Metal Church - Generation Nothing
Chronique
Metal Church Generation Nothing
L'annonce de la reformation de Metal Church en 2012, même avec le line-up du dernier album en date This Present Wasteland (2008), a été accueillie avec ferveur chez moi. Le groupe n'a plus le rayonnement des années 1980 et du début des années 1990 et encore moins le même visage puisque seul le guitariste Kurdt Vanderhoof s'accroche encore, mais, ayant découvert le combo sur le tard, je me réjouissais de la possibilité de pouvoir l'acclamer sur scène. Je voyais également d'un bon œil l'arrivée d'un nouveau disque malgré la nette baisse de qualité depuis un certain temps. Bref, j'avais la foi. Et ce n'est pas l'horrible pochette (c'est quoi ce truc?! Une saucisse? Un bretzel?) qui me la fait perdre, Metal Church étant de toute façon un habitué des immondices visuelles (rappelez-vous Hanging In The Balance!). Non, ce qui me l'a fait perdre, c'est l'écoute de ce Generation Nothing insignifiant.
Bien sûr, n'étant pas un grand optimiste de nature et sachant pertinemment que les Américains ne ressortiraient plus jamais d'album aussi glorieux que les cinq premiers, je ne m'attendais pas à un carton. Mais en fait, je l'ai eu, mon carton. Un vrai putain d'album en carton. Et pas que parce qu'il s'agit d'un digipack. Generation Nothing s'avère tout simplement l'une des productions les plus faibles des Californiens.
Alors pourquoi un tel désastre? N'exagérons pas non plus. Generation Nothing n'est pas grandiose mais ce n'est pas non plus une bouse infâme, d'où un 5/10 peu reluisant mais qui aurait pu tomber plus bas. On reconnaît ainsi sans peine la patte du groupe qui, même toujours marqué par Metallica, possède une vraie personnalité. Et la patte Metal Church, ça vaut déjà quelques points. On retrouve donc ce mélange heavy/power/thrash typiquement américain qui penche plus ou moins d'un côté selon les morceaux. Metal Church démarre d'ailleurs tambour battant sur un "Bulletproof" pas renversant mais pêchu, tournant autour d'un riff simple, rapide et efficace. Une urgence qu'on retrouvera également sur "Scream". Pour le reste, le rythme se fait en général plus posé, mid-tempo, avec des titres parcourus de riffs plus ou moins thrashy, sans oublier les passages en son clair sympathiques (arpèges, acoustique) que la formation a toujours affectionnés comme sur "Noises In The Wall", "Suiciety", "Hits Keep Comin'" et "The Media Horse", ainsi que des solos fréquents et pas mauvais, même si loin du panache d'antan. Sur les 50 minutes de musique que nous offre Generation Nothing, quelques moments de bravoure se détachent nettement. Au-delà de certains riffs rappelant le temps de quelques secondes de quoi était capable Metal Church (ceux en intro de "Dead City", "Jump The Gun" et "Close To The Bone" entre autres malgré le caractère très légèrement saccadé du dernier), plusieurs morceaux arrivent à sortir la tête de l'eau. "Bulletproof", qui a le mérite d'entrer directement dans le vif du sujet, "Noises In The Wall", qui renoue un peu avec les longs titres à tiroirs du quintette de San Francisco, "Suiciety", qui, malgré un titre au jeu de mot pourri et un refrain ultra merdique, brille notamment grâce à sa lead sublime vers la quatrième minute, et "Hits Keep Comin'", qui prouve que l'on peut faire bien avec de l'ultra classique.
Mais soyons honnêtes. Ces quelques pistes agréables auraient toutes été les plus mauvaises sur n'importe lequel des cinq premiers opus de Metal Church. Je vous laisse donc imaginer la médiocrité des autres titres, notamment le title-track "Generation Nothing" d'une pauvreté affligeante juste sauvé par un solo acceptable. C'est criant comme Kurdt Vanderhoof, compositeur de l'intégralité de ce dixième full-length, manque ici d'inspiration, surtout niveau riff, malgré quelques éclairs de génie ici ou là qui empêchent le naufrage total du navire Metal Church. Il faut dire qu'il était aidé par des musiciens talentueux à la grande époque. Difficile dès lors de ne pas déplorer la perte de Craig Wells et John Marshall que Jay Reynolds puis Rick van Zandt n'ont jamais su remplacer pour épauler un Kurdt Vanderhoof bien trop seul et qui semble avoir perdu la flamme depuis un moment déjà. La production froide et sans relief ne fait qu'accentuer la faiblesse et le manque de folie des compositions.
L'autre responsable de l'échec de Generation Nothing porte le nom de Ronny Munroe. Pas du tout une surprise puisqu'en dix ans dans l'Église, je n'ai jamais pu m'y faire. Lui non plus n'a jamais été à la hauteur de ses brillants prédécesseurs. Mike Howe avait su faire oublier David Wayne, pas Ronny Munroe. Le bonhomme n'a pas les épaules assez larges pour succéder à deux des plus grands chanteurs metal. Attention, je ne dis pas que Munroe est un mauvais chanteur. Pas du tout. Il est même techniquement tout à fait au point, chante toujours juste, a une voix puissante, sait moduler quand il faut et peut même monter haut dans les aigus comme il le fait à plusieurs reprises avec réussite. Mais, non seulement il ne possède pas le charisme vocal de Wayne et Howe, il peine aussi à trouver des lignes de chant intéressantes et mémorables. Il faudra donc se contenter de quelques refrains juste corrects ("Dead City", "Scream", "Hits Keep Comin'"). À sa décharge, même Wayne et Howe n'auraient pu sublimer des morceaux aussi banals.
Generation Nothing ne va ainsi jamais au-delà du "pas mal" ou du "sympa". Même si je n'attendais pas un miracle de la part d'un groupe qui n'a rien sorti de marquant depuis 20 ans, ce nouvel album reste une vraie déception. Autrefois pionnier d'un thrash racé aux accents heavy/NWOBHM, Metal Church n'est plus bon qu'à nous sortir un power/thrash/heavy fade, rehaussé de quelques épices bien trop rares. Tout le monde n'en a d'ailleurs rien à foutre de cet album, que ce soit le public ou même les labels puisque l'opus est sorti fin octobre sur l'obscur Rat Pak Records. Allez, arrêtons de tirer sur l'ambulance. Je ne prends aucun plaisir à descendre un groupe qui a su pondre un paquet de chefs-d'œuvre mais qui n'a jamais eu la reconnaissance qu'il aurait méritée. Fallait-il ressusciter une formation déjà plus en odeur de sainteté? J'en doute désormais car ça fait plus de peine qu'autre chose de voir ce qu'est devenu l'un des anciens fleurons du metal US...
| Keyser 29 Décembre 2013 - 1680 lectures |
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