Phthisis - Embodiment Of Decay
Chronique
Phthisis Embodiment Of Decay (Démo)
Si quelqu’un ose vous dire que le Death Metal est mort en 1991 ou peu importe l’année, vous pouvez d’ores et déjà envisager de faire un trait sur cette personne qui a vraisemblablement oublier d’ouvrir les yeux et les oreilles depuis déjà belle lurette… Non, le Death Metal n’est pas mort et si vous en doutiez encore, sachez quand même qu’il ne se passe pas une journée sans qu’un nouveau groupe débarque avec sous le coude, un titre, un EP ou une démo pour nous prouver à quel point, contrairement à ce que certains peuvent encore penser, le genre se porte particulièrement bien. C’est vrai en France, en Allemagne, au Royaume-Uni, en Suède, en Espagne, partout dans le monde et également aux Etats-Unis qui jouissent d’une scène particulièrement bouillonnante et active ces dernières années.
Originaire de Denver dans le Colorado, Phthisis est l’un de ces groupes tout récents. Formé en 2020, celui-ci a sorti l’année dernière sa toute première démo intitulée Embodiment Of Decay. Disponible dans un premier temps sur Bandcamp, le groupe a choisi d’auto-produire un premier pressage cassette avant de passer la main à Brutal Cave Productions (petit label portugais sur lequel je vous conseil de garder un oeil : Thorn, Ataudes, Celestial Sanctuary, Cemetery Dwell, Bonetar, Chestcrush…) pour un pressage CD-R de grande qualité illustré par l’Indonésien Rio Oka Wardana aka Digtrash Art (Noxis, Aliaga...).
Au programme de cette première démo, quatre titres sombres et bien baveux qui vont beaucoup piocher du côté de Tomb Mold et Demilich mais également un petit peu du côté de Spectral Voice, Evoken ou Mortiferum. C’est donc parfois le cul entre deux chaises que se situe Phthisis dont le Death Metal aux accointances Doom plutôt évidentes ("Embodiment Of Decay" et ses sept minutes plombées et plombantes sont là pour en attester) se plaît à jouer avec la notion de rythme et de cadence. Une ambivalence qui, bien dosée, permet ici d’amener pas mal de relief à l’ensemble sans pour autant briser la dynamique instaurée par les quelques morceaux ou séquences plus directes que l’on va retrouver tout au long de ces vingt-deux minutes. Car si le groupe de Denver se plaît en effet à traîner la patte sur "Embodiment Of Decay", titre qui par certains aspects, notamment les plus mélodiques avec ces notes lointaines et solitaires dispensées sur la première partie du titre ou bien par cette capacité à prendre l’auditeur à revers à coups d’accélérations diablement soutenues aussi inespérées que fugaces, rappellent effectivement pas mal Spectral Voice ou Evoken, cette première démo est loin de sombrer dans les mid-tempos soporifiques...
Passé ces bruits étranges servant d’introduction (que l’on retrouve également un peu plus tard ailleurs et qui serviront de liant avec les autres morceaux de ce EP) ainsi que ces premières notes sinistres et pesantes permettant de poser les bases de "Detestable Putrescence", Phthisis va rompre cette tension grandissante en prenant le parfait contre-pied, celui d’une attaque conduite à travers des riffs et accélérations thrashisants particulièrement bien sentis auxquels vont venir se mêler quelques passages plus appuyés menés cette fois-ci à coup de blasts aussi brefs que virils. Une attaque explosive tenue pendant environ deux minutes avant que le groupe américain ne lève finalement le pied et n’entame une séquence au groove pour le moins irrésistible (l’affiliation avec Tomb Mold semble alors évidente, notamment sur ce riffing entamé à 5:41).
Et si par la suite l’agencement diffère quelque peu, on va néanmoins retrouver sur "Septic Transmutation", "Embodiment Of Decay" et "Rotting Vermin Flesh" les mêmes éléments de langage. Ce groove insolent qui va vous remuer les tripes et vous donner envie de dodeliner de la tête, les épaules, le bassin et tout le reste, cette apparente simplicité qui cache cependant des idées bien plus complexes qu’il n’y paraît de prime abord (une oreille attentive au riffing et aux patterns de batterie permettent d’attester que Phthisis à plus à proposer qu’un simple Death Metal en apparence très rudimentaire et primitif), ces atmosphères dégoulinantes et faisandées qui puent littéralement la mort ainsi que ce growl abyssal qui va finir de nous enterrer six pieds sous terre... Bref, rien de bien nouveau sous le soleil mais un sens de la composition et de l’efficacité qui font de chaque instant un pur moment de plaisir.
Sans grande surprise, Embodiment Of Decay rejoint la longue liste des démos sorties en 2020 sur lesquelles je vous conseille de jeter une oreille attentive. Le groupe ne révolutionne rien ici mais ses prédispositions en matière de Death Metal dégoulinant et groovy aux accointances Doom suffisent amplement à nous faire passer un excellent moment. Reste à voir "si" et "comment" Phthisis transformera l’essai dans les prochains mois. En attendant d’avoir notre réponse, voilà donc de quoi vous occuper vingt minutes.
| AxGxB 13 Janvier 2021 - 860 lectures |
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