Alors que j’étais en train de faire quelques recherches sur le nouvel album d’
EMBRYONIC DEVOURMENT («
Prime Specimens ») et que je me retrouvais fort désappointé en constatant qu’il s’agissait en fait de réenregistrements de vieux matériels, j’ai commencé à parcourir rapidement les autres activités musicales des musiciens. C’est ainsi que je suis tout d’abord tombé sur
CHLOROMA, l’un des multiples projets solos de
Hunter Petersen, ancien guitariste – chanteur du groupe. Alors je ne vais pas m’étendre
hic et nunc sur tout le bien que j’ai pensé de l’EP éponyme paru en 2021 (trois titres complètement allumés de
brutal death metal) mais je passe par cette étape explicative pour vous dire que j’en suis arrivé à découvrir
EFFLUENCE par proximité stylistique dans le référencement de
Metal Archives, un site toujours aussi précieux.
Ce
one man band américain (Caroline du Sud) est mené par
Matt Stephens, dont il semblerait qu’il s’agisse de son unique formation. Depuis 2020, ce mec est le fossoyeur d’un
mega brutal death complètement expérimental, pour ne pas dire barjot et malsain, aussi, avant de parler plus en détail de son dernier EP «
Destructive Transfixed Incorporeality », je vais m’autoriser un petit détour sur ses précédentes réalisations car il y a peu de chances que j’y consacre d’autres articles.
2020 – «
Subneural Entropic Dysgenesis ». Pochette immonde, logo illisible, les trois titres (pour huit minutes) sont un brouet infect de
death goregrind complètement fumarès où l’on comprend à peine ce qu’il se passe dans nos oreilles, un peu comme chez
ENCENATHRAKH, le côté « arty intello » en moins. Une brutalité qui sombre parfois dans le débile profond mais qui marque déjà fortement l’esprit.
2021 – «
Ballistic Bloodspray ». C’est mieux produit mais toujours aussi abrutissant, si ce n’est plus. Cette fois nous avons droit à six titres en douze minutes, le niveau technique est toujours aussi dingue, qui est ce putain de type ? Si j’apprenais qu’il est un redoutable tueur en série qui passe ses victimes vivantes au presse-purée, je ne serais pas vraiment surpris tant sa musique fait dans la démesure absurde.
2021 – «
Psychocephalic Spawning ». Enfin un LP, qui prend la note folle de 97% chez
Metal Archives. Franchement, j’ai rarement entendu un truc aussi mauvais, au sens de méchant, cruel, malfaisant. Si l’ultra violence est toujours de mise, il y a désormais une dimension
slam qui commence à se greffer, rendant l’objet encore plus malsain, chose que je pensais impossible. Les expérimentations sont toujours là, un parallèle avec
WHOURKR pourrait être établi dans la démarche, les aspects
électro en moins,
EFFLUENCE restant dans une veine globalement proche des standards de l’hyper agressivité :
DISGORGE,
CINERARY,
BRODEQUIN,
LITURGY et compagnie, mais avec une dimension
WTF unique. Quand tu termines, tu te demandes sincèrement ce qui vient de se passer.
2022. Le split avec
BLOWTORCH commence sur une musique de « Mulholland Drive », ce sera le seul instant de repos. Le reste est à l’avenant de ce qui a été décrit plus haut, il y a désormais un peu de saxophone en supplément (du moins je ne l’ai pas entendu sur les parutions précédentes), un cran dans la violence ultime a encore été franchi…
2022 – «
Sarmat ».
Matt Stephens a définitivement sombré dans la folie furieuse et compose un seul titre de vingt-six minutes qui mélange
free jazz,
brutal death et grand n’importe quoi, dont des passages purement
noise difficilement supportables. Etrangement, le résultat est fascinant bien que l’on ait envie de s’arracher le casque des oreilles à chaque instant.
2022 – «
Liquefied ». Nous retrouvons des choses plus habituelles… Mais non ! C’est de pire en pire ! Le saxo est hystérique, tout n’est que bouillie sanglante sur fond de growls néanderthaliens, avec au milieu un piano
jazz, des ralentissements
slam death de trépanés, je n’y comprends rien, la tête me tourne, ça doit être cela, l’amour.
2024 – «
Destructive Transfixed Incorporeality ». Il a mis étonnamment beaucoup de temps à les écrire ces trois nouveaux titres ! La facilité me laisserait à penser que, pourtant, pondre un tel merdier ne doit pas excéder une après-midi devant son ordinateur mais, plus j’écoute, plus je commence à saisir la complexité absolue des compositions. Même si elles me semblent se recentrer sur un pur
brutal death du fait d’expérimentations sonores moindres (moins de saxophone, pas de piano), les structures musicales sont quant à elles encore une fois complètement aliénées et, quelque part, je suis fasciné. Fasciné parce que je n’arrive pas à comprendre par quel processus de création l’artiste parvient à régurgiter cette boule de bile, à l’écrire, à l’enregistrer, à la faire sonner correctement (l’enregistrement est excellent, parfaitement audible).
Le disque contient cependant une petite surprise puisqu’outre « Projected Hostility » (trois minutes) puis « Frozen Boiler » (deux minutes), le titre éponyme fait quant à lui onze minutes et se compose, pour ses deux bons tiers, d’une plage bruitiste mélangeant des vocaux gutturaux, plein de sons bizarres qui font peur, des grésillements d’instruments… Un truc de marteau, ni plus ni moins. De toute façon, tu jettes un œil sur la pochette, tu piges que le disque te veut foncièrement du mal, uniquement du mal, rien d’autre.
Peut-être que vous vous demandez encore si
EFFLUENCE vaut le coup. Je suis incapable de me prononcer. D’un côté, j’ai du mal à concevoir dans quel contexte autre qu’une crise de démence on puisse écouter ne serait-ce qu’une seule chanson. De l’autre, on aura beau adorer les formations de
death les plus branques, j’ai, à titre personnel, rarement eu l’occasion d’écouter un truc pareil, aussi jusqu’au-boutiste, brutal, radical, sans grand-guignol. C’est là que je me dis qu’avec des monstres de foire tels que
CHLOROMA,
ENCENATHRAKH,
TRICHOMONIASIS ou donc
EFFLUENCE, il y a tout un pan musical que j’ai encore peu exploré et qui semble contenir de véritables sommets de perversité… Et ça me rend heureux d’avoir encore tant de belles choses à découvrir !
Ne vous laissez pas abuser par la note, c’était un ou neuf, j’ai opté pour neuf compte tenu de l’état moral dans lequel m’a laissé ce disque et l’ensemble de la discographie de cet homme…
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