Il y a maintenant un petit peu plus d’un mois, les Français de Sacrifizer mettaient fin à trois longues années d’absence avec la sortie très attendue de leur tout premier album intitulé
Le Diamant De Lucifer. Une sortie majeure pour la formation originaire de Mulhouse déjà parce qu’il s’agit toujours d’une étape très importante dans la carrière d’un groupe quel qu’il soit mais aussi et surtout parce qu’elle marque de manière officielle l’arrivée de Sacrifizer dans les rangs d’un label d’envergure. Ce n’est pas que Big Bad Wolf Records, Dying Victims Productions et Evil Steel Records soient des collaborateurs de piètre réputation mais il est évident qu’un label tel qu’Osmose Productions, avec toute son histoire, son expérience et son aura, représente tout de même une sacrée avancée pour les Français, ne serait-ce qu’en termes de rayonnement et de représentation.
Si vous avez l’oeil, vous aurez probablement déjà remarqué en zieutant l’artwork qui se trouve ici sur votre droite que le groupe a une fois de plus sollicité les talents artistiques de l’Italien Velio Josto. Si le trait et les couleurs utilisés sont en effet rapidement reconnaissables, cela n’enlève cependant absolument rien à la pertinence de cette oeuvre qui sans même une écoute en dit déjà long sur le contenu de ce premier album et plus globalement sur ce que l’on peu attendre de Sacrifizer. Entre ce Lucifer musculeux et dangereusement armé, ce prêtre en bien mauvaise posture, cette église souillée, cette croix renversée et la présence en arrière plan d’un certain Pazuzu, les Français ne sont pas là pour nous chanter la messe. Enfin pas celle du dimanche, jour du seigneur...
Pour mettre en boite ces dix nouvelles compositions, le groupe s’est rendu au Heldscalla Studio sous la houlette de monsieur Raphaël Henry (Ataraxie, Fall Of Seraphs, Misgivings, Venefixion...). Ce dernier signe une production hargneuse et pleine de caractère qui, outre une coloration 80’s fort à propos, a également le bon goût de laisser à chaque instrument la place nécessaire pour s’exprimer pleinement. Bref, du label à l’artwork en passant par la production, tous les éléments sont bel et bien réunis pour faire de
Le Diamant De Lucifer une réussite digne des bilans de fin d’année.
Alors oui, tout cela est bien joli mais qu’en est-il exactement de ce premier album ? Celui-ci est-il à la hauteur des attentes dressées après l’excellent EP
La Mort Triomphante ou s’agit-il malheureusement d’un pétard mouillé ? Sans trop de surprise, la réponse à la deuxième question (et donc indirectement à la première) est : "OUI !", en majuscule et avec un point d’exclamation s’il vous plaît. Pourtant, on ne peut pas dire que le groupe ait pris de gros risques ou qu’il soit sorti de sa zone de confort pour tenter d’amener un peu d’originalité et de fraîcheur à sa formule. Une formule qui reste effectivement en tout point identique à celle des débuts puisque les Alsaciens renouent sans surprise avec ce Speed / Thrash hystérique et blasphématoire grâce auquel ils se sont fait une certaine renommée.
Pied au plancher, le groupe embraye sans attendre avec un "Ascent To The Black Throne" qui a le mérite d’être extrêmement explicite. Batterie ultra nerveuse et dynamique, riffs éclairs qui filent à toute berzingue, mélodies furieuses et épiques, solos hystériques débordants de feeling, chant arraché aux quelques envolées tout aussi frénétiques. Bref, c’est sans aucune forme de retenue que Sacrifizer amorce ces retrouvailles tonitruantes. Un rythme soutenu qu’il va naturellement tenir tout au long de ces quarante minutes explosives avec des titres tout aussi efficaces et redoutables tels que "Ripped Under The Grave", "A Funeral Majesty", "Lether Agents", "Possessor" ou "Steel Assasins". Héritée de la scène allemande des années 80 (Kreator, Destruction, Sodom et compagnie), la musique de Sacrifizer continue également de faire écho à celle de leurs camarades Bretons d’Hexecutor (plutôt à l’époque de leur premier album
Poison, Lust And Damnation) avec qui le groupe partage en effet bien des points communs. De cette frénésie quasi-permanente à ces riffs ultra rapides et ces quelques notes stridentes dispersées ici et là en passant par ces montées dans les aiguës excessives et parfois même un peu bancales, ces paroles débitées à toute vitesse ou bien encore cette maîtrise technique insolente, impossible de ne pas tracer ce parallèle évident. Un mimétisme (encore plus frappant lorsque Sexumer choisi de s’exprimer en français) qui toutefois n’entache en rien les qualités de ce premier album mené le couteau entre les dents et le coeur haletant.
Si la cadence est donc globalement assez élevée tout au long de ce premier album,
Le Diamant De Lucifer n’en est pas moins entrecoupé par deux interludes instrumentaux aux sonorités Synthwave évoquant un certain cinéma d’horreur typique des années 70 et 80 ("The Portal" et "L'Entité"). Tous les deux très bien ficelés, ces derniers vont permettre de calmer le jeu tout en nourrissant au passage des atmosphères plus diffuses et sournoises que celles proposées sur d’autres morceaux aux titres sans équivoques ("Ascent To The Black Throne", "Ripped Under The Grave", "Steel Assassins"...). De la même manière, on trouve également quelques séquences moins tendues où vont se révéler bien davantage les influences Heavy Metal de la formation ("Le Diamant De Lucifer" et "La Cathédrale", deux titres chantés en français (les seuls de l’album) sur lesquels Sacrifizer prend davantage le temps de se poser (sans pour autant plomber son allant) avec pour le dernier un parti-pris théâtrale (ce chant grandiloquent signé Nathaniel Colas du groupe de Doom Dionysiaque) qui confère à cette conclusion une originalité certaine). Bref, le groupe à de la ressource et des idées et n’hésite pas nous le faire savoir.
À l’heure de conclure, c’est l’évidence qui s’impose tout naturellement. En effet,
Le Diamant De Lucifer est ce que l’on peut appeler une franche réussite. De celle que l’on n’espérait pas ou en tout cas certainement pas de manière aussi évidente. Certes, le groupe de Mulhouse n’a strictement rien inventé avec son Speed / Thrash hystérique et mélodique mais tout ici est parfaitement assimilé et recraché. Une aisance, une pertinence et une efficacité qui font bien vite oublier que le groupe n’est pas seul à jouer sur ce terrain et qu’il partage bien des points communs avec un autre groupe français lui aussi particulièrement talentueux et convaincant. Ainsi dans le genre pierre précieuse,
Le Diamant De Lucifer se pose là mais la bonne nouvelle c’est que peu importe vos finances, vous pourrez aisément vous l’offrir.
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12/07/2022 17:22
12/07/2022 14:56