Division Speed - Division Speed
Chronique
Division Speed Division Speed
Je boucle ce mois-ci ma première année en tant que chroniqueur sur Thrashocore, et je réalise que je n’ai pas beaucoup parlé de thrash. De black/thrash, ça oui, mais de thrash pur et dur … Et pourtant, j’aime ça, moi, le thrash ! Surtout le vieux, bien crasseux, rapide et sanguinaire, bardé de clous et de balles, qui sent la poudre, l’hémoglobine et le blasphème. En un mot, j’aime le thrash qui enfanta la première vague black metal. Notez que je n’ai rien contre un petit tour sur le versant plus groovy et crossover de la chose (bonjour Power Trip), mais globalement, je préfère que mon thrash me parle de malédiction et de Satan que de loubardise urbaine.
Division Speed, c’est tout le thrash que j’aime, avec un supplément WWII dans les thématiques magnifiquement représentée en couverture par monsieur Girardi qui pour une fois n’a pas peint de processions funeste ou de démons rugissants. L’album éponyme du groupe, paru en 2015, est un concentré de musique agressive, aiguisée et frénétique. Du speed thrash ultra énervé mais pas primaire, qui se permet même un peu de technique à l’occasion. Les allemands ont bien appris leurs leçons, et me feraient penser à une version plus extrême de Destruction période premier EP. Le groupe n’est pas aussi sombre que Sodom, pas aussi méchant qu’un Slayer, et correspond finalement bien à ce que Destruction véhiculait sur ses premières sorties. Tout y est : l’envie de cisailler l’auditeur à coup de riffs de tarés, les beuglements galvanisants, la batterie tout en fuselage qui donne une énergie énorme aux morceaux, et les réminiscences heavy/speed délicieuses. « Schwarze Scharen » dégage quelque chose qui me rappelle beaucoup Agent Steel (au même titre que l’ensemble de l’album en fait, mais avec un fumet plus sensible ici), et aussi Iron Maiden par moment, dans ses petites envolées mélodiques. L’hommage à Maiden est d’ailleurs particulièrement palpable sur un morceau comme « Rule Britania », avec son premier riff en dentelle qui aurait pu se balader quelque part sur Powerslave. Même chose pour « Truppenstrum » qui déglingue comme il faut avec des riffs speed de tueur fondu dans un petit arrière-goût de Razor ou d’Exciter.
Ce qui est beau, c’est que Division Speed ne s’arrête jamais de tabasser. Je ne compte plus le nombre de fois où un disque de thrash m’a hameçonné avec une paire de premiers morceaux bien speed pour ensuite calmer traîtreusement le jeu et verser dans l’ennui assez rapidement par la suite. Division Speed, lui, a des couilles. Des énormes couilles en acier qu’il fait copieusement juter dans ses lignes de blindés ardents pour mener une blitzkrieg sans fin. Pas un seul morceau en mid-tempo à recenser, rien que du charcutage de bout en bout qui agresse les oreilles et donne envie de casser tout son mobilier. A ce titre, il n’est pas impossible que certains soient un peu rebutés par cet aspect « tout à fond » sur l’entièreté de l’album. Quatorze morceaux (en comptant deux interludes) à Mach 3, ça peut sembler difficile à avaler si l’on est pas un assoiffé de vitesse. A ceux qui grincent des dents, je conseillerai d’abord d’entrer en contact avec les mecs de Mgla, et ensuite de faire un effort. Cet album en vaut vraiment la peine, et laisse un peu respirer de temps en temps à travers les ouvertures plus mélodiques intelligemment éparpillées dont je parlais plus haut. Et soyez assurés au passage que les gars ne blindent pas leurs compos de riffs bateaux pour faire illusion. Tous les morceaux se basent sur au moins trois riffs ou quatre riffs, souvent plus, alternant rapidement entre eux et restant toujours d’excellente qualité.
J’ai beau aimer les disques de thrash qui tournent autour de la demi-heure, les trois quarts d’heure de cet album passent toutes seules. Les gars savent tellement y faire qu’on ne peut pas s’ennuyer. Rien n’est jamais linéaire, rien n’est jamais chiant. Les gars se servent de leur niveau technique impressionnant pour sortir des riffs terribles et des compos variées, la production est parfaitissime à tout point de vue, et on a droit à quelques énormes tueries pour péter un plomb pour de bon. « Blazing Heat », « Sturmbataillon », « Division Speed Attack » … Des missiles air-sol largués depuis un bombardier qui passe en hurlant à toute allure au-dessus des toits. En fait, Division Speed, ce serait la version thrash de Speedtrap. Leurs noms se répondent d’ailleurs assez bien.
Dantefever content. Une année sur Thrasho, et beaucoup d’autres à venir ! Je le fête à ma manière avec cette chronique, et par envie de mettre en valeur un album qui n’a pas assez circulé à mon goût. Je n’attends qu’une chose de la part du groupe ; plus de concerts et de nouvelle sorties. Tenez, on a Hexecutor dans un genre assez proche en France qui casse tout depuis quelques années, faudrait voir à venir nous anéantir la gueule en duo un de ces jours. Thrash ‘til Death !
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4 COMMENTAIRE(S)
citer | Je suspecte ce disque d'être inégal. Après quelques mois seuls "rule brittania et panzerkommendo" attirent mon attention. |
citer | J'aime beaucoup ce disque, assez sous-côté d'ailleurs. Et Girardi qui sort de sa zone de confort, c'est pas mal également. |
citer | J'y avais penché une oreille à sa sortie mais il m'avait laissé complètement de marbre... je n'y ai plus retouché depuis. Il faudrait que je retente, mon avis a peut-être changé entre temps. |
citer | Merci pour la chro. Vu la note, ça a l'air d'être du lourd!! Je vais jeter une oreille. |
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4 COMMENTAIRE(S)
15/12/2019 22:03
23/09/2019 08:38
22/09/2019 15:20
21/09/2019 23:17