Ah les salauds! Ils nous ont sacrément fait languir! Bon, on s'en doutait bien avec ces indices laissés par le groupe sur Facebook. Mais l'annonce officielle a tardé, tardé. Et puis elle est enfin arrivée. Si on le savait déjà depuis quelque mois, l'officialisation de cette nouvelle, la meilleure de 2016 rayon metal en ce qui me concerne, m'a comblé de joie. Un rêve de fan que je ne pensais pas voir un jour devenir réalité. Je veux bien sûr parler du retour du chanteur Mike Howe, revenu de nulle part après vingt ans d'absence. On va enfin pouvoir réentendre la voix de l'ancien frontman présent sur l'excellente triplette
Blessing In Disguise /
The Human Factor /
Hanging In The Balance et qui avait su grâce à son charisme vocal se montrer un digne successeur du regretté David Wayne (RIP), lui aussi classé parmi les timbres inoubliables. De quoi redonner un coup de boost à la carrière de Metal Church qui enchaîne les sorties négligeables depuis... le départ de Mike Howe et le génialissime
Hanging In The Balance que je place toujours tout en haut de la discographie des Californiens avec le premier album éponyme.
C'est que le père Vanderhoof n'a pas fait montre d'une inspiration débordante toutes ces années, pas non plus aidé par le trop platonique chanteur Ronny Munroe, loin d'être à la hauteur de ses deux illustres prédécesseurs. J'avais moi-même été sévère avec le groupe dans ma chronique de l'album précédent, l'anecdotique
Generation Nothing. Le retour de Mike Howe change la donne. L'espoir renaît pour Metal Church, tout comme mon excitation à la sortie d'un nouvel opus des Américains. Pour en finir avec la traversée du désert toutefois, encore fallait-il que Mike Howe ait conservé ses qualités vocales. Après vingt ans à faire autre chose, ce n'était pas forcément évident, même si le single "Badlands" réenregistré en 2015 laissait penser qu'il n'avait pas trop perdu. Plus difficile encore, il fallait aussi que les guitaristes Kurdt Vanderhoof et Rick van Zandt ressortent des riffs dignes de la grande époque. Bref, si le retour du vocaliste blond portant désormais les cheveux courts (mais n'a pas trop mal vieilli) était un véritable cadeau du ciel, il y avait encore beaucoup à faire pour que ce nouveau disque devienne un succès. À voir le titre
XI pour le onzième album de la formation et la pochette bof (quoique le combo a fait bien pire), on se disait que ce n'était pas gagné!
Eh bien en fait si, c'est gagné! Il y a bien longtemps que l'on n'avait pas entendu Metal Church à pareille fête! Revenant à la tradition des openers qui mettent tout le monde d'accord ("Beyond The Black", "Ton Of Bricks", "Fake Healer", "Gods Of Second Chance"...),
XI s'ouvre sur un "Reset" tonitruant, du bon vieux thrash véloce à base de tchouka-tchouka entraînant. Efficace en diable, tout comme le riff thrashy mélodique principal qui fait mouche. Et si Mike Howe nous livrera des lignes de chant plus mémorables tout au long de l'opus, le bonhomme répond d'emblée aux interrogations sur son organe. Oui, Howe a su garder sa voix quasi intacte, ce timbre un peu nasillard reconnaissable entre mille. Les mélodies de voix ne s'avèrent pas toutes géniales (pas fan de celles de "Shadow" entre autres) mais dans l'ensemble, la performance, vingt ans après son dernier enregistrement, impressionne, que ce soit sur les couplets ou les refrains. À ce niveau, gros coup de cœur pour l'enchaînement "No Tomorrow", "Signal Path" (à chanter sous la douche) et "Sky Falls In" (poignant) qui constitue le meilleur passage de l'album, ainsi que le groovy "Fan The Fïre" (hommage à Motörhead?!) excellent titre bonus de la version européenne sortie chez Nuclear Blast, comme quoi le retour de Howe en a réveillé certains (toujours Rat Pak Records pour les US). Dans son style à la fois caractéristique et typique du power/thrash US du début des années 1990, l'Américain chante juste, varie bien son registre entre dynamisme, puissance, intonations plus douces ou ton plus grave, sait trouver des mélodies vocales qui restent en tête ainsi que des rythmiques efficaces. Et surtout, il n'essaye pas de trop en faire pour en mettre plein la vue. Une prestation sobre, intelligente et fort à propos tout à fait réussie. Franchement, je n'en attendais pas autant de ce comeback inespéré, me préparant même à ne pas retrouver tout à fait le Howe que j'ai tant apprécié. Le voilà pourtant à nouveau dans mes oreilles!
Aussi convaincant que soit son retour, Howe n'aurait toutefois pas pu porter
XI à lui seul. Il en est bien sûr un des fondements principaux puisque les meilleurs morceaux se révèlent ceux offrant les meilleures lignes de chant ("No Tomorrow", "Signal Path", "Sky Falls In", "It Waits", "Fan The Fïre"...). Mais encore fallait-il que la musique suive derrière. C'est bien le cas. On dirait que ce comeback a boosté Kurdt Vanderhoof et consorts qui ont retrouvé l'inspiration qui leur manquait depuis un moment. Les riffs, bien que très classiques dans un style heavy/thrash old-school, s'avèrent énergiques, efficaces et souvent dotés de bonnes mélodies. Du pur Metal Church, qui n'a jamais été le groupe de thrash le plus agressif et rapide du monde mais possédait une classe et un feeling certains, vocalement comme musicalement, préférant composer de vraies morceaux variés et mémorisables sur des paroles chantées et réfléchies. Des qualités que l'on retrouve ici avec plaisir sur ce
XI hétéroclite qui va du thrashy sautillant/mid-tempo headbangant (la plupart du temps), au thrash plus enlevé (surtout "Reset" qui montre d'emblée que Metal Church ne prendra pas tout de suite sa retraite, un peu sur "Signal Path" en fin de solo vers 4'30 ainsi que sur "Needle And Suture", morceau bien casse-nuque mais un peu gâté par quelques enchaînements pas toujours très heureux, qui part en tchouka-tchouka à la troisième minute), en passant aussi régulièrement par des séquences plus posées à base d'arpèges et/ou d'acoustique (intro et break du milieu de "No Tomorrow", début de "Signal Path", de "Sky Falls In" (oui toujours les mêmes!) et de "Soul Eating Machine" avant d'envoyer un savoureux riff heavy/thrash mélodique, l'ouverture inquiétante de "Blow Your Mind", très bon titre sombre qui offre une belle montée en puissance, etc) ou simplement plus retenues, sans forcément du son clair (les couplets du vaporeux "Shadow"). On note même en clôture d'album un fort sympathique "Suffer Fouls" plus atypique sur son riff principal dissonant accompagné d'une rythmique dansante assez rock 'n roll. Rayon leads, les guitaristes ont aussi retrouvé le feu sacré, nous offrant bon nombre de solos brillants ("No Tomorrow à 3'34, "Signal Path" à partir de 4'07, "Shadow" à 2'48, "Soul Eating Machine" vers 3'15 très années 1980, "It Waits" à 4'09 puis 4'30 en tapping, superbe...) avec même quelques parties de ping-pong pas piquées des vers ("Killing Your Time", "Suffer Fools").
L'annonce du retour de l'ancien chanteur émérite Mike Howe a remis Metal Church sous le feu des projecteurs. Honnêtement, qui s'intéressait encore à cette vieille institution sous perfusion depuis vingt ans et qui s'est même déjà séparée plusieurs fois? Déjà que Metal Church a toujours vécu dans l'ombre de Metallica et autres Megadeth! Pas grand monde à mon avis. Et ce n'est pas l'insignifiant
Generation Nothing en 2013 après un break de trois ans qui avait changé la donne. Non, il fallait bien le retour du fils prodigue, qui avait déjà su en son temps faire oublier l'incroyable David Wayne, pour ramener les fidèles à l'église. Non seulement ce comeback fait plaisir à beaucoup de gens de bon goût en jouant sur la corde nostalgique mais il s'avère aussi très réussi. Quel bonheur de réentendre l'Américain chanter avec passion sur les riffs de Vanderhoof qui ont repris vie comme par enchantement! Avec
XI, Metal Church sort carrément son meilleur album depuis
Hanging In The Balance. Un opus certes encore en dessous des cinq premiers albums des San-Franciscains car tout n'est pas parfait comme certains moments plus génériques, moins prenants ou à cause d'une longueur un peu trop excessive (1h!) mais qui a tout pour plaire, que ce soit son dynamisme entraînant, ses riffs affûtés, ses solos inspirés, ses lignes de chant entêtantes, son groove, ses ambiances diverses et variées ou son efficacité. Certains morceaux comme "No Tomorrow", "Sky Falls In", "It Waits" et surtout "Signal Path" (ah ce refrain!) peuvent même prétendre au rang de classique. Voilà donc une belle porte d'entrée dans l'univers de Metal Church pour la nouvelle génération qui a pu passer à côté de ce groupe injustement négligé, même si le style heavy/power/thrash soft coincé dans les années 1980-1990 du quintette peut paraître un peu désuet (cette manie du fade-out en fin de morceau ou des intros en arpèges, la production certes claire mais un peu trop "petit bras"...). Pas pour moi qui préfère ces sons datés mais avec du feeling à des genres plus modernes qui en sont souvent dénués. Je n'espère plus qu'une chose désormais, les voir enfin en live, au Hellfest ou ailleurs. Et mourir tranquille.
4 COMMENTAIRE(S)
24/02/2017 14:05
Je trouve que l'ancien Metal Church que j'apprécie bien n'est pas aussi clair et épuré, et qu'il cet aspect Thrash qu'on a un peu perdu sur cet album. Pour donner un autre exemple, je pense à Sanctuary : leur "Into The Mirror Black" est clairement dans la mouvance Thrash, là où les derniers albums sont plus Power nouvelle vague inspi prog.
C'est pour ça que je disais "prod contemporaine" car on a un grain très différent des années 80 - ce qui est normal !
Mais j'aimais bien ce grain, justement
07/02/2017 10:26
07/02/2017 09:58
Après quelques écoutes, je confirme que l'impression générale est plutôt très bonne, avec des gros coups de coeur notamment pour "Reset" "No tomorrow" et "Signal Path".
Mais l'album est bien homogène et de très bonne facture.
Après, connaissant assez peu le reste de leur discographie, dur pour moi de le comparer aux autres.
Je partage également la remarque de MoM sur la prod "moderne", assez déroutante sur les premières écoutes, qui serait à ranger du côté des petits points "négatifs"... mais bon c'est vraiment histoire de pinailler.
06/02/2017 22:25
Pour moi, ça reste l'album éponyme et The Dark les deux topissimes. Cet album là n'est pas mauvais, mais ça m'attire moins : peut-être la prod contemporaine ou le fait que les mélodies ne soient un poil moins punchy et pas senties comme à l'ancienne... Ouais, j'suis chiant côté revival
Je le réécouterai à l'occaz en étant plus posé.
Quoi qu'il en soit, c'est une bonne pioche cet album : il fait du bien, ça passe tranquille comme une bonne gorgée de bière après le taff