Vous connaissez David Icke? Il s'agit d'un ancien joueur de football professionnel reconverti en adepte de la théorie du complot. Selon l'Anglais, le monde serait en fait gouverné par des reptiles humanoïdes change-formes originaires de l'ancienne Babylone et issus de lignées hybrides entre humains et Annunakis, reptiles extra-terrestres venus de la douzième planète Nibiru et supposés avoir enseigné à la civilisation sumérienne son savoir extrêmement avancé pour l'époque. Pourquoi je vous raconte toutes ces conneries? Parce qu'Embryonic Devourment sample en introduction de son nouvel album
Vivid Interpretations Of The Void une citation de l'auteur illuminé. Et surtout parce que la thématique reptilienne est à la base de l'oeuvre des Californiens. Une des nombreuses originalités du combo dont j'attendais la nouvelle livraison avec une certaine impatience.
Fear Of Reality Exceeds Fantasy, le premier full-length des Américains, m'avait en effet bien titillé là où ça fait du bien.
Vivid Interpretations Of The Void se devait de confirmer le potentiel du quatuor. Et ça commence de la plus belle des manières avec un artwork superbe de Remy C. d'Headsplit Design, dans la lignée spatiale et intrigante du précédent opus. Musicalement, Embryonic Devourment continue sur sa lancée, en se montrant toutefois plus mélodique, progressif et technique. On reste dans le brutal death mais le groupe cherche plus à se poser, une chose que l'on ressent bien sur des titres comme "Cleansing The Infinite" et sa basse slappée (la petite touche de groove) ou le final du morceau de clôture "Perceiving The Multidimensional" avec encore une fois une basse bien mise avant, un des nombreux atouts du disque. Relativisons toutefois, tout ceci est bien condensé dans des morceaux de 3 minutes en moyenne. Il n'en reste pas moins que
Vivid Interpretations Of The Void s'avère moins brutal que
Fear Of Reality Exceeds Fantasy. On regrettera ainsi parfois un manque de percussion malgré la qualité des compositions, un aspect amplifié par une batterie clairement en dessous des autres instruments, surtout sur les parties rapides un peu bancales, le son plastique n'aidant pas non plus (batterie électronique?). Le seul point négatif d'une production signée Juan Urteaga autrement très correcte et d'une clarté exemplaire.
Cette évolution reste cependant légère et ne change pas du tout au tout la musique d'Embryonic Devourment. On reconnaît ainsi sans peine la patte du groupe, un des rares pour qui c'est le cas et une autre de ses particularités. Tout est dans ces guitares en ébullition, à la fois mélodiques et chaotiques, souvent stridentes, assez complexes à suivre au premier abord mais dont les riffs atypiques ont ce pouvoir hypnotique qui ne nous fait jamais lâcher. Au contraire, ceux-ci pénètrent facilement notre cerveau et on n'a plus qu'une envie, y retourner! L'aspect mélodique est omniprésent sur
Vivid Interpretations Of The Void et vaut pour beaucoup dans la réussite de l'opus et sa durée de vie, même s'il ne compte que 28 honteuses minutes au compteur. Outre les riffs, la paire Lauren Pike/Adam Weber nous pond pas mal de solos très agréables quoiqu'un peu courts. On retiendra en particulier ce break surprenant à la mélodie simple mais magnifique sur "We Are Chitauri", un des highlights de l'album et un des meilleurs titres qui nous réserve d'autres surprises. Une bonne avec un autre break calme à 2'38 composé d'arpèges sombres soutenus par une basse robuste. Une mauvaise avec un chant d'introduction aux accents hardcore pas des plus appropriés. Austin Spence reprend heureusement vite ses esprits et retourne à son timbre growlé jouissif qui colle à merveille à la thématique reptilienne (écoutez moi ce pattern original assez délirant sur "Cleansing The Infinite" à 2'50!). On imagine volontiers ces grands lézards sournois s'exprimer de telle manière.
Mission accomplie pour Embryonic Devourment qui donne une suite bourrée de qualités à
Fear Of Reality Exceeds Fantasy. Plus mélodique, plus léché et technique (le début de "Darken Thy Fluids", c'est presque du Brain Drill!) que son grand frère, mieux produit (sauf pour la batterie!) et toujours aussi personnel,
Vivid Interpretations Of The Void confirme le talent des Californiens et offre à Deepsend Records une nouvelle bonne sortie cette année. J'émettrais toutefois quelques réserves comme les parties de batterie pas folichonnes en mode pressé (j'aurais apprécié des vrais bons blasts!) et un petit manque de brutalité/d'intensité, deux défauts qui persistent depuis le premier album. Et dans l'ensemble, les morceaux me font moins vibrer que les anciens. Il faut dire aussi que l'effet de surprise ne joue plus et que le fossé entre les deux albums est bien moins grand qu'entre l'EP
Beheaded By Volition et le premier full-length. Je place donc
Vivid Interpretations Of The Void un petit cran en-dessous de son prédécesseur, sans le considérer comme une déception. Comment pourrait-on, alors qu'Embryonic Devourment reste un des groupes les plus intéressants du circuit?!
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