On le sait depuis un moment, la Picardie et Le Nord sont le deuxième vivier de groupes metal après la région parisienne. De groupes de qualité j'entends, bien sûr. Nouvelle preuve en date, les Amiénois de Spiritual DiSsection. Formée en 2002, j'avoue avoir un peu oublié la formation picarde, celle-ci ayant sorti son unique album, le très bon
The Dark Side Of Mankind, il y a déjà cinq ans. Une longue période mais qui a permis au trio de devenir quatuor avec l'arrivée de Tibo à la batterie. Musicalement, pas de changement majeur, Spiritual Dissection continue de laminer sauvagement à grands coups de blast-beats, de riffs torturés et de rythmiques chaotiques.
Mors Ultima Ratio, puisque c'est le nom de ce deuxième effort, a pour thématique la deuxième guerre mondiale. Et effectivement, c'est la guerre! La guerre de tranchées, intense, éreintante, violente, pénible, chaotique. Une thématique qui se retrouve dans les paroles mais aussi dans quelques samples bien vus qui contribuent à l'ambiance de l'album, que ce soit les sentences de morts énoncés à la chaîne lors des procès de Nüremberg ("Trial At Nuremberg") ou le discours poignant de Churchill placé en outro ("Churchill's Speech").
Mais revenons aux guerres de tranchées, mises en musique de façon magistrale par les Français décidément plus doués une guitare à la main qu'avec un fusil, même si les six-cordes fusillent à tout va. Spiritual Dissection nous offre ainsi un death metal extrêmement brutal et véloce, chaotique dans ses structures et techniquement impressionnant, aéré toutefois par un sens certain de la mélodie. Ce chaos musical qui emporte tout sur son passage n'est pas sans rappeler Cryptopsy, influence principale mais bien digérée des Picards. Blast-beats en veux-tu en voilà, riffing complexe, frénésie rythmique, la musique ultra brutale et technique de Spiritual Dissection fait très très mal. Et moi j'aime ça quand ça fait mal, oh oui j'aime ça!
Cela dit, le combo a pensé à notre santé mentale et à notre pauvre estomac mis à rude épreuve en incorporant dans ses compositions de la mélodie et des passages plus directement accrocheurs, plus "posés" ("Unconditional Surrender" qui vient un peu tempérer le déluge du début, le riff presque groovy soutenu par une basse agicheuse après un bon bass drop des familles sur "Ending In A Blood-Red Sea" ou encore le jeu de double rapidement saccadé d'"Across A Frozen Hell"). Malgré une brutalité exacerbée, fil conducteur de l'opus, on retrouvera ainsi des soli excellents ("Trial At Nuremberg", "Unconditional Surrender", "Through The Ratlines", "Ending In A Blood-Red Sea", "Betrayers In Right", "Across A Frozen Hell", "Until The Next And Last Worldwide War") qui subliment les morceaux et les rendent plus facilement assimilables. Tout est dit d'ailleurs dans le deuxième morceau qui suit l'intro sombre "Fear Of Walfare" d'une vingtaine de secondes, "Trial At Nuremberg". Cinq minutes de quasi perfection qui font malheureusement un peu d'ombre aux autres titres du coup. Si le groupe avait pu tenir ce degré d'intensité et de balance parfaite entre brutalité et mélodie, la note aurait sans doute été plus elevée en s'affichant à 9 ou 9,5/10. Quel déluge de blasts, j'en suis encore tout retourné! Et ce solo splendide de plus de deux minutes, quel touché, quel feeling! L'aspect mélodique du quatuor ne se retrouve pas que dans ces soli mais aussi dans tout un tas de riffs, donnant à Spiritual Disection un côté death mélo pas désagréable. Pas étonant cela dit quand on a dans ses rangs deux membres des sympathiques Obdurated. Et grâce à ce bel équilibre, les Frenchies nous offrent neuf morceaux variés et jamais ennuyants, tant il se passe des choses sur cet album surprenant. D'ailleurs, l'excellente paire de guitaristes qui fait preuve d'une maîtrise ahurissante et le batteur furieux fans de blasts et de gros roulements de caisse claire ("Unconditional Surrender", "Through The Ratlines", "Ending In A Blood-Red Sea", "Rise Of Hatred", "Until The Next And Last Worldwide War") ne sont pas les seuls à apporter de l'eau au moulin. Le chant contribue lui aussi à cette variété bienvenue entre yaourt guttural et intonations moins graves et plus criées qu'on pourraient apparenter au modern death. Si je préfère les vrais growls, cette dualité est bien pensée et maîtrisée. A noter au passages que les vocaux sur "Trial At Nuremberg" me font fortement penser à Sven d'Aborted, toujours une belle comparaison pour moi. Il n'y a guère que les vocaux pitchés à la goregrind au début de "When Nazis Die" qui ne gagnent pas mes faveurs et dénotent quelque peu dans le paysage. En tout cas, même le côté moderne (qui me fait penser un peu à Benighted) amené par certains vocaux, riffs ou passages saccadés, ne gâche en rien la qualité générale de ce
Mors Ultima Ratio.
Si la note ne monte pas plus haut toutefois, c'est parce que comme je l'ai dit, le monumental "Trial At Nuremberg" recueille à lui seul tous les suffrages et fait passer les autres morceux pour de simples sous-fifres malgré des qualités indéniables. Et Spiritual Dissection perd en intensité au fil des titres ce qui est un peu dommage. On pourra également noter un manque de fluidité dans les compositions parfois mal géré. Mais je suis sûr que le plus gros débat aura pour sujet la production. Batterie mécanique trop triggée et surmixée, son de gratte trop clair et pas accordée assez bas pour du death, il est vrai que la production n'est pas sans défaut même si elle a son charme et colle tout de même à la musique. Des défauts que la Dissection Spirituelle pourra de toute façon corriger facilement et qui ne l'empêcheront pas de se placer parmi les fleurons de l'industrie metallique française. En espérant toutefois que les Amiénois mettent moins de temps à donner un successeur à ce
Mors Ultima Ratio à conseiller à tous les curieux de musique extrêmiste et technique. Décidément, l'année commence bien!
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