Vraisemblablement pressés de remettre le couvert, les Australiens de Deliquesce ne seront pas restés les deux pieds dans le même sabot puisque moins de deux ans après un premier album intitulé
Cursed With Malevolence, les voilà aujourd’hui de retour avec son successeur. Un disque baptisé
Saviour / Enslaver paru cette fois-ci chez Lacerated Enemy Records (CD), BTK Recordings (CD) et Iron Fortress Records (cassette).
Sujet à quelques mouvements de labels (exit Daze Records) mais aussi d’effectifs, ce retour aux affaires est effectivement marqué par le départ du batteur Ricki Merewether. N’ayant à ce jour pas encore été officiellement remplacé, James Cooper, Adrian Cappelletti et Armando Wall ont dû faire appel à un batteur de session et c’est un certain Lyle Cooper (Abhorrent, Humanity Is Cancer, Mithridatum, ex-The Faceless) qui a été sollicité pour l’occasion. Une position qu’il a su évidemment s’approprier sans sourciller.
Un poil moins engageante que celle de son prédécesseur, l’illustration est ici signée des mains de l’artiste polonaise Justyna Koziczak (Liminal Shroud, Vile Rites, Mizmor...). Un intérêt visuel moindre compensé par la présence de quelques invités triés sur le volet puisqu’en plus d’une certaine Tenaya Corbett Gray, on va notamment retrouver James Jordan de Disentomb au chant sur "Narcotic Entanglement" ainsi que Devin Swank et Cody Davidson de Sanguisugabogg au chant et à la guitare sur le morceau "Compound Dysphoria". Enfin côté production, pas de gros changements à signaler (en tout cas chez les quelques personnes en charge) puisque c’est une fois de plus le guitariste Adrian Cappelletti qui signe l’enregistrement et le mixage de ce nouvel album. Il n’y a finalement que le mastering qui a changé de main puisque celui-ci a été confié pour l’occasion à leur compatriote Ayden Perry.
Composé de dix nouveaux morceaux,
Saviour / Enslaver bénéficie d’une production qui, si elle conserve une certaine densité, se veut néanmoins plus moderne et massive que celle de son prédécesseur. Un choix qui ne doit évidemment rien au hasard puisqu’il s’accompagne d’une transition d’un Brutal Death Metal très marqué par les années 90 (notamment celui de Suffocation) vers un Brutal Death Metal un tantinet plus moderne et technique. Mais n’ayez crainte, malgré une production effectivement plus imposante et forcément un petit peu moins naturelle et des sonorités davantage dans l’air du temps, Deliquesce n’a rien perdu de son ADN, de son charme et de son efficacité.
Après un
Cursed With Malevolence sur lequel le groupe avait su corriger le seul véritable reproche qui avait été fait à son encontre à l’époque d’
Engineered Frailty,
Saviour / Enslaver vient confirmer cette tendance puisque celui-ci culmine à plus de quarante-et-une minutes. Des compositions plus longues (toujours entre trois et cinq minutes) mais également plus élaborées. En effet, outre cette production qui apporte une indéniable touche de modernité à l’ensemble (à commencer par cette batterie aux atours sensiblement moins naturels et dépouillés), on constate assez vite que le riffing et les structures se sont dans l’ensemble complexifiés. Exécution nerveuse, succession de riffs plus ou moins tarabiscotés lors de séquences qui ne cessent de muter et de prendre des formes différentes, approche dynamique tout aussi imprévisible partagée entre salves de blasts souvent assez brèves mais particulièrement franches, passages chaloupés à la fibre Hardcore toujours aussi prononcée, moments plus en retenue lors desquels Deliquesce laisse s’exprimer ses accents les plus techniques ou bien ceux plus mélodiques (c’est en effet souvent lors de ces instants plus pondérés que le groupe aime placer quelques solos bien sentis)... Bref, il vous faudra avoir le coeur bien accroché pour espérer apprivoiser ces dix titres aux allures de montagnes russes.
Pour autant, après quelques écoutes attentives, on finit tout de même par cerner la bête, par dompter ces constructions alambiquées et protéiformes, par pouvoir émerger la tête de cet enchevêtrement chaotique et intense de riffs qui fusent et ne tiennent pas en place... Évidemment, on pense toujours un petit peu à Suffocation à l’écoute du Brutal Death Metal de nos trois Australiens mais peut-être moins au Suffocation des années 90 et davantage à celui de ces dernières années. Dans tous les cas,
Saviour / Enslaver est un album ultra efficace dans son genre, un disque qui malgré ses touches de modernité a le bon goût de ne pas succomber aux travers qui peuvent plomber ce genre de productions où comme toujours le "trop" est l’ennemi du "bien". Bref, vous l’aurez compris, si vous êtes toujours à la recherche d’albums de Brutal Death Metal capables de tenir la dragée haute aux patrons du genre (sans pour autant parvenir à les égaler), porter votre intérêt sur la musique de Deliquesce n’est certainement pas une mauvaise idée. En effet, il y a a priori peu de chances pour que vous ne tombiez pas sous le charme de ce
Saviour / Enslaver qui décidément a tout pour plaire.
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