Terminally Your Aborted Ghost - Slowly Peeling The Flesh From The Inside Of A Folded Hand
Chronique
Terminally Your Aborted Ghost Slowly Peeling The Flesh From The Inside Of A Folded Hand
Voilà un groupe peu connu dans nos vertes contrées et même ailleurs mais qui mériterait bien plus d'attention que d'autres à peu près issus de la même scène mais beaucoup moins intéressants. Espérons qu'après cette chronique, Terminally Your Aborted Ghost sortira de cet injuste anonymat puisqu'après tout, Thrashocore est lu chaque jour par des centaines de milliers de personnes à travers le monde (c'est Google Analytics qui le dit!).
Formé en 2001 à Boston dans le Massachusetts (écrit sans regarder le dico!), Terminally Your Aborted est un groupe atypique. Après une démo en 2002 et un EP en 2004, voilà que débarque son premier ovni de longue durée, Slowly Peeling The Flesh From The Inside Of A Folded Hand (à vos souhaits!), en avril 2005 sur Macabre Mementos Records, label nippon de qualité. S'il n'y a rien d'atypique dans ce parcours tout à fait habituel, c'est autre chose côté musical! Les explications au paragraphe suivant, là, juste en dessous...
Les lecteurs attentifs l'auront déjà remarqué, la description du genre pratiqué n'est pas commune. Pour tout vous dire, je me suis bien fait chier à trouver quelque chose d'un peu percutant! Et pour cause, Terminally Your Aborted Ghost c'est un peu un groupe fourre-tout, comme le vagin de Carla Bruni. Pour vous donner une idée, on pourrait rapprocher dans l'esprit (notez bien, dans l'esprit, et encore!) la formation de Nouvelle-Angleterre de groupes comme War From A Harlots Mouth et See You Next Tuesday, sauf que c'est moins gay (pas de voix criardes), moins trend, plus brutal death et bien plus intéressant. Et que le groupe a une longueur d'avance. Ou si vous voulez une comparaison "dans l'esprit" plus gratifiante, prenez leur compagnon de label Wormed et leur génial Planisphaerium (la quéquette est plus dure d'un coup hein?)
Chaotique. Voilà un adjectif qui sied à merveille à la bande de Devon Wedge. D'un côté des slams écrasants et pleins de groove, de l'autre des parties rapides avec parfois des déferlements de notes à la vitesse du son certes sans queue ni tête la plupart du temps mais qui collent à l'ambiance générale où tout semble partir en couille (cf. la pochette bordélique qui présente bien les choses). D'un côté du blastouillage brutal death/grind sympathique (avec caisse claire sèche mais pas trop) et de l'autre des coups de semonce. Autant dire que l'auditeur est pris dans un vortex et qu'il n'en réchappera (vivant et comblé) qu'après la petite demie-heure festive. Mais Terminally Your Aborted Ghost ne s'arrête pas là et s'adonne à certaines expérimentations fort agréables, pleines de dissonances, d'harmoniques sifflantes et de je ne sais quelle loufoquerie guitaristique. On note également parfois un petit feeling jazzy sympathique avec une basse absolument géniale et bien mise en avant. Comme quoi les Bostoniens ne font pas que bourriner, puisqu'on a aussi le droit à quelques passages mélodiques ("An Analogy Like A Snuff Film") ou planants comme sur les interludes instrumentales "Fractionally Digested Vowel Structure" et "Body Crowded Corridors" (terribles les titres, non?).
N'escomptez donc aucune linéarité, Terminally Your Aborted Ghost aimant varier les plaisirs et brouiller les pistes. Le chant n'échappe pas à la règle d'ailleurs. On retrouve de l'ultra guttural classique mais aussi des "bree bree" pas casse-couilles du tout pour une fois et quelques autres intonations mais moins présentes, comme une voix hardcore bien vénère sur "Pseudo Suspended Animation" et "A Ubiquitous Aftermath Of Sorts" (j'ai dit que j'adorais leurs titres de morceaux?). Même une voix suraigue trafiquée (et pas terrible du tout, il faut bien l'avouer), sur "Transplant Fixture" ou des murmures frissonnants pour "Slowly Peeling The Flesh From The Inside Of A Folded Hand" ou "Undying Corpses Of Joy" (j'ai pas oublié de parler des titres de morceaux délirants au fait?).
Terminally Your Aborted Ghost fait déjà preuve sur ce premier opus d'une originalité et d'une personnalité très intéressantes. On pourrait à la rigueur critiquer la production, un peu trop cafouilleuse et manquant de puissance, mais elle ne gène aucunement l'écoute. Au contraire même, elle va avec l'esprit ambiant. Et peut-être que même si les Américains varient bien leur jeu, certaines parties sont moins prenantes que d'autres et que certaines avalanches de notes s'avèrent sans réel intérêt si ce n'est de faire du n'importe quoi. Un peu juste la durée également, moins d'une demie-heure. On serait aussi tenté de les descendre à cause de leurs accointances avec une scène polluée sur-saturée. Mais je ne le ferai pas, Slowly Peeling The Flesh From The Inside Of A Folded Hand m'ayant fait frissoner de plaisir et baver de délectation plus d'une fois, notamment grâce à des slammoshing parts ultra jouissives, des séquences schizophréniques hypnotisantes, un groove hymne au pit, et surtout, un culot qui est la marque des grands.
| Keyser 28 Février 2008 - 2253 lectures |
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