Ah, cool, déjà un nouveau Metal Church ?! Le retour à l'Église en 2015 de Mike Howe, génial chanteur charismatique de la fin des années 1980-première moitié des années 1990, était la meilleure nouvelle dans le monde du metal depuis des années. Un gros coup de fouet pour le groupe culte américain, tombé en désuétude depuis de trop longues années. La confirmation viendra l'année suivante sur
XI, album comeback des plus réussis. Mike Howe n'a quasiment rien perdu de son timbre unique, voilà Metal Church bel et bien de retour en grande forme. Une seconde jeunesse, une renaissance presque pour le combo qui végétait en deuxième division depuis plusieurs albums. Et la possibilité pour moi de les voir pour la première fois en live, chose accomplie au Hellfest 2017 avec beaucoup d'émotions, même si je n'ai adopté la formation que tardivement. Suivant l'adage comme quoi il faut battre le fer tant qu'il est chaud, Metal Church enchaîne donc son deuxième album depuis le retour de Howe, C'était fin 2018 via Nuclear Blast.
La question brûlante était de voir si tout ceci n'était qu'un feu de paille vite éteint ou au contraire un beau brasier ardent parti pour mettre des années à se consumer. Il semblerait que l'on se dirige vers la seconde solution. Je dois avouer que j'émettais quelques doutes à l'annonce de ce retour que je jugeais précoce (deux ans et demi d'intervalle, ce n'est pas non plus la précipitation finalement) et en voyant la pochette bien moche alors que le groupe avait fait un effort sur le précédent, et ce malgré le clin d'œil à l'artwork du premier album éponyme. Le titre
Damned If You Do ne m'emballait pas non plus des masses, tout comme le départ du batteur Jeff Plate. Pas que le bonhomme soit irremplaçable mais cela pouvait cacher des problèmes internes. Les mecs n'ont cela dit pas pris n'importe qui à la place puisque Stet Howland (entre autres ex-W.A.S.P. sur le magnifique
Crimson Idol avec Frankie Banali de Quiet Riot) arrive en 2017. Ces quelques doutes ont été vite dissipés, notamment grâce à une première moitié d'album de haute volée. L'enchaînement des cinq premiers morceaux s'avère en effet délectable entre "Damned If You Do" qui ouvre l'album de manière très convaincante et donne envie d'écouter la suite (à part ces "hmmm" chamaniques pas top en intro), "The Black Things" qui rappelle beaucoup le deuxième album, le single "By the Numbers" (malgré quelques séquences un peu mollassonnes), "Revolution Underway" le meilleur titre qui allie efficacité et technicité sur cet excellent passage presque progressif de deux minutes sans chant, et "Guillotine" avec son intro ambiancée typique du groupe avant de thrashiser à la old-Metallica puis de balancer un riff plutôt 70s entre Led Zeppelin et Black Sabbath. Du même bois que
XI, c'est-à-dire pas du niveau des deux premiers albums portés par le regretté David Wayne ou du trio
Blessing in Disguise,
The Human Factor et
Hanging in the Balance que Howe éclabousse de tout son talent, mais très satisfaisant. Metal Church y offre tout ce qui fait son charme. Les riffs power/thrash US très années 1980 typiques de Kurdt Vanderhoof qui remonte parfois encore plus loin dans le temps, les solos classieux, les mélodies simples et efficaces, les touches de douceur en acoustique ou en arpèges, l'ambiance plutôt sombre parfois triste, le rythme modéré même sur les passages les plus rapides (le groupe n'a jamais été d'une grande radicalité dans son power/thrash très heavy, je ne peux pas vraiment parler de tchouka-tchouka malgré le thrash dans l'étiquette !) et bien sûr le chant caractéristique de Howe qui y met tout son cœur. Le frontman montre à nouveau à quel point son retour fait du bien à la formation. Son timbre nasillard reconnaissable entre mille qui fait oublier les dix ans de platitude de Munroe, son dynamisme, sa passion qui transpire, ses rythmiques prenantes, ses mélodies inspirées sur les refrains pour la plupart très catchy ("Damned If You Do, "By the Numbers", "Revolution Underway", "Guillotine", "Into the Fold", "Out of Balance", "The War Electric"), tout ça fait de Mike Howe un chanteur à part. Pour se démarquer, un groupe a besoin d'un tel leader. À ses côtés, les musiciens ont en plus retrouvé de l'inspiration dans les riffs. Émulation, qu'on appelle ça. Et même quand on note un coup de moins bien au niveau des guitares plus anodines, Howe est souvent là pour rattraper le coup ('Into the Fold", "Monkey Finger", "The War Electric").
Cela dit, le Mikey connait aussi quelques moments de faiblesse comme sur le refrain peu emballant de "Rot Away". Ça arrive, même aux meilleurs ! Ce morceau couci-couça ouvre d'ailleurs le début de la deuxième moitié de
Damned If You Do, moins attrayante que la première. La recette reste inchangée, c'est du pur Metal Church et ce n'est pas du tout déplaisant, mais l'inspiration marque un peu le pas. La très entraînante "Out of Balance" fait toutefois exception. Les autres, "Into the Fold" assez terne en dépit de notes acoustiques et de solos pas dégueux, la poussive "Monkey Finger" trop typée hard rock mid-tempo pépère, et "The War Electric" qui envoie bien mais manque de panache pour clore un album comme il se doit, se classent en retrait.
Pas du tout une catastrophe mais cette deuxième moitié moins convaincante fait un peu redescendre l'album en qualité et me fait préférer
XI qui tenait davantage la distance malgré une durée excessive. Une tracklist plus homogène au lieu d'aligner les meilleures compos dès le début aurait sans doute permis de diluer la baisse d'inspiration et donc de moins la ressentir. Autre critique, la production se montre faiblarde, en particulier concernant les guitares. Elle sonne très eighties, ce qui colle bien à la musique, mais elle manque de caractère, de mordant. La batterie aussi, subissant une compression, a contrario contemporaine, dommageable. Du coup, le tout peut sonner daté et inoffensif. Déjà que Metal Church n'est pas le plus moderne et fougueux des groupes ! Ces quelques défauts font de
Damned If You Do une suite à
XI un peu moins concluante que son grand frère qui marquait en plus le retour inespéré de Mike Howe au micro. Sans parler de déception pour autant ! Vanderhoof et van Zandt alignent les riffs power/thrash costauds et les solos plein de feeling fleurant bon le old-school, Howland remplace parfaitement Jeff Plate et Howe impressionne son auditoire en ayant su conserver sa voix unique nous faisant replonger avec plaisir au début des années 1990. De toute façon, vu la taille du désert qu'a traversé le groupe avant
XI, voir les Américains sortir un disque certes pas aussi irrésistible mais tout de même très convenable ne peut que satisfaire. Et franchement, la première partie justifie l'achat à elle seule. Deux bons voire très bons albums de suite de la part de Metal Church, voilà qui paraissait inconcevable il y a encore quelques années !
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