Deliquesce - Engineered Frailty
Chronique
Deliquesce Engineered Frailty (EP)
On parle souvent des Etats-Unis et de leur scène Death Metal particulièrement active, notamment ces quelques dernières années qui auront effectivement vu l’émergence de tout un tas de formations pas forcément très novatrices mais alors particulièrement bien en place. Pour autant, ce ne sont pas les seuls à turbiner dans l’ombre puisque l’Australie, entre autre, se défend également très bien en la matière (on pense à Gutless, Carcinoid, Revulsed, Contaminated, Internal Rot et quelques autres encore). Parmi ces récentes formations, on trouve un certain Deliquesce, jeune trio formé en 2019 à Melbourne dans lequel on retrouve notamment Adrian Cappelletti, bassiste de Disentomb ici à la guitare, accompagné pour l’occasion par James Cooper d’Excarnate et Ricki Merewether d’Odiusembowel.
Après quelques mois passés à bosser sa première copie, le groupe a sorti en avril 2020 un EP intitulé Engineered Frailty. Illustré par Shane Ivezic, celui-ci fût d’abord disponible sur Bandcamp uniquement avant d’être proposé quelques semaines plus tard en CD grâce à Goatgrind Records (Agathocles, Disgorge, Miasmatic Necrosis, Lurid Panacea...) puis finalement en cassette peu de temps après via Life After Death Records (Afsky, Cystic, Cryptworm, Mortuary Descent...).
Bon, je vous préviens, ce n’est pas avec ce EP que vous risquez de vous étouffer. Du haut de ses quatre titres, Engineered Frailty ne dépasse même pas les sept minutes. Six minutes et quarante secondes pour être tout à fait exact. Et le plus surprenant dans cette histoire c’est qu’il ne s’agit même pas de Grindcore ou de Goregrind. Non, Deliquesce verse plutôt du côté d’un Brutal Death à l’ancienne largement inspiré par les patrons du game, je veux bien évidemment parler de ces messieurs de Suffocation.
Alors, commençons peut-être par la seule chose qui me chiffonne ici. Si généralement une durée peu excessive à de quoi frustrer, ce n’est pour autant jamais un critère d’appréciation positive ou négative en ce qui me concerne (sauf peut-être quand c’est vraiment trop long et que l’on s’ennuie). Par contre, ce qui me chagrine davantage ici avec la formule de Deliquesce c’est que je suis convaincu que chaque titre resterait au moins aussi efficace et pertinent s’il était un poil plus élaboré (je ne parle pas de faire des morceaux à rallonge de plus de douze minutes, mais trois/quatre minutes par titre eut été très bien). Alors j’entends qu’il se dégage de l’ensemble une immédiateté absolument évidente et que l’on ne peut qu’être terrassé par cette force et cette puissance qui s’en dégagent mais j’ai à chaque fois le sentiment que les trois australiens me coupent l’herbe sous le pied. C’est notamment le cas sur "Forsaken Creation", "The Thralls Of Plutocracy" et "Devoured By Wires", situés tous les trois en dessous de la barre des deux minutes.
Pour autant, au sein d’une scène Brutal Death gangrénée par des productions plastiques aseptisées, des artworks copiés les uns sur les autres et des bass drops et autres breaks bien neuneus qui semblent avoir pris le pas sur la qualité même des riffs, on peut légitimement se réjouir d’avoir encore aujourd’hui des groupes comme Deliquesce qui s’inspirent très largement du Suffocation de Pierced From Within et Despise The Sun. Mué par ce désir d’en mettre lui aussi plein partout tout en restant d’une efficacité à toute épreuve, Deliquesce enchaîne les plans brutaux et tarabiscotés avec une aisance qui frise l’insolence. Le groupe connait effectivement son sujet et cela s’entend dès les premières mesures de l’excellent "Eviscerated Through Flames" dont on retiendra également le sample d’Event Horizon servi ici en guise de préambule ("You know nothing. Hell is only a word. The reality is much, much worse."). Les Australiens ayant fait le choix de titres particulièrement condensés, le groupe enchaine ainsi à vitesse grand V tartines de riffs plus ou moins alambiqués, séquences de blasts et autres accélérations particulièrement jouissives, changements de plans épileptiques, séquences au groove typiquement new-yorkais (un groove d’ailleurs renforcé tout au long de ce EP par une basse métallique absolument délicieuse), le tout saupoudré d'un chant Death Metal aux inclinaisons Hardcore tout à fait évidentes.
Bref, la formule est connue et ne surprendra personne mais à l’heure où la scène Brutal Death est composé à 90% d’ersatz peu inspirés et franchement pas folichons, l’arrivée de groupes comme Deliquesce à de quoi réjouir. On aimerait tout de même que dans ce déferlement de violence et de brutalité le groupe australien prenne le temps d’élaborer davantage ses compositions mais en l’état celles-ci ne manqueront pas pour autant de faire leur petit effet, notamment parmi les amateurs de Suffocation et plus globalement de la scène new-yorkaise.
| AxGxB 3 Février 2021 - 825 lectures |
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