Aborted est de retour d’entre les morts. J’aurais pu utiliser l’image du Phénix, mais ce n’a jamais été mon chevalier du zodiaque favori, et puis les zombies s’imposent un peu d’eux-mêmes vu l’artwork de « Global Flatline ». Quiconque a suivi même de loin la discographie d’Aborted sait que le groupe s’est perdu pendant 2 albums
(« Slaughter & Apparatus » et
« Strychnine.213») dans des circonvolutions mélodiques manquant singulièrement d’efficacité ; et bien que loin d’être inécoutables ces albums n’ont pas le charme plein de délicatesse d’un « Goremaggeddon ».
C’est donc avec un line-up une nouvelle fois remis à neuf que la bande à Sven tire à boulets rouges dans nos esgourdes en ce début d’année. Un line-up qui, j’ai pu le constater lors de la récente tournée avec Decapitated, a un certain panache et une réelle maitrise scénique qui promet pour la suite, si le groupe se maintient avec l’effectif présent. On a tous encore en tête l’EP
« Coronary Reconstruction », qui montrait déjà un retour volontaire et assumé à ce qui a fait le succès d’estime du groupe, un Gore / Death bien Brutal et sans excès de fioritures… mais avec une pointe de mélodie (solis) héritée de l’époque « The Archaic Abbatoir » et une production qui t’éclate la face (jeu concours Thrashocore : compte le nombre de fois où le groupe use du méga coup d’infrabasse sur un break pendant l’album. Premier indice sur « The Origin of Disease » à 0mn59). Bref, back to the basics et tant mieux, on n’attendait au final rien d’autre d’eux.
L’essai est-il convaincant ? Pour ma part oui. Les premières écoutes m’ont laissé un peu perplexe, car on est vite débordé de toutes parts par l’enchainement ultra rapide des titres et l’extrême brutalité de l’ensemble. Un brin monolithique dans un premier temps, j’ai mis 5 ou 6 écoutes à saisir les grandes tendances de l’album, et à prendre mes premiers points de repère. On retrouve avec plaisir dans la tracklist les titres de l’EP ; « From A Tepid Whiff » et
« Coronary Reconstruction » ne font pas grise mine à côté des nouvelles compositions, qui sont majoritairement blastées à l’extrême…mais pas que. Aux côtés des fulgurantes « Fecal Forgery », « Vermicular, Obscene, Obese » et « Our Father, Who Art of Feces » se nichent en effet quelques compositions plus « originales » : de la groovy-esque « Of Scabs And Boils » (réminiscence des rythmiques Carcassiennes de « The Archaic Abbatoir) à la lourdissime « Expurgation Euphoria », l’album se colore quelque peu entre deux expéditives salves de mitrailleuse. Dans sa version standard, « Global Flatline » se clôt même sur un excellent quasi-instrumental « Endstille », qui fait la part belle aux deux guitaristes faisant glisser leurs doigts boudinés sur la partie aigue de leurs manches : Aborted est bourrin, mais pas que. Dans sa version collector digipak, l’album repart à fond les BPMs avec deux titres réenregistrés de
« Engineering the Dead » pour un surplus de brutalité limite indigeste tant la cinquantaine de minutes ayant précédé fût déjà douloureuse pour nos oreilles.
Comme je l’exprimais, « Global Flatline » est à mon sens un retour appréciable et apprécié d’Aborted à ses origines. Quand j’écoute « Grime » et sa rythmique marteau pilon (soutenu par la présence malheureusement trop discrète aux vocaux de Jason Netherton de Misery Index), « Fecal Forgery » et sa furtive plage de temps réservée exclusivement à la basse, ou « Our Father, Who Art of Feces » et sa mélodie limite entrainante de fond de refrain, je me dis qu’Aborted n’a pas dit son dernier mot même après 10 ans de matraquage auditif. OK, je ne met pas au même niveau cette cuvée 2012 et celles d’antan, car « Goremaggeddon » et
« Engineering the Dead » ont trop de classiques et de prestance pour qu’on joue au jeu de la comparaison, et « The Archaic Abbatoir » avait des compos sacrément plus travaillés encore, même si tout le monde n’aura pas accroché à ce bébé né avec le syndrome Carcass beaucoup trop prononcé. Passé ces 3 albums, « Global Flatline » se tient en tant que digne successeur de… « The Archaic Abbatoir », et ferme la boucle un peu déshonorante de l’époque 2007 – 2010. Grind ON !
4 COMMENTAIRE(S)
16/02/2012 13:51
16/02/2012 12:47
Ouch attaque frontale.
16/02/2012 12:22
11/02/2012 12:05