Amongst The Deceit - Tribulations Of Man
Chronique
Amongst The Deceit Tribulations Of Man
Quand je vous dis qu'une belle pochette, c'est important! Sans ce magnifique artwork signé Pär Olofsson, je ne me serais ainsi jamais intéressé à Amongst The Deceit, surtout pas avec un logo pareil en plus. Ce qui aurait été fort dommage tant les Autrichiens montrent des qualités intéressantes sur ce Tribulations Of Man d'autant plus prometteur qu'il s'agit de leur toute première sortie. Du coup, le quatuor s'impose in extremis comme une des meilleures surprises de 2011.
Ne vous fiez donc pas au logo qui pue le brutal slam death à plein nez. Amongst The Deceit n'a rien à voir là-dedans. Certes, on a bien affaire à du brutal death mais les influences du combo se révèlent assez inhabituelles puisque c'est tour à tour Aeon, Severed Savior, Blood Red Throne et Kataklysm qui viennent en tête à l'écoute de ce premier full-length. La formation propose en effet un brutal death énergique à fort taux de blast-beats aux riffs souvent bien méchants ("Inferior Lives" à 0'31, "Dawn Of The Martyr" à partir de 0'33, le début de "Infernal DNA", "The Sadistic Impulse" à 1'14...) qu'elle alterne avec de nombreuses rythmiques thrashies, des accélérations groovies à base de déferlement de double pédale ("Dawn Of The Martyr" à 0'17, "Dead With Open Eyes" à 6'26), des séquences grassouillettes souvent ponctuées d'harmoniques sifflées ("Inferior Lives" à 0'24, "Dawn Of Martyr" à partir de 3'39 avec du sweep, "Infernal DNA" à 3'02 très moderne, "The Sadistic Impulse" à 3'00 bien énervé, etc.), quelques mid-tempos headbangants (l'intro de "Sadistic Impulse") ainsi que 2-3 courts passages plus posés (l'introduction d'arpèges "Inceptum", la fin de "Inferior Lives", "Death Walks The Earth" à 1'52). Le tout arrangé d'une bonne dose de technicité par des mecs qui maîtrisent foutrement bien leurs instruments (une basse agile à la Caspersen qui fait plaisir entre autres). Sans oublier l'aspect mélodique très important chez le groupe. Car non content de délivrer de très bons riffs véloces non dénués de mélodie telle cette ouverture convaincante de "Dead With Open Eyes", il offre aussi pas mal de beaux solos plutôt bien branlés ("Dark Science", "Dawn Of The Martyr", "Death Walks The Earth", "The Sadistic Impulse" et surtout "Dead With Open Eyes", meilleur titre à ce niveau). À noter que l'ex-Belphegor Sigurd apparaît en guest sur les solos de "Death Walks The Earth" et "Inferior Lives". Et ce n'est pas fini, Amongst The Deceit nous ayant réservé une dernière petite surprise: des influences black metal. Rien de prépondérant, on les trouve juste sous forme de petites touches (les riffs blastés de "Inferior Lives" à 2'17 et "Dark Science" à 0'16, "Infernal DNA" à 1'37, le bref passage dissonnant de "The Sadistic Impulse" à 0'59) mais elles s'intègrent bien aux morceaux tout en apportant un peu de variété, ce dont la musique des Autrichiens ne manquent pas.
Puissance, efficacité, maîtrise technique, brutalité, mélodie, groove, riffing probant, diversité, ambiance (souvent des samples à la fin des morceaux pour l'appuyer d'ailleurs), Amongst The Deceit semble tout avoir. Mais disons plutôt que le groupe possède déjà des bases excellentes sur lesquelles s'appuyer pour s'améliorer sur ses prochaine sorties. Tout n'est en effet pas parfait, ce qui est tout à fait normal après tout pour un premier essai. Au-delà de quelques passages par ci par là moins inspirés qu'il est de toute façon difficile d'éviter, le combo doit travailler principalement sur deux choses. D'abord la production. Pas grand chose à redire sur le son de guitare clair et puissant. Par contre la batterie sonne trop plastique, exceptée la caisse claire plus naturelle. C'est sans doute délibéré vu la propension des groupes modernes à trigger à mort leurs tambourins mais c'est moche, surtout que les drums sont un peu trop sur-mixés ici. Rien d'inécoutable toutefois et puis, ce n'est pas comme si on avait pas l'habitude! Le deuxième petit défaut du quatuor de Hallein n'est pas non plus rédhibitoire mais il s'agit clairement de la faiblesse du groupe: le chant. Le frontman Thorn voudrait bien imiter Chris Barnes mais ses growls manquent de puissance, de profondeur, de percussion et ne dégagent pas grand chose. Ses screams sonnent déjà mieux mais ce n'est pas encore la panacée (le début de "Dark Science").
Des défauts réels mais peu encombrants au regard de la qualité d'ensemble très satisfaisante de Tribulations Of Man. Amongst The Deceit, c'est typiquement le genre de groupe de brutal death moderne qui me botte, parce qu'il ne se limite pas à blaster sans rien derrière et qu'il ne saccade pas à outrance (les saccades s'avèrent plutôt rares chez le combo). La qualité des riffs est au rendez-vous et la présence importante de mélodies rend le tout d'autant plus intéressant. Et pour une fois, on n'a pas affaire à un énième clone de Suffocation, Morbid Angel ou Behemoth. Les Autrichiens ont donc toutes les clés en main pour se construire un avenir radieux dans la scène. C'est tout le mal que je leur souhaite!
| Keyser 14 Janvier 2012 - 1699 lectures |
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