Bientôt quinze ans qu’
ACOD est présent sur la scène
metal française, distillant son mélange de
black, de
death et de
thrash plus ou moins mélodique au fil de cinq albums, en comptant le petit dernier en date : «
Fourth Reign over Opacities and Beyond ».
De mon côté, j’avais tenté l’expérience de l’écoute en 2015 avec «
II The Maelstrom », qui ne m’avait alors que très moyennement convaincu. Il faut dire que le
thrash death mélodique a rarement été ma tasse de cyanure et qu’en la matière, tout du moins sur le territoire national, j’ai du mal à me défaire de mes réflexes de jeunesse, c’est-à-dire me tourner vers
NO RETURN et me goinfrer avec un «
Contamination Rises », un «
Seasons of Soul », voire un
« Machinery ». Cela reste des valeurs sûres qui ne déçoivent jamais.
Seulement là,
ACOD vient de signer avec
Les Acteurs de l’Ombre et, très souvent, pour ne pas dire toujours, c’est un signe qui ne trompe pas quant à la qualité du contenu. Alors, «
Fourth Reign over Opacities and Beyond » va-t-il être l’exception à la règle ?
Définitivement non. Sans dire que ces dix nouvelles compositions ont fait de moi un fervent supporter du groupe, je suis bien obligé de reconnaître que les progrès réalisés sont monstrueux et que la qualité finale est très difficilement critiquable. L’incontournable
Paolo Girardi se fend une nouvelle fois d’un écrin pictural splendide et, s’il avait déjà habillé «
The Divine Triumph » en 2018, cette œuvre me semble bien plus subtile, plus profonde, même si l’on retrouve ces couleurs safranées qui donnent une si belle identité graphique aux Marseillais (non, je n’ai pas de blagues à faire sur une quelconque émission, si ce n’est que c’est triste de se dire que les protagonistes vont vivre et mourir sans jamais avoir écouté de
death metal mais j’imagine qu’il y a plus important, comme se refaire le vagin.)
Les améliorations artistiques ne se situent bien heureusement pas qu’au niveau de l’emballage, ce serait bien pauvre sinon, d’autant que l’époque où l’on achetait un disque en se fiant à sa pochette est déjà loin derrière nous. En effet, il me semble qu’un véritable cap a été franchi tant dans la richesse des compositions que dans la puissance d’exécution. En effet, il y a tout d’abord un impressionnant travail d’orchestration qui a été réalisé, apportant de la grandeur et une forme d’emphase théâtrale à chacun des titres et ce de l’introduction à la conclusion. Ce n’est jamais surfait ou pompeux, le dosage est parfait, ce qui permet deux choses : la première est que l’album se vit de bout en bout, comme une histoire complète, un récit homogène plutôt que de parler de concept. La seconde est que le placement de ces orchestrations permet aux musiciens de rester concentrés sur ce qu’ils savent faire de mieux : envoyer des riffs et des rythmiques mi-
thrash mi-
death à l’efficacité maximale. Enfin, par-dessus cette offrande métallique, se greffe le chant rageur de
Malzareth, moins monolithique dans ses intonations que par le passé et en définitive idéal pour la musique proposée ici.
Il n’y a donc guère de défauts à relever, si tant est que cela fut une obligation de le faire. Néanmoins, si je devais chipoter un peu, je dirais juste que je suis parfois perturbé par le fait que la totalité des paroles soient en anglais alors les samples oraux et les narrations se font en français. J’ai dû mal à voir ce qu’apporte cette alternance, même si elle fait systématiquement son petit effet comme sur l’introduction de « Artes Obscurae » où la phrase « Seuls les morts m’entendent » est répétée en litanie ou encore sur le morceau éponyme où on se dit que, quand même (copyright Manuel Valls), notre langue claque bien lorsqu’elle est correctement utilisée. Donc même si je ne suis guère friand des mélanges linguistiques, l’honnêteté intellectuelle me pousse à dire que mon oreille a été systématiquement accrochée par ces passages, placés avec intelligence et, in fine, contribuant à la personnalité du disque.
S’il est encore utile de le préciser, oui la production est phénoménale. Elle rivalise avec celle des pointures du genre, sachant que, de mémoire,
ACOD n’a jamais aussi bien sonné et c’est clair que cela joue énormément sur le ressenti global à l’écoute de l’heure que dure «
Fourth Reign over Opacities and Beyond ». Me concernant, c’est clairement le parcours sans faute, je redécouvre la formation, peut-être même que je la découvre enfin, tout est somptueux, travaillé, affiné pour ne conserver que le meilleur d’une haute inspiration qui, sans aller jusqu’à dire qu’elle est divine, pourrait facilement être qualifiée de sang-mêlé. Le nouveau demi-dieu du
thrash death metal vient de se faire connaître, il est français, son nom est
ACOD.
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