toute l'attention alors qu'ils pouvaient auparavant être un peu masqués par le déluge sonore qui prenait parfois le dessus. Souligné par une production toujours organique et baveuse ainsi que par des influences Jazz-Rock palpables : « 7.01 » me rappelle le fameux « Gondwana » de Miles Davis, deuxième morceau de la partie « Pangea » issue du quadruple LP live « Agharta & Pangea ». On retrouve cette ambiance obscure, distordue et nébuleuse si spécifique à une forme de Jazz flirtant vaguement avec les formes les plus étranges du Drone. Aluk s'est enrichi avec « Voix ». N'allez pas croire que j'insinue qu'Aluk Todolo était un groupe « pauvre », seulement force est de constater que ce dernier disque apporte une pierre de plus à l'édifice bâti par les trois musiciens.
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