Si dans la vie de tous les jours je suis plutôt du genre ponctuel (voir toujours un petit peu en avance), mes chroniques ne sont quant à elles pas toujours de première fraîcheur. Alors que l’été est déjà bien entamé, je profite de la saison estivale (période généralement propice à délaisser ses écrans au profit d’activités extérieures bien meilleures pour la santé) afin de procéder à quelques rattrapages en vue de suivre l’actualité et ainsi accuser le moins de retard possible...
Dans le cas des Australiens de Deliquesce, nous en étions restés à la chronique d’
Engineered Frailty, un premier EP prometteur paru en avril 2020 et sur lequel je n’avais pas manqué de me montrer enthousiaste en dépit de morceaux un petit peu courts. Depuis, le groupe originaire de Melbourne n’est évidemment pas resté les bras croisés à ne rien faire puisqu’il a effectivement sorti deux albums à commencer par
Cursed With Malevolence paru en novembre 2023 sur le label américain Daze Records (Mongrel, Fatal Realm, Final Resting Place, Pain Of Truth, Momentum...). Un disque visuellement appétissant grâce à cette très chouette illustration signée d’un artiste Thaïlandais dénommé Pattarapon Pudmark.
Enregistré et mixé une fois de plus par le guitariste Adrian Cappelletti (également guitariste chez Incinerated, bassiste chez Disentomb et homme à tout faire (à l’exception de la batterie) au sein de Lurid Panacea), le mastering de ce premier album a été confié à nul autre qu’Alan Douches, célèbre rat de studio au curriculum-vitae particulièrement impressionnant (en plus d’une tripotée de groupes de Hardcore de première classe, notre américain a également collaboré avec quelques grosses pointures telles que Cannibal Corpse, Deicide, Hate Eternal, Nile, Six Feet Under, Mastodon, The Black Dahlia Murder et Municipal Waste pour n’en citer qu’une poignée...). À cette occasion, nos deux hommes offrent à Deliquesce et à ce premier album une production relativement dense (notamment dans le rendu des guitares) et plutôt naturelle (merci pour cette batterie qui n’a rien d’artificielle) habilement pimentée par une basse particulièrement expressive et au rendu délicieusement métallique.
"Par contre, ce qui me chagrine davantage ici avec la formule de Deliquesce c’est que je suis convaincu que chaque titre resterait au moins aussi efficace et pertinent s’il était un poil plus élaboré (je ne parle pas de faire des morceaux à rallonge de plus de douze minutes, mais trois/quatre minutes par titre eut été très bien)."
Voilà mot pour mot le seul grief adressé à l’époque à
Engineered Frailty. Si je me doute que nos Australiens n’ont pas lu ma modeste chronique, je me félicite néanmoins que ces derniers aient corrigé le tir afin de nous offrir des compositions aujourd’hui plus abouties. Car si dans le fond rien n’a véritablement changé puisque Deliquesce continue de nous agresser au son d’un Brutal Death Metal aux résonances Hardcore évidentes, dans la forme les Australiens ont bien compris qu’allonger leurs compositions de deux à trois minutes supplémentaires n’aurait clairement pas d’impact négatif sur l’efficacité de ces dernières. Dès lors, exit ce sentiment de frustration qui pointait effectivement le bout de son nez à l’écoute d’
Engineered Frailty et de ces six minutes et quarante secondes particulièrement expéditives et place désormais à celui d’avoir dans les oreilles un groupe qui à défaut d’originalité semble avoir atteint un certain degré de maturité.
Oui, "à défaut d’originalité", car tout comme
Engineered Frailty,
Cursed With Malevolence fait largement écho au Brutal Death des Américains de Suffocation. Une affiliation qui ne fait absolument aucun doute comme l’atteste une fois de plus la construction de ces sept nouveaux morceaux partagés entre fulgurances radicales menées têtes dans le guidon à coups de blasts soutenus et autres passages thrashisants toujours aussi efficaces, riffing nerveux - presque épileptique - qui enchaîne les plans et autres bourre-pifs sans que l’on ait vraiment le temps de comprendre quoi que ce soit, changements de rythmes soudains et inattendus qui viennent naturellement renforcer cette sensation de chaos parfaitement maitrisé ressentie à l’écoute de cette petite demi-heure et passages beaucoup plus groovy et chaloupés (cette fameuse fibre Hardcore évoquée plus haut) histoire de casser encore plus de bouches. Même choses pour ces atmosphères urbaines implacables qui évoquent là encore la froideur et la dureté du trottoir new-yorkais.
Amateurs de Brutal Death Metal à la sauce new-yorkaise, les Australiens de Deliquesce devraient être largement en mesure de combler vos attentes en la matière. Car en choisissant de corriger le seul petit défaut caractérisant jusque-là sa musique, le groupe de Melbourne a fait en sorte d’être relativement irréprochable. Oui "relativement" car je ne doute pas que certains lui opposeront sûrement son manque d’originalité et ses parallèles trop marqués et trop évidents avec les grands patrons du Brutal Death. En ce qui me concerne, je trouve que ce serait vraiment cracher dans la soupe que de tirer à boulet rouge sur un groupe aussi efficace que Deliquesce qui, s’il n’a effectivement rien inventé, s’impose aujourd’hui (et cela encore plus avec la sortie récente de son deuxième album) comme l’un des dignes héritiers de Suffocation et plus globalement de cette scène new-yorkaise si respectable.
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