Aluk Todolo - Occult Rock
Chronique
Aluk Todolo Occult Rock
Toi lecteur de Thrashocore, j'ai des questions pour toi. Tu aimes partir loin ? Tu aimes les choses insensées ? Les ambiances de roches fumantes ? Les brouillards musicaux ?
Si oui, lecteur de Thrashocore, j'ai un cadeau pour toi. Mais ce n'est pas de la musique ce que je vais te donner, oh non... Je vais te vendre du rêve contenu sur un double album que tu auras tant de mal à comprendre que tu te perdras automatiquement comme un toutou sans sa lai-laisse.
Déjà, je vais te dire, t'en connais beaucoup des disques qui attaquent par dix minutes de blast-beats sans pause ? Parce que celui-là, il le fait pépère et il t'ajoute deux-trois claviers tournants en cadeau mon gars. Ici, dès le départ, on sait que ça ne fait pas de la zique-mu pour déconner. Et même si ça ne se tire pas dessus pour des cabriolets, il faut avouer que cette brumeuse mise en bouche à le mérite de claquer tout de suite le chaland en plein sur ses joues potelées. Pour ce qui est de claquer, la suite de l'opus ne se prive pas non plus. Au final, ces longs morceaux en forme de transes ne sont que des moyens de transposer l'auditeur dans des univers bien différents et bien définis par chacun des titres qui composent ce « Occult Rock ». Un morceau = une vapeur. Et pas n'importe laquelle, une vapeur qui traîne, qui étouffe et qui suffoque tout en étant véritablement parfumée au jasmin.
Oh, je ne m'étendrais pas plus que ça sur les molécules de ces vapeurs, de peur de trop affoler cette bonne vieille Marisol qui m'a toujours soutenu, malgré nos différents. Ce qui est sûr c'est que les ambiances distillées ici ne sentent pas que l'air pur de nos massifs ou la délicieuse candeur de nos terroirs. Enfin plutôt si, les ambiances sentent tout ça, mais comme vues dans un prisme distordu. D'en haut, d'en bas, de partout et de nulle part. De temps en temps, on croiraient même que les paysages musicaux pètent les plombs ( « Occult Rock II », vers quatre minutes...) pour une courte durée.
Et ce n'est pas vraiment cette batterie de cave ou cette basse caverneuse tout autant que sucrée qui vont nous faire atterrir. Puisque la fusée Aluk Todolo veut décoller, il suffit de toute façon d’embarquer sans trop rechigner sous peine de perdre des détails en route. Qu'il soit lent, qu'il soit rapide, de toute façon, le disque vole. Demandes à Interpol. Il y a fort à parier que chacun aura son impression sur « Occult Rock ». D'aucun y trouveront des limbes sans lumières comme d'autres pourront y voir une ode chaleureuse au cieux en tout genres. Le trio frôle les ambiances comme il croise les genres, alternant parfois une basse de Jazz, des virées Krautrock et des soupçons de post-punk (« Occult Rock VII »). Au final, tout est simplement « rock », dans le sens de la mixité des styles pratiqués mais également dans le sens de cette énergie au feeling si pur et primaire.
Asséché mais sachant se faire doux, poreux tout en restant très brut, voilà un disque qui n'en finit pas de prouver ses qualités malgré sa longueur gargantuesque pouvant effrayer de prime abord. Les français ratissent large et ce sans oublier de rayer le parquet en passant... C'est peut-être ça que l'on appelle laisser des traces. Ce qui est sûr, c'est qu'Aluk Todolo en laissera en s'appropriant des codes pour les ré-incruster dans d'autres. Un processus au final unique qui définira le style à part entière du groupe.
Sans pour autant afficher une brutalité démesurée, « Occult Rock » choque, traumatise, déconstruit et surprend plus que beaucoup de disques affiliés au genre « Metal ». De même, sans afficher de paroles ni même prononcer un mot, l'album parle plus que beaucoup d'autres. La confiance dans la musique pour faire passer le message qui n'est au final, rien de plus que ce si passe dans la tête de l'auditeur. Plus que n'importe quoi d'autre, c'est un feeling, un état d'esprit et des émotions brutes que transmet la formation. Et c'est quelque chose qui n'est au final pas si courant dans la musique en général. Malgré ses nombreuses spécificités et sa patte personnelle qu'il faudra apprivoiser, « Occult Rock » est un disque sur lequel chacun se doit de poser une oreille, ne serait-ce que pour juger par soi-même l'étendue du disque. On accrochera ou pas selon les cas, mais le trio parvient à vous toucher, il est fort probable que vous finissiez noyés dans leur(s) flot(s) instable(s) pour un long bout de temps.
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