Embryonic Devourment - Fear Of Reality Exceeds Fantasy
Chronique
Embryonic Devourment Fear Of Reality Exceeds Fantasy
Il y en a des bonnes surprises cette année au rayon death métal. Et Embryonic Devourment en fait partie. Pourtant, ce n'était pas gagné, rien que par son nom opportuniste et sans originalité. Passé outre ce premier obstacle, on se rend compte qu'Embryonic Devourment, trio californien formé en 2002 et déjà auteur en 2003 d'un EP remarqué, Beheaded By Volition, a plus d'un tour dans son sac et s'affirme même avec ce premier album Fear Of Reality Exceeds Fantasy comme l'un des groupes death à suivre le plus près possible.
Il faut ainsi plus se fier à la magnifique pochette signée du talentueux Tony Koehl qu'au patronyme suspicieux de la formation pour comprendre la qualité du groupe. Une cover originale qui va de paire avec la musique de la Dévoration Embryonnaire. Car oui, Embryonic Devourment se veut original, tout du moins inventif et personnel, d'où le "expérimental" en qualificatif de brutal death dans la description du style pratiqué. La base de la musique des Californiens repose ainsi sur un death brutal (des blasts, du growl) et relativement technique (rythmiques changeantes). Ce qui fait la différence toutefois, c'est l'ajout des adjectifs mélodique, complexe, chaotique, riche et décomplexé. Car dans un milieu si peu enclin aux débordements artistiques, Embryonic Devourment ose l'audace. Rien de réellement révolutionnaire toutefois mais c'est suffisant pour apporter une bouffée d'air frais à un genre qui manque souvent de s'étouffer. La démarcation se fait notamment par l'utilisation régulière de tremoli mélodiques aux sonorités inhabituelles mais marquantes (on les retient facilement) et presque hypnotisantes. LE gros atout d'Embryonic Devourment qui l'a bien compris ("Eating The Flesh Of Gods", "Human Harvest", "Fear Of Reality Exceeds Fantasy", "Self Inflicted Cesarean", "Repto-Sanguine Analysis", "Blade Enforced Butchery" ou la gigantesque ligne mélodique sur "Usurping The Secret Society" après la 2ème minute). Le groupe arrive à construire un tissu mélodique relativement complexe mais terriblement jouissif et sans s'abaisser à du mainstream bas de gamme facile d'accès.
Ces riffs et mélodies personnels et foutrement bien fichus ne sont pas les seules qualités de ce Fear Of Reality Exceeds Fantasy. On peut en effet également y ajouter un feeling parfois presque jazzy avec une basse frétillante, claquante et agréablement bien placée dans le mix. Et pour ce qui est du côté original de la formation outre-Atlantique, citons un chant atypique de créature reptilienne ni black ni death mais un peu des deux et aux intonations assez variées qui nous change des gargouillis intestinaux beaucoup trop redondants dans le brutal death d'aujourd'hui, les paroles plus intelligentes que la moyenne ou encore le surprenant final d'"Usurping The Secret Society" et ses percussions tribales dansantes.
Toutes ses qualités, peu communes pour une formation de brutal death, qui plus est américain, font d'Embryonic Devourment un groupe intéressant et plein de promesses pour l'avenir. On tempérera cependant toute tentative d'enflammement prématuré, certains passages, souvent les plus lents, s'avérant moins inspirés et passionnants que les autres, plus rapides. Et le groupe traîne parfois un peu trop la patte. Autre reproche qui fait légèrement retomber le soufflé, la production. Idéale pour les guitares et la basse, celle-ci se fait malheureusement moins gracieuse avec la batterie, surtout envers les toms et la caisse claire qui manquent cruellement de puissance et d'impact. Si la grosse caisse fait son petit effet lors des nombreux passages de double pédale, toms et caisse claire s'avèrent beaucoup moins percutants, un ressenti qui culmine pendant les blasts-beats. Bien dommage quand on voit la qualité du batteur! En gommant ces quelques imperfections, nul doute qu'Embryonic Devourment mettra tout le monde dans sa poche. En attendant, un groupe de death qui impose son propre son et ne ressemble à aucun autre dès son premier full-length, ça se fait rare et il faudrait vraiment être bête pour ne pas en profiter!
| Keyser 26 Août 2008 - 2348 lectures |
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