Disavowed - Stagnated Existence
Chronique
Disavowed Stagnated Existence
Il en aura fallu du temps à Disavowed pour accoucher de leur second album. En effet cela fait déjà six ans qu'est sorti le très prometteur « Perceptive deception » sur le label américain Unique Leader, avouez qu'on a déjà fait plus rapide. On peut néanmoins excuser nos néerlandais car les problèmes chroniques de poignet de leur ancien batteur Robbe V. ne sont certainement pas étrangers à cet état de fait. Ce dernier ayant finalement décidé de céder sa place (la mort dans l'âme on l'imagine), c'est tout d'abord Dirk Janssen des excellents teutons de Despondency qui prit les fûts durant l'intérim en attendant que Disavowed trouve un remplaçant définitif en la personne de Romain Goulon qui officiait alors notamment au sein d' Arsebreed avec Robbe K. et Daan van der Broek. On imagine que le dépaysement fut pour lui minime.
Qu'en est-il alors de ce « Stagnated existence » ? Tout d'abord, pour ceux qui ne connaitraient pas encore nos chers hollandais, sachez que Disavowed officie dans un brutal death assez technique et très influencé par la scène US avec évidemment comme toujours en référence les indétrônables Suffocation, mais aussi Deeds Of Flesh, Pyrexia ou encore quelques influences plus groovy un peu à la Dying Fetus.
Parlons pour commencer de l'une des principales différences entre « Perceptive deception » et « Stagnated existence » : le son. En effet ce dernier bénéficie d'une production beaucoup plus claire que son prédécesseur. Il en résulte un côté un peu moins fouillis, plus propre, qui plaira à certains et en rebutera d'autres. Ce son au rendu très mécanique colle parfaitement je trouve avec la pochette signée Par Olofsson. Certes on pourra trouver cela trop lisse, manquant de relief, mais cette prod permet par ailleurs de bien distinguer tous les instruments (notamment la basse), ce qui est réellement intéressant lorsqu'on s'attelle à décrypter un album de cette trempe. Car « Stagnated existence » est un album dense. Et les premières écoutes se révèlent assez ardues tant le travail de composition est impressionnant : que ce soit au niveau des guitares qui assènent des riffs d'une vélocité incroyable alternant avec des riffs assommoirs plus lourds (l'énorme « Treason », « Collateral casualty » etc…) ; le travail excellent de Romain Goulon, véritable machine à blasts sur cet album offrant une prestation magistrale pleine de brutalité et de feeling; la basse omniprésente qui ne se contente pas de faire que de la figuration. Tous ces éléments s'imbriquent les uns dans les autres dans une partition où rien n'est laissé au hasard, où tout est millimétré. Disavowed dégage ici une impression de maîtrise irréprochable, difficile de trouver quoi que ce soit à redire de ce côté là.
Dès lors cet opus se révèle assez difficile d'accès au premier abord, eu égard à cette densité musicale. Inutile d'essayer d'apprivoiser la bête d'une oreille distraite en crachant dans son yop… un nombre d'écoutes non négligeable sera nécessaire pour en cueillir toutes les subtilités.
Autre changement notable, le sieur Robbe K. a sensiblement diversifié son registre vocal. Ici on retrouvera son growl étouffé habituel, mais également certains passages aux relents mulleniens ou d'autres dans un registre guttural plus classique. Il en résulte une plus grande variété des vocaux qui est plutôt appréciable je trouve, sa voix ayant tendance à être un peu monotone à mon goût sur « Perceptive deception ».
Il également est à noter que cet album possède une partie multimedia assez intéressante puisqu'elle comprend le clip de « Biased existence », plusieurs vidéos live tirées du Brutal Assault 2006 en République Tchèque (cherchez moi je suis dans le public !), du Neurotic Deathfest, du NRW Deathfest, un making of et 2 vidéos nous permettant d'apprécier la qualité de jeu de Romain Goulon. Ces 2 clips offrent une belle démonstration de tout le talent de notre frenchie et de la richesse de son jeu vraiment impressionnant.
Avec ce deuxième album Disavowed choisit donc de poursuivre son petit bonhomme de chemin tout en évitant l'écueil de la stagnation comme pourrait pourtant le laisser croire son titre. « Stagnated existence » est un album qui demande du temps pour être apprécié à sa juste valeur, mais une fois chose faite c'est un vrai régal !
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